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et les sentimens des puissances, pour que l'on puisse concevoir de doute sur leur véritable, sur leur unique but, celui d'éloigner Buonaparte de l'exercice du pouvoir en France. Quinze années d'expérience leur ont prouvé que la paix de l'Europe et ce pouvoir exercé par lui sont incompatibles. Les puissances alliées provoquées par ses injustes agressions, ses perfidies et ses insultes, ont, en le combattant, occupé la capitale de la France. Elles ont respecté l'indépendance et l'honneur de la nation. Les mêmes sentimens les animent, et les mêmes principes les guident encore aujourd'hui. Buonaparte, à la tête de la nation françoise, menace constamment l'Europe. C'est donc pour le salut de tous qu'elles se trouvent forcées à prendre des mesures dont la raison éclairée de la France peut prévenir l'exécution.

Les puissances voulant seulement délivrer l'Europe de celui qui a fait si long-temps son malheur, elles se garderont bien de l'imiter, en se signalant elles-mêmes par les violences et les fureurs qui ont fait de lui un objet de haine et d'horreur universelles. Nous savons qu'à cet égard leurs intentions sont unanimes, et que S. M. le Roi de Prusse est loin d'approuver le langage que peut avoir dicté à quelques-uns

de ses employés la juste indignation que le retour de Buonaparte a inspirée à l'Europe

entière.

M. Gruner lui-même tirant avantage des altérations que les feuilles françoises avoient faites à sa proclamation, publia, le 7 mai, le désaveu suivant:

DÉCLARATION.

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Le Moniteur du 3 mai dernier publie, sous la date de Dusseldorf, le 13 avril 1815, la prétendue copie d'une proclamation que j'aurois rendue. Cette proclamation est fausse; c'est un des artifices ordinaires qu'emploie Buonaparte pour tromper un peuple égaré.

Toutes les feuilles allemandes ont fait connoître mes proclamations authentiques adressées les 24, 25 mars et le 26 avril dernier, aux habitans du pays de Berg. Je n'en ai point fait publier d'autre.

La manière dont est conçue la pièce fabriquée, qui n'est point adressée à mon Gouvernement, mais à toute l'Allemagne, suffit déjà pour en démontrer le ridicule et la faus

seté.

Je déclare donc publiquement que c'est un

des nombreux mensonges de Buonaparte, et j'en prends à témoin toute l'Allemagne, mais particulièrement le duché de Berg.

Au reste, si Buonaparte abuse de mon nom et y revient si souvent, je ne le dois qu'à la fidélité avec laquelle j'ai toujours consacré et je consacrerai invariablement ma vie aux Princes légitimes de l'Europe, à leur juste cause, et à la patrie allemande.

Signé le gouverneur-général,

JUSTUS GRUner.

No VIII.

Proclamation du gouverneur général du BasRhin et du Moyen-Rhin, du 24 mars 1815.

AUX BRAVES HABITANS DU BAS-RHIN ET DU

RHIN MOYEN.

La capitale de la France avoit juré de défendre avec énergie la cause du trône et du gouvernement actuel contre les attaques du perturbateur du repos public mis hors de la loi. La capitale de la France, et la France ellemême nous ont déçus. Napoléon Buonaparte a occupé Paris sans coup férir.

Ainsi l'aventurier joue encore une fois, pour

un court espace de temps peut-être, le rôle d'usurpateur, et c'est à l'Europe armée à acquérir, par sa destruction, des droits à la reconnoissance de la génération présente et des races futures, puisque la France a dédaigné de la mériter.

Les hautes Puissances alliées ont fait à ce sujet leur déclaration solennelle à Vienne le 13 de ce mois. Les vainqueurs de Moscou de Leipsic, de Vittoria et de Paris, se précipitent dans toutes les directions, pour soutenir cette déclaration, les armes à la main. L'anathème est prononcé sur le parjure qui, foulant aux pieds toute justice et toute confiance humaine, a de nouveau lancé au milieu de nous les torches de la guerre ; la population entière de l'Europe s'armeroit, s'il le falloit, pour se précipiter sur la France et étouffer ce monstre dans le sang et les larmes des siens; mais il ne sera pas nécessaire d'avoir recours à ces mesures extrêmes, et le ciel a peut-être réservé aux braves Prussiens, Anglois, Hanovriens et Belges, qui, réunis entre le Rhin et la France, forment le boulevard des peuples, la gloire d'être les instrumens de cette juste vengeance!

Vous pouvez contribuer à cette belle œuvre

et vous vous empresserez de le faire, braves habitans du Bas et Moyen-Rhin ! Le moment est venu où les âmes nobles et bien nées doivent serrer les rangs pour opposer un mur d'airain à la scélératesse et à la perfidie. Que la jeunesse vigoureuse vienne en foule consacrer son bras et son courage à la plus sainte des causes et à la défense de la patrie. Car l'Allemagne est votre patrie, et la sera toujours et à tout prix.

Que les hommes parvenus à l'âge mûr, que les pères de famille de tous les états s'arment sous les drapeaux de la milice bourgeoise, non pour aller combattre au dehors, mais pour défendre leurs propres foyers contre les ennemis et les traîtres. La patrie vous confie les armes, braves habitans de tout âge des bords du Rhin de la Moselle, de la Roër et de la Meuse. Moi-même j'ai donné ma foi que vous sauriez les porter avec une fidélité et une bravoure vraiment allemande.

C'est ainsi que vous pourrez avoir une part signalée au triomphe de la bonne cause et vous préserver de la malédiction de vos enfans et de vos petits-enfans, qui pèseroit sur vos têtes, si par votre indolence ou votre indifférence vous étiez cause que toutes les forces

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