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tous les cœurs devaient palpiter à cette annonce! Comme les justes de l'ancienne loi devaient conjurer le Seigneur de hâter ce jour, unique entre les jours! Afin de les consoler, le Seigneur veut bien leur promettre, par la bouche du prophète Aggée, la prochaine venue du Saint-Esprit. Juda revenait de Babylone: il était fort occupé de la construction du second temple; mais les cœurs étaient tristes. On ne pouvait penser sans gémir à la magnificence de l'ancien temple et à la pauvreté relative du nouveau, qui s'élevait péniblement au milieu des difficultés de tout genre.

Aggée reçoit ordre d'encourager le peuple. Comme Joël, il voit et il annonce la venue de deux personnes de l'adorable Trinité : Le Saint-Esprit, qui, conformément aux antiques promesses, viendra bientôt résider au milieu de son peuple; le Verbe fait chair, qui daignera sanctifier le nouveau temple, par sa présence personnelle. « Prophète, lui dit le Seigneur, parle à Zorobabel fils de Salathiel, chef de Juda, et à Jésus, fils de Josédech, grand prêtre, et à tout le peuple, et dis-leur Prends courage, Zorobabel; prends courage, Jésus fils de Josédech; et toi, peuple de toute classe, prends courage, et agissez parce que je suis avec vous; dit le Seigneur des armées. Je vais tenir la parole que je vous ai donnée, lorsque vous sortiez de la terre d'Égypte, et mon Esprit sera au milieu de vous; ne craignez, rien. Encore un peu de temps, et je remuerai le ciel et la terre, et la mer, et les îles, et toutes les nations; puis, viendra le Désiré de toutes les nations; et je remplirai de gloire cette maison, et la gloire sera plus grande que celle de la première (1). »

(1) Agg., 11, 2-10. Tous les Pères, saint Athanase, saint Cyrille de

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Plus explicite que la première, cette seconde promesse ne se contente pas d'annoncer la venue du Saint-Esprit, elle en désigne l'époque. Il viendra lorsque le monde sera tiré de la vraie captivité d'Égypte, par le sang de l'Agneau de Dieu; et que les apôtres seront prêts à construire le grand édifice catholique, où le Saint-Esprit doit éternellement habiter.

Vers la même époque, un autre prophète, Zacharie, est chargé d'annoncer la venue du divin Esprit, qui doit changer la face de la terre, après avoir changé les cœurs. Ici encore, le Seigneur a soin de réunir dans la même prédiction l'avénement du Messie et la descente du Saint-Esprit. La raison en est que ces deux événements se tiennent. Le premier est la preuve du second, et le second la conséquence du premier. On ne peut admettre l'un sans admettre l'autre. «En ce temps-là, dit le Seigneur, je briserai toutes les nations qui marcheront contre Jérusalem. Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l'Esprit de grâce et de prières. Et ils lèveront leurs regards vers moi qu'ils auront attaché à la croix. Et ils pleureront sur moi, comme on pleure sur un fils unique, et ils pousseront des gémissements et des sanglots, comme on en pousse à la mort d'un premier-né (1). »

Lisant dans le lointain des âges, disent les pères et les interprètes, Zacharie voit devant ses yeux le jour mémorable de la Pentecôte, où le Saint-Esprit descend sur les apôtres réunis à Jérusalem. Il le voit

Jérusalem, saint Grégoire de Nysse, Théodoret, ont vu dans ces remarquables paroles la promesse du Saint-Esprit. Voir entre autres S. Jerom., in Agg. 1, opp. t. III, p. 1694, et Cornel. a Lapid., ibid. (1) Zach., XII, 9, 10.

produisant la grâce et la sanctification; puis, les gémissements et les supplications, dans les âmes qu'il vient d'éclairer sur l'énorme attentat, commis par la nation juive sur la personne adorable du Messie. Tout cela est tellement précis, que les Actes des Apôtres, en racontant l'histoire de la Pentecôte, ne semblent être que la reproduction des paroles de Zacharie (1).

Ce n'est pas seulement par ces promesses solennelles et par beaucoup d'autres répandues dans l'Ancien Testament, que Dieu annonçait au monde la venue de l'Esprit sanctificateur.

les

Pour le Messie, nous voyons marcher de pair avec promesses d'innombrables figures, qui fixaient continuellement l'attention sur le Libérateur futur. Il en est de même pour le Saint-Esprit. A côté des promesses se montrent constamment des figures qui le révèlent dans sa nature et dans ses dons. Appuyé sur l'autorité des saints docteurs, nous allons en faire connaître quelques-unes.

