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Et, pour faire ressortir avec éclat la divinité du SaintEsprit, le profond théologien ajoute : « Voulons-nous avoir quelque idée de cet Amour et de sa majestueuse puissance? Prenons deux créatures du même genre et de la même espèce, dont l'une le possède et dont l'autre en est privé. Si c'est parmi les anges: l'un est Lucifer, l'autre saint Michel; parmi les hommes: l'un est Pierre, l'autre Judas. La seule chose qui fait la différence entre ces deux anges et entre ces deux hommes, c'est que l'un est participant du Saint-Esprit, l'autre non. A la majesté du Verbe qui les a créés, l'un et l'autre doivent d'être raisonnables; ils ne diffèrent entre eux, comme il vient d'être dit, que par la participation ou la privation de l'amour éternel. Cet exemple fait briller le caractère propre de l'opération du Saint-Esprit : au Verbe éternel la créature raisonnable doit d'être; au Saint-Esprit, d'être bien (1).»

La grande parole des siècles s'est incarnée dans plusieurs pratiques éminemment traditionnelles : nous

eumdem in persona' quam Patrem et Filium, etc. De operib. Spir. sanct., lib. I, c. III.

(1) Qui amor quanti sit momenti, imo quantæ sit majestatis, ut aliquatenus speculari mereamur, conferamus nunc in eodem genere vel specie creaturam ejus participem, creaturæ quæ ejus particeps non est. Certe si de angelica specie duos conferas, alter diabolus, alter forte sanctus Gabriel, aut gloriosus Michael est. Si de humano genere, verbi gratia, de apostolico sumas ordine, alter beatus Petrus apostolus, alter Judas diabolus est. Attamen hoc solum interest quod hic homo, vel hic angelus, hujus amoris est particeps; ille autem homo, vel ille angelus non est ejus particeps. Uterque ex majestate Verbi per quod factus est, hoc habet ut sit rationalis; hoc solo, ut dictum est, differunt quod hic habet, et ille non habet communionem hujus amoris. Claret itaque etiam in isto proprietas operationis Spiritus sancti, quia videlicet per Verbum Patris esse sumpsit, per Spiritum vero sanctum, bene esse sumit creatura rationalis. Ibid.

voulons parler des trois immersions dans le baptême; du Kyrie répété trois fois en l'honneur de chaque personne divine; du trisagion chanté dans la liturgie; du signe de la croix, de la doxologie et du Gloria Patri. Ces deux prières surtout sont la proclamation éclatante du dogme de la Trinité, par conséquent de la divinité du SaintEsprit. Écho terrestre du trisagion éternel des séraphins, ces admirables formules terminent toutes les hymnes et tous les psaumes de l'office. Depuis les temps apostoliques, elles se répètent jour et nuit, sur tous les points du globe, par des milliers de bouches sacerdotales. Il en est de même du signe de la croix. Ce signe auguste, dont l'origine n'est pas de la terre, redit d'une voix infatigable à tous les échos du monde et à tous les instants de la journée : le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu. Plus ces usages sont populaires, plus ils constatent l'ancienneté et l'universalité de la tradition (1).

(1) En parlant du signe de la croix, Tertullien s'exprime ainsi : Harum et aliarum hujusmodi disciplinarum, si legem expostules Scripturarum, nullam invenies. Traditio tibi prætenditur auctrix, consuetudo confirmatrix et fides observatrix. De Coron. milit.,

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CHAPITRE IV

(SUITE DU PRÉCÉDENT.)

histoire. Son hérésie.

Son

Le Symbole des apôtres, de Nicée, de Constantinople, de saint Athanase.
Révolte de l'Esprit du mal contre le Saint-Esprit. Macédonius.
Concile général de Constantinople. — Il venge
Sa lettre synodale. Nouvelle attaque de
Le socinianisme. Histoire des deux Socin.
Le Concile de

-

la divinité du Saint-Esprit.
Satan contre le Saint-Esprit.
-Leur hérésie plus radicale que celle de Macédonius.
Trente.

