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rappeler l'enseignement des Pères, sur la signification du mot Esprit dans l'Écriture.

Qu'il suffise d'entendre saint Augustin: «On peut, dit-il, demandersi, lorsque l'Écriture dit l'Esprit de Dieu, sans rien ajouter, il faut entendre le Saint-Esprit, la troisième personne de la Trinité, consubstantiel au Père et au Fils; par exemple: Là où est l'Esprit de Dieu, là est la liberté ; et ailleurs : Dieu nous l'a révélé par son Esprit; et encore: Ce qui est caché en Dieu, personne ne le sait, si ce n'est l'Esprit de Dieu? Dans ces passages, comme dans une foule d'autres où il n'est rien ajouté, il est évidemment question du SaintEsprit. Le contextele fait assez comprendre. En effet, de quel autre parle l'Écriture lorsqu'elles dit : L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit, que nous sommes les enfants de Dieu; et : L'Esprit lui-même aide notre infirmité; et: C'est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, les distribuant à chacun comme il veut? Dans tous ces endroits, ni le mot Dieu ni le mot Saint n'est ajouté au mot Esprit, et toutefois il s'agit clairement du Saint-Esprit.

« Je ne sais si on pourrait prouver par un seul exemple authentique, que là où l'Écriture nomme l'Esprit de Dieu sans addition, elle ne veut pas parler du Saint-Esprit, mais d'un autre esprit bon, quoique créé. Tous les textes cités pour établir le contraire sont douteux et auraient besoin d'éclaircissement (1). » Nous venons de le voir, dans les conseils éternels il

(1) Nescio utrum manifesto aliquo exemplo probari possit, alicubi Spiritum Dei dictum sine additamento, ubi Spiritus ille sanctus non significetur, sed aliquis quamvis bonus, creatus tamen et conditus. Quæ proferuntur enim dubia sunt, et indigent clariore documento. De divers. quæst., lib. II, n. 5, p. 187, opp. t. VI. S. Th., 1 p., q. 74, art. 11, ad 4.

était décidé que deux personnes de l'auguste Trinité descendraient visiblement sur la terre : le Fils pour sauver le monde par ses mérites infinis, le Saint-Esprit pour le sanctifier par l'effusion de ses grâces. Mais quand un monarque, tendrement aimé de son peuple, doit visiter les différentes parties de son royaume pour semer des bienfaits, tous les esprits sont préoccupés de sa venue. La renommée le devance; des courriers le précèdent : toutes les voies s'ouvrent devant lui, et rien n'est oublié pour lui préparer une réception digne des espérances qu'il fait naître et de l'enthousiasme qu'il inspire.

Il n'est pas un chrétien qui ne le sache : voilà ce que Dieu a fait pour préparer la venue du Verbe incarné. Promis, figuré, prédit, attendu pendant quarante siècles, le Désiré des nations domine majestueusement le monde ancien. Il est l'âme de la loi et des prophètes, l'objet de tous les voeux, la fin de tous les événements, le but de l'élévation et de la chute des empires en un mot, il est l'axe divia autour duquel roule tout le gouvernement de l'univers.

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Cette préparation, étonnante de grandeur et de majesté, n'était pas due seulement à la seconde personne de la sainte Trinité, mais aussi à la troisième. Égal au Fils par la dignité de sa nature, supérieur en un sens par la sublimité de sa mission, et devant comme le Fils descendre personnellement sur la terre, le Saint-Esprit devait, comme le Messie, être précédé d'une longue suite de promesses, de figures, de prophéties, de préparations, afin d'être, non moins que le Messie, l'objet constant de l'attente universelle: Desideratus cunctis gentibus. Cette induction de la foi n'est pas trompeuse. L'histoire va nous montrer la troisième personne de la Trinité, occupant la même place que la seconde,

et dans la pensée de Dieu, et dans l'espérance du genre humain, et dans la direction de tous les événements du monde antique, pendant le long intervalle de quatre mille ans.

CHAPITRE VIII

LE SAINT-ESPRIT DANS L'ANCIEN TESTAMENT, PROMIS ET FIGURÉ

Promesses du Saint-Esprit : Joël, Aggée, Zacharie.

- Figures les sept jours de la création, le chandelier aux sept branches, l'édifice à sept colonnes de la Sagesse éternelle.

Le Messie est promis, le Saint-Esprit est promis. Après la promesse bien des fois renouvelée, en termes plus ou moins explicites, de la venue du Saint-Esprit sur la terre (1), Dieu ordonne au prophète Joël de la publier clairement, plus de six cents ans avant le jour mémorable où elle devait s'accomplir. Dans la personne des Juifs, le prophète s'adresse à tous les peuples, appelés à devenir par la foi les enfants d'Abraham. Son regard inspiré voit en même temps le Verbe qui s'incarne et le Saint-Esprit qui descend. Devant lui, sont présentes les deux adorables personnes, et avec le même enthousiasme, il parle de l'une et de l'autre.

« Fils de Sion, s'écrie-t-il, soyez dans la joie et tressaillez de bonheur dans le Seigneur votre Dieu, parce qu'il vous donnera le Docteur de justice. Et il fera descendre sur vous la rosée du matin, et la rosée du soir, comme il était au commencement. Et vos greniers seront remplis de blé, et vos collines de vin et

(1) Is., XLIV, 3; Ezech., x1, 19; xxxv, 26, etc.

d'huile. Et je vous rendrai les années qu'ont dévorées la sauterelle, les insectes et la rouille : c'est une grande puissance que je vous enverrai. Et vous mangerez dans l'abondance, et vous serez rassasiés, et vous louerez le nom du Seigneur votre Dieu qui a fait ces merveilles pour vous; et mon peuple ne sera jamais confondu. Et vous saurez que je suis au milieu d'Israël, moi, moi le Seigneur votre Dieu, à l'exclusion de tout autre (1). »

La joie, l'abondance de tous les biens spirituels, la réparation de tous les maux sous le poids desquels gémissait le genre humain depuis la chute primitive, la présence permanente du Seigneur lui-même au milieu de son peuple, la grande nation catholique : voilà bien les traits distinctifs du règne du Messie. Quand le Verbe incarné aura posé les fondements de cette félicité universelle et arrosé de son sang, au matin et au soir de sa vie, cette terre du monde, que va-t-il arriver? Écoutons le prophète : « Après cela, dit le Seigneur, je répandrai mon Esprit sur toute chair. Et vos fils et vos filles prophétiséront; et vos vieillards auront des révélations, et vos jeunes gens verront des visions. En ces jours-là, je répandrai mon Esprit même sur mes serviteurs et sur mes servantes (2). »

Tels sont, dans leurs traits généraux, les bienfaits dont le monde sera redevable au Saint-Esprit. Comme

(1) Joel, x1, 23-27.

(2) Ibid., xxvii, 30. — Le jour même de la Pentecôte, saint Pierre déclare aux Juifs que les merveilles qui éclatent à leurs yeux, sont l'accomplissement de la promesse du Seigneur, faite par le prophète Joël. Tous les Pères parlent comme le chef des apôtres. Voir entre autres S. Chrys., in princip. Act. Apost., ш, t. III, p. 927, n. 11, 12, et Corn. a Lap., in Joel, 11, 28.

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