L'Esprit aux sept dons qui est le principe vital, la lumière, la beauté du monde moral et de l'Église en particulier, se trouve représenté par les différents septénaires, qui reviennent si souvent dans la création du monde matériel et dans la formation du peuple figuratif. Pour n'en citer que deux exemples : le monde physique fut créé en six jours, suivis du jour de repos; il en est de même du monde moral. L'homme, qui en est le sublime abrégé, est formé par l'Esprit aux sept dons.

Dans l'ordre de la nature, la lumière paraît le premier jour. Elle figure le don de crainte, par lequel l'homme commence à connaître Dieu efficacement,

(1) Voir Corn. a Lap., in Zach., XII, 9; et S. Jerom., in Zach., opp. t. III, p. 1784, 1785.

selon cette parole du prophète : La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.

Au second jour de la création, se déploie le firmament; qui sépare les eaux inférieures des eaux supérieures. C'est l'emblème du don de science, qui nous apprend à discerner les doctrines vraies des doctrines fausses. Orné de ce don précieux, l'homme ressemble au firmament par la stabilité inébranlable de sa foi. Maintenant une séparation radicale entre la vérité et l'erreur, il les empêche de se jamais réunir dans son intelligence pour y produire le chaos. C'est ainsi que le firmament, immuablement placé entre les eaux inférieures et les eaux supérieures, les empêche de confondre leurs masses et de produire un nouveau déluge.

Le troisième jour a lieu la séparation des eaux et de la terre. La terre, montrant sa surface desséchée, se couvre de toutes sortes d'herbes et de plantes. C'est la vive image du don de piété. Séparé des eaux inférieures, c'est-à-dire des doctrines de mensonge, l'idolâtrie, la superstition, l'incrédulité, l'homme, vivifié par le don de piété, honore le vrai Dieu et produit les fleurs des bons désirs, les herbes des saintes paroles, enfin les fruits excellents des œuvres de charité envers Dieu et envers le prochain.

Le quatrième jour paraissent les deux grands luminaires, le soleil et la lune, accompagnés de myriades d'étoiles. On voit ici dans toute sa magnificence le don de conseil. Flambeau du jour, semblable au soleil, il éclaire tout le système du monde surnaturel; flambeau de la nuit, semblable à la lune, il éclaire tout le système du monde inférieur; semblable aux étoiles, qui, répandues dans toute l'étendue du firmament, en illu

minent toutes les parties, il éclaire chacune de nos facultés et dirige chacun de nos sens.

Le cinquième jour, les poissons et les oiseaux prennent naissance du même élément; les premiers vivent dans les eaux, les seconds volent dans les airs. La sagesse éternelle pouvait-elle mieux préfigurer le don de force? Grâce à son efficacité, les bonnes résolutions naissent et se fortifient dans la tribulation ; et les bonnes pensées volent vers Dieu, en brisant les résistances des démons, qui remplissent l'air dont nous sommes environnés.

Le sixième jour a lieu la création des animaux et de l'homme leur roi. Voici bien le don d'entendement. L'homme qui le possède connaît clairement sa double nature et l'apprécie; il sait que la partie supérieure de lui-même doit dominer l'inférieure; il connaît de plus les règles à suivre pour maintenir cette subordination principe de vertu et d'harmonie universelle.

Le septième jour, Dieu se repose et bénit ce jour. Telle est la figure parfaitement juste du don de sagesse, le plus noble de tous. Par lui, l'âme se repose délicieusement en Dieu. Dégoûtée de tout ce qui n'est pas lui, elle attend dans la paix le jour éternel, où elle ira le bénir de tout ce qu'il a fait pour elle et par elle. C'est ainsi que le septième jour Dieu couronne l'œuvre de la création du monde matériel; c'est ainsi que par le septième don, le Saint-Esprit achève la création d'un monde plus noble, l'homme, son image et son enfant (1).

A ceux qui seraient tentés de ne voir qu'un jeu d'imagination dans ce parallèle entre la création du monde matériel et la création du monde moral, entre

(1) Voir sur cette belle philosophie S. Anton., Summ. theol., 1, art., t. X, c. 1, § 1.

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