Il nous reste à couronner toutes les preuves directes de la divinité du Saint-Esprit par l'enseignement de l'Église. Ce qu'elle va nous apprendre est la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. En effet, il lui a été dit : << Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur apprenant à garder toutes les vérités que je vous ai confiées; car voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde (1). »

Le Verbe incarné ne serait pas Dieu, si l'Église, avec laquelle il a promis d'être tous les jours, pendant tous les siècles, pouvait enseigner une seule fois une seule erreur, si petite qu'on la suppose, ou laisser périr une seule des vérités confiées à sa garde. Ainsi, les protestants qui nient la perpétuelle infaillibilité de l'Église, nient virtuellement la divinité de Notre-Sei

(1). S. Matth., xXXVIII, 19, 20.

gneur. Leur Dieu n'est pas le vrai Dieu : c'est un Dieu impuissant ou menteur. Impuissant, puisqu'il n'a pas pu empêcher l'enseignement de l'erreur; menteur, puisqu'il ne l'a pas voulu, après avoir promis de le faire.

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Or, parmi toutes les vérités dont la garde et l'enseignement ont été remis à l'Église, brille au premier rang la divinité du Saint-Esprit. Comme celle du Fils et du Père, nous la voyons écrite en caractères ineffaçables dans le Symbole des Apôtres, dans le Symbole de Nicée, dans le Symbole de Constantinople et dans le Symbole de saint Athanase.

Résumant avec une précision inimitable la doctrine des trois autres, ce dernier s'exprimeainsi : « La foi catholique est d'adorer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l'unité, ne confondant point les personnes et ne séparant point la substance. En effet, autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit. Mais, du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, la divinité est une, la gloire égale, la majesté coéternelle. Tel le Père, tel le Fils, tel le Saint-Esprit. Incréé le Père, incréé le Fils, incréé le Saint-Esprit. Immense le Père, immense le Fils, immense le Saint-Esprit. Éternel le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit. Et cependant il n'y a pas trois éternels, mais un seul éternel; de même il n'y a pas trois incréés ni trois immenses, mais un seul incréé et un seul immense. Ainsi Dieu, le Père; Dieu, le Fils; Dieu, le SaintEsprit. Et cependant il n'y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu (1).»

A la vue de l'Esprit du bien se révélant au monde

(1) In offic. Dom, ad Prim.

avec tant d'éclat et marchant à grands pas à la reprise de possession des intelligences, l'Esprit du mal comprit que son empire était menacé jusque dans ses fondements. Pour en conjurer la ruine, il suscite en Orient et en Occident d'innombrables négateurs du Saint-Esprit. Armés de sophismes, les valentiniens, les montanistes, les sabelliens, les ariens, les eunomiens, descendent successivement dans l'arêne. Avec une mauvaise foi et une opiniâtreté dont on ne trouve la raison d'être que dans l'inspiration satanique, ils attaquent hautement, de vive voix et par écrit, la divinité du SaintEsprit, triomphalement défendue par les docteurs catholiques. Mais, quand la passion argumente, la raison n'est jamais sûre de vaincre. Les erreurs sur le SaintEsprit gagnent comme un cancer, jusqu'à Macédonius qui en fait une lèpre, presque aussi étendue que l'arianisme.

Quel fut cet homme, dont le nom, accolé à celui d'Arius, rappelle si tristement un des plus fameux hérésiarques de la primitive Église? Macédonius était patriarche de Constantinople. Élevé à cette dignité, en 351, par les ariens dont il partageait les erreurs, il exerça contre les novatiens et les catholiques des violences qui le rendirent odieux, même à l'empereur Constance, son protecteur. Dans un conciliabule tenu à Constantinople, en 360, et présidé par Acace et Eutrope, les ariens le déposèrent et le firent exiler de la capitale. Rétabli sur son siége par ordre de l'empereur, il se montra l'ennemi juré des catholiques et des ariens. Contre ces derniers, il soutint la divinité de Notre-Seigneur, et contre les premiers, il nia la divinité du Saint-Esprit, dont il fit une simple créature, plus parfaite que les autres. Un an après, en 361, l'hérésiarque, dépouillé une se

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