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grandes collections particulières : notice très brève, souvent d'une page, parfois de quelques lignes; courte description qui ne pose et ne résout qu'en passant et par accident les problèmes essentiels; très peu de références et de bibliographie, sauf en ce qui concerne les possesseurs antérieurs, le pedigree de l'objet. Par contre, tous les soins sont apportés à la luxueuse et parfaite illustration; beaucoup de figurines sont reproduites en grandeur véritable; pour les autres, une double échelle en pouces et en centimètres permet presque toujours d'en retrouver les vraies proportions (bien qu'il reste souvent pour l'œil et l'esprit une gêne invincible à refaire sans cesse l'accommodation nécessaire, et à passer par exemple de l'Apollon de la pl. XLI, qui est de taille humaine, à celui de la pl. XLII, qui est à peine de demi-grandeur, et à l'Aphrodite de la pl. XLIII, qui mesure 18 centimètres).

En réalité, c'est un choix de pièces rares, aussi bien pour leur beauté que pour leur valeur matérielle et marchande, qui nous est offert ici. Les qualités exigées pour y figurer risquent d'émouvoir plus souvent le collectionneur que l'érudit. Ce sont en effet :

--La beauté des formes (pl. XXII: charmante statuette hellenistique de Castor trouvée à Dodone; toute une série de tètes-portraits extrêmement remarquables, pl. XV: Africain de Cyrène, pl. LXVI: prêtre romain, pl. LXI et LXIII b: têtes d'Auguste et de L. Verus).

La perfection du modèle ou de l'expression (pl. XIII: splendide tête de femme ou de jeune homme; pl. XVI Marsyas, copie pleine de talent d'une œuvre myronienne; pl. XXVIII, paysan étrusque, impressionnant de réalisme).

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- La taille inusitée de l'objet (colossale jambe Piot de la pl. XII; tête de la pl. XIII).

La rareté des provenances (objets gaulois trouvés en Angleterre, pl. LI et LXVII).

-Les curiosités techniques: incrustation, émaillage, gravure, dorure (bordure de robe, à la planche II; jambières des planches V et XII; casque et masque de parade, pl. LXXII; tête aux yeux de verre, de pierres précieuses et d'albâtre, pl. LXI).

L'éclat, la couleur, la conservation de la patine (pl. X, dont la figurine est très inférieure à celle de la pl. IX, bien plus représentative des procédés curieux de l'art local; pl. XVIII et XIX: Apollon et Poseidon dodonéens).

M. Walters du reste ne cache pas l'ordre de ses préférences: il a réuni, dit-il (p. 7), « les plus beaux spécimens... choisis pour leur beauté, leur taille ou leur intérêt archéologique ». L'archéologie soit dit sans reproche et uniquement pour fixer le caractère du recueil ne vient qu'en dernier lieu. C'est pourquoi l'ouvrage ne contient que deux bronzes provenant de fouilles : deux têtes découvertes, l'une à Cyrène sur l'emplacement d'un temple d'Apollon (pl. XV), l'autre à Meroë par M. Garstang (pl. LXI). Quelques lieux d'origine sont indiqués (Paramythia près Dodone, le Siris, la | région napolitaine, les lacs étruriens); mais, le plus souvent, on se contente de l'attribution traditionnelle affirmée par un précédent collectionneur ou

par le marchand. Beaucoup d'objets sont dénommés d'après la collection célèbre d'où ils ont été acquis, grâce aux importantes ressources du Musée ou à la générosité des donateurs (pl. XLII: Apollon Townley; pl. LXVIII et LIII: Hermès et Dionysos Payne-Knight; pl. LXV et LXX: Aphrodite et Enfant Pourtalès; pl. XII: jambe Piot, etc.).

