Images de page
PDF
ePub

dans ma chambre un officier de gendarmerie, qui ne me perdoit pas de vue, jusqu'à ce que je donnasse ma parole d'honneur que je ne voulois pas m'échapper. Le général Grouchy, qui étoit arrivé dans l'intervalle au Pont-Saint-Esprit, m'avoit fait retenir. Il étoit lui-même surveillé par le général Corbineau, aide-de-camp de Buonaparte.

Le dernier jour de ma détention, le général Grouchy se mit en marche sur Marseille. Le 15, on me rendit ma liberté. Le 16, j'arrivai à Cette, je m'embarquai le même jour à huit heures du soir, et j'arrivai ici après une traversée de trentecinq heures. Dieu m'a conservé pour le service du Roi. J'ai fait tout ce que je pouvois. C'est avec une vive affliction que j'ai quitté la France. En général les dispositions des habitans sont bonnes, mais la plus grande partie de l'armée et la gendarmerie sont mauvaises. Ceux qui m'ont gardé étoient des hommes détestables. Vingt-cinq chasseurs me sont restés fidèles jusqu'au dernier instant. Ils vouloient me suivre partout. Plus de quarante officiers m'ont offert la même chose. Dix-sept personnes se sont embarquées avec moi. Lorsque je quittai Cette, on disoit que Buonaparte demandoit une levée en masse de deux millions d'hommes et trois

cents millions de francs. On croit en général en France que les jacobins ont maintenant le dessus. Toulon et Marseille ont dû se rendre le 11 et le 12.

CONVENTION.

S. A. R. le duc d'Angoulême, général en chef de l'armée du midi, et le général de division baron de Gilly, commandant en chef du premier corps de l'armée impériale, désirant mettre fin à l'effusion du sang des François armés les uns contre les autres, ont nommé des plénipotentiaires pour conclure une convention et rétablir la tranquillité dans le midi; savoir: S. A. R. le baron de Damas, généralmajor et chef d'état-major, et le général Gilly, son aide-de-camp Lefébre, chevalier de la légion d'honneur; lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs, sont convenus des points suivans:

Art. 1. L'armée royale est dissoute. Les gardes nationales qui en faisoient partie, retour. neront dans leurs foyers après avoir mis bas les armes. Les officiers garderont leurs épées, les troupes de ligne se rendront dans les garnisons qui leur seront assignées.

2. Les généraux et les officiers, les chefs et

les agens des différentes branches de service se rendront dans leur patrie pour y attendre les ordres de l'Empereur.

3. Les officiers de tout grade auront la liberté de donner leur démission.

4. La caisse de l'armée et les livres du payeur général seront remis aux personnes que le général commandant nommera pour les recevoir.

5. Les art. ci-dessus seront encore applicables, soit au corps qui étoit sous le commandement immédiat du duc d'Angoulême, soit à ceux qui étoient indirectement sous ses ordres dans le midi.

6. Le duc d'Angoulême se rendra au port de Cette, où il s'embarquera pour le lieu qu'il choisira. Il aura une escorte sûre pour le voyage.

7. Tous les officiers et les autres personnes qui voudront le suivre, auront la liberté de s'embarquer avec lui.

8. La présente convention restera secrète jusqu'à ce que S. A. R. ait quitté la France.

Fait, avec l'agrément du géneral-commandant en chef, au quartier-général du Pont-SaintEsprit, le 8 avril 1815.

LEFÉBRE. Le baron DE DAMAS.

No XXIV.

Publications officielles sur les évènemens qui se passèrent en Italie jusqu'au 21 avril 1815.

LE 6, à huit heures du matin, les avant-postes détachés de la garnison de la citadelle de Ferrare furent attaqués par des forces supérieures du côté de Mizzane, et repoussés sur le glacis. L'ennemi fit tout son possible pour gagner la porte de la ville en même temps que nos troupes; mais la fermeté de celles-ci et le feu bien dirigé de la citadelle firent échouer ce projet, et notre artillerie lui fit essuyer une perte considérable.

Alors toute la garnison se renferma dans la citadelle, que l'ennemi cerna après avoir occupé la ville, dont on n'avoit pu encore mettre l'enceinte en état de défense.

Le 7, au matin, l'ennemi fit de suite trois sommations, auxquelles on ne daigna pas répondre. Le même jour, il fit avancer de Bologne à Ferrare des colonnes, considérables, que l'on canonna avec succès; la cavalerie ennemie surtout souffrit beaucoup de notre feu.

Le 8, il arriva à Ferrare beaucoup de troupes ennemies qui avoient été mises en déroute

[ocr errors]

lors de l'attaque de la tête de pont d'Occhiobello, que nous avions si glorieusement repoussée; on fit sur elles un feu très-vifà mesure qu'on put les atteindre, et elles répandirent la terreur parmi le corps de blocus. Ce jour et le suivant, l'ennemi se tint tranquille; néanmoins il barricada toutes les issues de la ville, ainsi que les rues qui aboutissent à la campagne, et il parut avoir beaucoup d'inquiétude.

Cependant on continua de notre côté, sans interruption, les travaux des fortifications. La garnison fit le 11 une sortie du côté de la ville, et elle la renouvela le lendemain. Elle fit chaque fois essuyer une perte considérable à l'ennemi. On crut, lors de lá dernière sortie, lui voir faire des préparatifs pour sa retraite, et on résolut de faire le 13 une sortie générale de la citadelle.

Elle eut lieu en effet; mais l'ennemi, qui dans l'intervalle avoit reçu la nouvelle des échecs qu'avoit essuyés coup sur coup son principal corps d'armée sur le Pô, et de la retraite du Roi, avoit, dès minuit, évacué pour la plus grande partie la ville en toute hâte et sans bruit, et il s'étoit enfui avec une telle précipitation, que les détachemens envoyés à sa poursuite ne purent faire que très-peu de prisonniers.

« PrécédentContinuer »