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documens diplomatiques les plus importans, des tableaux de statistique rédigés d'après des renseignemens nouveaux pris aux meilleures sources; une chronique où entrent les événemens les plus piquans, les causes les plus célèbres, détails que l'histoire n'admet pas, et qui sont pourtant si nécessaires pour faire connaître le siècle et le pays dont on parle ; une liste de promotions et de nécrologie; un aperçu général de l'état de la littérature, développé autant que l'abondance des matières politiques a pu. le permettre, et des notices littéraires sur les meilleurs ouvrages qui ont paru, dans le cours de l'année.

A la nomenclature des objets qui devaient entrer dans l'Annuaire Historique, on en conçoit l'importance et la difficulté. Il recevra successivement les améliorations dont il peut être susceptible. On sera porté à en excuser les négligences et même les erreurs qu'il sera toujours facile de rectifier (1).

La composition d'une histoire est en tout temps une tâche bien pénible; mais l'écrire sous les yeux des contemporains, en sortant d'une révolution, encore au milieu de la lutte des intérêts qu'elle a créés ou blessés, en présence des acteurs toujours échauffés de leur querelle, parler des grandeurs tombées sans insulter au malheur, et des grandeurs existantes

(1) L'auteur recevra avec reconnaissance tous les avis, documens, ou rectifications qu'on voudra lui adresser (francs de port) à son domicile, rue des Saints-Pères, no 17.

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sans flatter le pouvoir; voilà le difficile, le périlleux, je dirais presque l'impossible, ou du moins, suivant l'expression de Salluste, in primis arduum. Nous avons surmonté ces dégoûts, et il ne fallait rien moins pour nous soutenir dans cette laborieuse carrière, que la conscience de l'utilité de cet ouvrage.

L'avenir nous en rendra sans doute la tâche plus aisée. L'époque où nous le commençons est une ère nouvelle. Les historiens n'auront plus besoin, pour instruire ou intéresser leurs lecteurs, d'être admis dans le secret des cabinets. Les grands mouvemens de la politique se font à la surface du sol; l'édifice social est à jour de toutes parts, et les peuples sont désormais la partie dominante de leur histoire.

P. S. Le lecteur est invité à voir l'Errata" après la table des matières.

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1

INTRODUCTION.

TABLEAU DE LA SITUATION POLITIQUE DES DIVERSES

APRES

PUISSANCES,

A la fin de 1817.

PRES une guerre où la gloire n'enfanta que des malheurs, où la conquête écrasa les vaincus sans faire la sécurité du conquérant, où l'ambition s'est perdue par ses excès, les peuples appauvris, fatigués, long-temps menacés dans leur existence, ne semblent plus aspirer qu'au repos. Les traités qui leur ont fait poser les armes n'ont pu réparer toutes les pertes, ni guérir toutes les bles sures on y a encore vu des intérêts légitimes froissés, et des droits authentiques méconnus. Des Etats ont été morcelés, d'autres ont disparu, sur le principe vague et trompeur des convenances. Mais toutes les considérations ont fléchi devant la nécessité, et les plaintes particulières ont été étouffées par la voix publique. Il ne s'est point élevé, comme après les traités de Westphalie et d'Utrecht, de résistance hostile au vœu général; et ce que le siè cle précédent avait regardé comme le rêve de la philantropie, a presque été réalisé sous nos yeux par la volonté mieux éclairée des souverains.

Si l'histoire doit perdre, aux yeux des lecteurs superficiels, quelque chose de son intérêt par la fin de ces catastrophes qui désolent la terre et détruisent ou bouleversent des empires, espérons qu'elle offrira désormais des tableaux plus consolans pour les amis de la raison, de la philosophie et de l'humanité.

Les princes et les peuples ont maintenant à élever chez eux des trophées plus glorieux que ceux qu'ils ont teints de sang et arrosés de pleurs. Ils ont à ouvrir entre eux une lutte plus utile et

plus généreuse. La civilisation qui va toujours étendant le cercle des lumières, des rapports, des intérêts et des jouissances, a rongé pièce à pièce les anneaux de l'antique chaîne sociale. Il s'agit de recomposer cette chaîne, et il faut sortir des règles de la vieille politique pour assurer les bases d'une existence nouvelle.