Ces pièces de collection ont souvent les défauts des objets de pareille catégorie réparations, restitutions, embellissements. Ainsi le Jupiter de la pl. XL, dont il ne restait que la tête, une épaule, le bassin et une jambe, a été refait en entier par M. Godwin; ainsi un Hermès assis, de Dodone (pl. XXVI), est placé sur un rocher dû, comme le coq et la tortue qui l'accompagnent, à « l'imagination pleine de talent » du sculpteur Flaxman (inspiré, il est vrai, par le n° 806 du même Musée); ainsi une Aphrodite à la sandale (pl. XXV) a les deux jambes restaurées au-dessous du genou, ce qui ne manque pas de hardiesse si on songe à la série des variantes possibles de cette attitude si instable (les analogies fournies par tant d'autres. exemplaires du même motif, notamment par les pl. XXVIII et XLIII du même recueil, ne sont pas, quoi qu'on puisse dire, une justification suffisante ni une garantie d'identité); — ainsi enfin, un célèbre marchand | d'antiquités, le romain Castellani, fournisseur attitré du Musée (pl. II, VII, XIII, XXXII, XXXVII, LV, LVIII, LXV), est vraisemblablement l'auteur de l'extraordinaire tentative par laquelle, au moyen de l'addition d'yeux en diamant, on a cru augmenter la valeur vénale de la statuette archaïque d'Aphrodite (pl. II: type des prêtresses de l'Acropole).

Pour tous ces motifs, les Select Bronzes sont loin de contenir, ni totalement ni uniquement, les exemplaires que des archéologues mettraient à une place éminente, s'ils avaient à classer les collections britanniques au point de vue de leur science ou de l'histoire de l'art. Certains pourtant offrent un intérêt artistique et scientifique de premier ordre.

Ce sont d'abord les bronzes gaulois trouvés sur territoire anglais (pl. XL, LI, LX, LXII, LXVII, LXXII); puis des objets étrusques, notamment ceux qui proviennent du lac de Falterona (pl. VII à XI, XXXVI à XXXVIII). Ce sont surtout quelques documents hors pair sur la période florissante de la sculpture grecque, dont M. Walters a fort bien expliqué l'importance : << Non seulement, écrit-il (p. 4-5), presque tous les originaux des sculpteurs en bronze ont péri, mais les copies en marbre qui subsistent sont d'une époque beaucoup plus tardive, et ne méritent aucune confiance en tant que fidèles reproductions des originaux. Le style des grands sculpteurs, comme Lysippe, qui ont presque exclusivement travaillé le bronze, est bien plus exactement reproduit par des statuettes en bronze d'une date presque contemporaine que par des statues de marbre, copies d'époque romaine. >>

L'exemple toutefois qu'il fournit à l'appui de cette idée juste est lui-même assez discutable. C'est le Marsyas de la pl. XVI, qui remonte à un original de Myron. M. de Myron. M. Walters lui-même reconnaît que le Marsyas en marbre du Musée de Latran est plus fidèlement copié, << seulement, dit-il, le mérite artistique est plus grand dans le bronze du Musée britannique »>.

De meilleures preuves, peut-être, seraient fournies par la Niké de la

pl. IV, œuvre archaïque étroitement apparentée avec la Niké dite d'Arkhermos, au Musée national d'Athènes; par la tête colossale de la pl. XIII, que Rayet comparait à l'Aphrodite cnidienne de Praxitèle, que d'autres aujourd'hui appellent Dionysos et attribuent à l'école de Scopas, mais qui est de toute façon un morceau capital et un des joyaux du Musée;

par la tête praxitélienne d'Hypnos (pl. XIV, bizarrement remontée sur un moulage du torse de Madrid); par le relief de la pl. XXVII, sur le sujet, l'emploi et l'auteur duquel on pourra discuter longtemps, mais qui est assurément l'un des plus beaux et des plus instructifs exemplaires de la toreutique au Ive siècle; par le cavalier de la pl. I, enfin, qui remonte au vre siècle, et constitue l'un des plus illustres spécimens dont puisse se vanter l'art corinthien.

GEORGES Seure.

AUGUSTO ROSTAGNI. Poeti alessandrini. Un vol. in-8, 398 pages. MilanRome, Fl Bocca, 1916.

On trouvera dans cet ouvrage, publié dans la collection de la Petite bibliothèque des sciences modernes, un grand nombre de vues ingénieuses sur la poésie alexandrine. L'érudition de l'auteur est ample et sûre : elle ne s'étale pas toutes les références et discussions, que l'on souhaiterait | quelquefois moins rapides, sont rejetées en fin de chapitre. Cette disposition facilite beaucoup la lecture à ceux qui ne sont pas des spécialistes: aussi bien est-ce à un public étendu que M. Rostagni s'adresse. Le texte dre répond également au souci de rendre facile et agréable pour le lecteur d'aujourd'hui l'étude d'une littérature

SAVANTS.

