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NOTE ET VARIANTES

DE L'ODE XIV.

Traduction de ces vers d'Horace (liv. III, ode vi): Ætas parentum, pejor avis, tulit

Nos nequiores, mox daturos

Progeniem vitiosiorem.

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5 Après la quatrième strophe, on lisait :

Mais, sous cette aimable apparence,
Souvent on nourrit dans son cœur
La froide et dure indifférence,
Funeste fille du bonheur.

Du haut d'un trône inaccessible,
Qu'il est aisé d'être insensible
Aux voix plaintives des douleurs,
Aux cris de la misère humaine,
Qui percent avec tant de peine

Dans le tumulte des grandeurs!

C'est au faîte des grandeurs même,
C'est sur un trône de lauriers,

Que l'heureux vainqueur qui vous aime
Gémit sur ses braves guerriers,
Sur ces victimes de la gloire,
Qui, dans les bras de la victoire,
Et dans les horreurs du tombeau,
Formaient ce mélange terrible,
Du courage le plus horrible
Et du triomphe le plus beau.

La Discorde avec épouvante,
La voit sur des murs foudroyés
Offrir l'olive bienfesante

A ses ennemis effrayés, etc.

ODE XV.

SUR LA MORT

DE S. A. S. MADAME LA PRINCESSE

DE BAREITH'.

1759.

Lorsqu'en des tourbillons de flamme et de fumée
Cent tonnerres d'airain, précédés des éclairs,
De leurs globes brûlants renversent une armée,
Quand de guerriers mourants les sillons sont couverts,

Tous ceux qu'épargna la foudre,
Voyant rouler dans la poudre
Leurs compagnons massacrés,
Sourds à la Pitié timide,
Marchent d'un pas intrépide

Sur leurs membres déchirés.

Ces féroces humains, plus durs, plus inflexibles
Que l'acier qui les couvre au milieu des combats,
S'étonnent à la fin de devenir sensibles,
D'éprouver la pitié, qu'ils ne connaissaient pas2,
Lorsque la Mort en silence

D'un pas terrible s'avance
Vers un objet plein d'attraits,
Quand ces yeux qui dans les ames
Lançaient les plus douces flammes
Vont s'éteindre pour jamais.

Une famille entière, interdite, éplorée,
Se presse en gémissant vers un lit de douleurs;
La victime l'attend, pâle, défigurée,

Tendant une main faible à ses amis en pleurs;
Tournant en vain la paupière

Vers un reste de lumière

Qu'elle gémit de trouver,

Elle présente sa tête;

La faux redoutable est prête,
Et la Mort va la lever.

Le coup part, tout s'éteint: c'en est fait; il ne reste
De tant de dons heureux, de tant d'attraits si chers,
De ces sens animés d'une flamme céleste,
Qu'un cadavre glacé, la pâture des vers.
Ce spectacle lamentable,

Cette perte irréparable

Vous frappe d'un coup plus fort
Que cent mille funérailles

De ceux qui, dans les batailles,
Donnaient et souffraient la mort.

O Bareith! ô vertus! ô graces adorées!
Femme sans préjugés, sans vice, et sans erreur,
Quand la mort t'enleva de ces tristes contrées,
De ce séjour de sang, de rapine, et d'horreur,
Les nations acharnées

De leurs haines forcenées
Suspendirent les fureurs;
Les discordes s'arrêtèrent;
Tous les peuples s'accordèrent
A t'honorer de leurs pleurs 3.

De la douce Vertu tel est le sûr empire;

Telle est la digne offrande à tes mânes sacrés.

Vous qui n'êtes que grands, vous qu'un flatteur admire, Vous traitons-nous ainsi lorsque vous expirez.

La mort que Dieu vous envoie

Est le seul moment de joie

Qui console nos esprits.
Emportez, ames cruelles,
Ou nos haines éternelles,
Ou nos éternels mépris.

Mais toi dont la vertu fut toujours secourable,
Toi dans qui l'héroïsme égala la bonté,

Qui pensais en grand homme, en philosophe aimable,
Qui de ton sexe enfin n'avais que la beauté,

Si ton insensible cendre

Chez les morts pouvait entendre
Tous ces cris de notre amour,

Tu dirais dans ta pensée,
Les dieux m'ont récompensée
Quand ils m'ont ôté le jour.

C'est nous, tristes humains, nous qui sommes à plaindre,
Dans nos champs désolés et sous nos boulevarts,
Condamnés à souffrir, condamnés à tout craindre
Des serpents de l'Envie et des fureurs de Mars.
Les peuples foulés gémissent,

Les Arts, les Vertus périssent,
On assassine les rois 4;

Tandis que l'on ose encore
Dans ce siècle que j'abhorre

Parler de moeurs et de lois 5!

Hélas ! qui désormais dans une cour paisible

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