L'arbre de la révolution française a jeté dans sa chute, et chez ceux même qui l'ont abattu, des semences funestes ou bienfaisantes, suivant la culture ou la direction qu'on saura leur donner. Il y a toujours eu au dedans des nations un ferment d'inquiétude ou d'espérance qui ne se manifestait que de loin en loin, à travers des siècles, par des bruits sourds et confus. C'est maintenant une voix puissante qui s'est fortifiée dans les progrès des sciences, de l'industrie et des arts; elle se fait entendre dans les hameaux comme dans les cités, et jusque dans les palais; elle demande, elle attend de la sagesse des rois des institutions conformes au génie, aux besoins des peuples. Ainsi s'est successivement formée cette puissance morale, dont l'empire n'est plus douteux, que les gouvernemens ne peuvent méconnaître ou mépriser sans danger, qui brave les persécutions, qu'on n'entend bien que dégagé de préjugés et à une certaine hauteur de l'atmosphère politique, cette opinion publique enfin qu'on peut appeler «< l'expression géuérale des intérêts de la société. »

. Ainsi, une cause à peine aperçue dans les événemens des siè→ cles précédens, va donner un caractère particulier à l'histoire moderne. Les travaux et les agitations de la paix n'y seront pas moins intéressans à considérer que le tumulte et les fureurs de la bien faire connaître la situation des divers guerre; mais pour Etats de l'Europe avant d'en commencer l'histoire annuelle, faudrait un tableau dont on ne peut tracer ici que l'esquisse,

il

ALLEMAGNE. Un écrivain a dit que la Victoire semble avoir jetë aux champs de Leipsick, comme la Discorde aux noces de Pelée, une pomme dont la possession doit engendrer entre les princes et les peuples bien des querelles.

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L'établissement de la confédération du Rhin, en 1806, avait violemment brisé des rapports politiques et anéanti des droits patrimoniaux consacrés par l'antique constitution de l'Allemagne. Un grand nombre de princes avaient été médiatisés (1), c'est-à-dire, dépossédés de la souveraineté, et mis sous celle de quelques électeurs faits rois où grands ducs. Ceux-ci avaient gagné à la chute du saint empire, outre des accroissemens de territoire, une autorité soumise à la volonté suprême de leur nouveau protecteur, mais presque illimitée sur leurs sujets. Cette double expropriation avait rendu la domination du protecteur odieuse, long-temps avant les événemens qui la renversèrent. Les nobles, les barons, les paysans crurent, en se soulevant contre elle, s'armer pour leur propre cause; et il ne faut pas s'étonner que la chute de ce protectorat ait ensuite excité tant de troubles : elle faisait revivre des droits anciens, elle élevait des intérêts nouveaux, elle excitait des prétentions de toutes parts ni les traités de 1814, ni l'acte du congrès de Vienne, ni les protocoles postérieurs n'avaient assez clairement déterminé les limites des prétentions diverses, pour que les esprits fussent calmés et satisfaits de la part que la victoire commune leur avait faite.

La confédération germanique d'abord organisée, et constituée dès le 5 novembre 1816, n'offrait presque plus rien des anciennes diètes. La présidence perpétuelle avait été déférée au ministre autrichien qui avait déclaré, au nom et par ordre exprès de l'empereur d'Autriche, que sa majesté se reconnoissant comme un membre égal aux autres, n'entendait voir dans cette présidence que l'honorable mission de maintenir l'ordre dans les délibérations, et que la nouvelle réunion du corps germanique n'avait point pour objet d'y élever un pouvoir dominant, mais de soutenir la nationalité.

(1) Il y en a eu environ quatre-vingts dont les possessions, en Allemagne, etaient évaluées, pour l'étendue, à quatre cent cinquante milles carrés géographiques, et pour la population, à un million cinq cent mille habitans.

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