:

ancienne cela ne va pas, à notre sens, sans quelque excès le style est trop constamment imagé et tendu; on voudrait, par ailleurs, plus de prudence dans les rapprochements de l'antique et du moderne. (Par exemple, le ive siècle grec est comparé, p. 19, à la Renaissance italienne, p. 31, au XVIII° siècle français.)

Dans un premier chapitre intitulé: D'Euripide à Théocrite, M. Rostagni se préoccupe de montrer que la poésie. alexandrine a de lointaines origines dans le ive et même dans le ve siècle, qu'elle n'est, en somme, que le produit naturel d'une évolution des mœurs, de la pensée, des croyances. Souci légitime: mais on ne saurait suivre l'auteur quand il conclut que la substitution d'un art libre, qui est à lui-même sa propre fin, à l'art classique, qui naît et se développe en étroit rapport avec la vie politique et religieuse, constituent « proprement et véritablement un progrès >> (p. 40). C'est s'inscrire en faux contre les conclusions les plus assurées de l'histoire littéraire.

On s'attendrait que l'auteur, pour illustrer une thèse assez ambitieusement formulée, présentât un tableau complet de la poésie alexandrine. Mais il n'en est rien sans donner le motif de ces omissions, il ne parle. qu'accidentellement d'Hérodas et de ses mimes, de Méléagre et de ses épigrammes, d'Apollonios de Rhodes et de ses Argonautiques.

Le chapitre II est intitulé: Théocrite et ses idylles. Il est sûr que la chronologie des œuvres de Théocrite est trop incertaine pour qu'on puisse en faire le principe de leur classement. Il est toutefois un peu déconcertant de constater que M. Rostagni, qui a une opinion ferme, sinon toujours.

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posé par Callimaque à un moment déterminé de sa vie.

L'ouvrage s'achève avec huit notes développées constituant un appendice, suivi lui-même d'un bon index alphabétique.

L.-A. CONSTANS.

indiscutable, sur la date des principaux poèmes, les étudie précisément dans l'ordre régressif: d'abord l'idylle XVI, à Hiéron, qu'il place, non pas en 274 selon l'opinion traditionnelle, mais en 265-4; puis l'hymne à Ptolémée, qu'il fait remonter à l'année 274; viennent ensuite les Syracusaines, contemporaines de l'hymne PAUL DELANNOY. L'Université de à Ptolémée, puis les Thalysies, que Louvain. Un vol. in-12 de xx-229 p., M. Rostagni date de 280 environ. illustré de 16 planches, Paris, Picard, Au moins, le principe du classement 1915. - L. NOEL. Louvain, 891adopté par M. Rostagni a-t-il assez de 1914. Un vol. in-12 de 238 p. illustré valeur pour justifier un ordre qui de 21 planches. Oxford, at the Clarenrépond si mal aux nécessités de la méthode historique? Il ne semble pas: on ne voit pas clairement pourquoi les idylles XXIV et XXV (Héraclès | vain, victimes insignes d'un des plus enfant, Héraclès tueur de lion) sont | étudiées en même temps que les Syracusaines et les Magiciennes.

Dans le chapitre III, M. Rostagni étudie le développement du mythe de Daphnis, cher aux poètes alexandrins. Il en distingue trois formes, l'une née en Eubée, les deux autres nées en Sicile, à Léontium et à Himéra. C'est de cette dernière que se serait inspiré Théocrite dans son idylle I (Thyrsis).

Le chapitre IV est intitulé: Asclé piade de Samos et son école. L'auteur s'attache à montrer que Samos fut, à l'époque alexandrine, le centre d'une école poétique selon son expression, << un nid de poètes» il faut, pour expliquer l'œuvre d'Asclepiade, la replacer dans ce milieu.

Le cinquième et dernier chapitre a pour titre La conception des hymnes de Callimaque. D'après M. Rostagni, ce ne sont pas des œuvres de circonstance qui se répartissent chronologiquement sur une longue étendue de la carrière du poète, mais un ensemble, de caractère purement littéraire, com

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don Press, 1915.

A la ville et à l'Université de Lou

grands crimes de l'histoire, ont été consacrés deux volumes que je suis heureux de signaler au lecteur. Ils sont l'hommage filial de deux membres de l'Université.

Le premier est l'œuvre de M. l'abbé Delannoy, historien des institutions ecclésiastiques en même temps que conservateur de la bibliothèque universitaire. Son livre est fait de la réunion des six conférences par laquelle fut inaugurée, en 1915 au Collège de France, la série des enseignements donnés par des professeurs des Universités belges: en tête du volume sont reproduites l'allocution prononcée par M. Maurice Croiset, administrateur du Collège de France, à l'ouverture de ces conférences et la réponse du conférencier. Dans la première de ces études, l'auteur trace une rapide esquisse de l'état politique et social du Brabant au xv siècle, et en dégage les motifs qui expliquent la fondation de l'Université en 1426; il s'attache ensuite à mettre en lumière les traits essentiels de l'organisation qui lui fut donnée. L'humanisme à Louvain, tel

dans la sixième conférence, M. Delannoy se plaît à décrire le vénérable bâtiment connu sous le nom de Halles universitaires, et s'efforce de donner une idée des trésors que contenait la Bibliothèque qui y était établie à peu près un millier de manuscrits, plus de

collections d'imprimés; notamment celles qui conçernaient les affaires ecclésiastiques de l'Ancien Régime et les polémiques relatives au Jansénisme. J'imagine qu'il devait y avoir à Louvain, sur ces matières, un fonds analogue à celui que garde l'admirable et trop peu connue Bibliothèque publique de Grenoble. Tout cela a été brûlé, non point par le fait d'un soldat indiscipliné, mais par ordre de l'autorité militaire allemande, obéissant à un système mûrement réfléchi. Nous savons d'ailleurs par l'inoubliable manifeste des 93 intellectuels que le soldat allemand est incapable de piller et de brûler si ce n'est par l'ordre de ses supérieurs.

est le sujet de la seconde conférence. Cette période de la vie de l'Alma mater est dominée par une figure de premier ordre, celle d'Érasme, et par un fait de grande importance, l'établissement à Louvain du Collège des TroisLangues, qui devait être le type de notre Collège de France, fondé quel-huit cents incunables, et de très riches ques années plus tard. L'histoire des luttes religieuses du xvIe siècle remplit la troisième conférence, où se manifeste la fidélité inviolable de l'Université aux anciennes croyances. Au déclin du siècle, sans doute le protestantisme est vaincu à Louvain, mais déjà se laisse pressentir, grâce à l'apparition des doctrines de Baïus, l'avènement du jansénisme, dont l'auteur ne fait qu'effleurer l'intéressante histoire. La quatrième conférence est intitulée « Maîtres et étudiants ». M. Delannoy présente deux types de maîtres, le médecin André Vésale et Juste Lipse, cet humaniste célèbre à qui la jeune Université rendait en 1909 un pieux hommage en lui élevant une statue; il décrit ensuite, dans quelques pages très vivantes, les mœurs et les coutumes des étudiants qui, à l'époque de la splendeur de l'Université, se comptaient par milliers et accouraient de toutes les parties de l'Europe. La lecture de la cinquième conférence nous fait assister à la lutte que le régime autrichien, autoritaire et tatillon, inaugure et poursuit, surtout sous le règne de Joseph II, contre les franchises de l'Université alors, comme au temps du duc d'Albe, Louvain défend les droits et les libertés du pays contre les despotes étrangers. L'ancienne Université devait sombrer à l'époque révolutionnaire; jusqu'au dernier moment elle conserva intacts << sa foi, son honneur, son amour de la liberté et de l'indépendance ». Enfin

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Le volume de M. le chanoine Noël ne fait pas double emploi avec celui de M. Delannoy; au contraire il le complète heureusement, parce qu'il a été conçu d'après un plan différent. M. Noël a pris soin, tout d'abord, de faire connaître le cadre où la ville et l'Université se sont développées. Dans un premier chapitre, il résume l'histoire des provinces qui, de nos jours, constituent le royaume de Belgique; il montre les traits caractéristiques du régime « de liberté bourgeoise et démocratique » qu'y a produit le moyen âge; il salue dans la personne. du duc de Bourgogne Philippe le Bon le véritable fondateur de l'Etat belge, et, suivant à travers les siècles les vicissitudes de cet Etat, il voit se former cette conscience nationale dont

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