Traduction de ces vers d'Horace (liv. III, ode vi): Ætas parentum, pejor avis, tulit
Nos nequiores, mox daturos
Progeniem vitiosiorem.
5 Après la quatrième strophe, on lisait :
Mais, sous cette aimable apparence, Souvent on nourrit dans son cœur La froide et dure indifférence, Funeste fille du bonheur.
Du haut d'un trône inaccessible, Qu'il est aisé d'être insensible Aux voix plaintives des douleurs, Aux cris de la misère humaine, Qui percent avec tant de peine
Dans le tumulte des grandeurs!
C'est au faîte des grandeurs même, C'est sur un trône de lauriers,
Que l'heureux vainqueur qui vous aime Gémit sur ses braves guerriers, Sur ces victimes de la gloire, Qui, dans les bras de la victoire, Et dans les horreurs du tombeau, Formaient ce mélange terrible, Du courage le plus horrible Et du triomphe le plus beau.
La Discorde avec épouvante, La voit sur des murs foudroyés Offrir l'olive bienfesante
A ses ennemis effrayés, etc.
DE S. A. S. MADAME LA PRINCESSE
Lorsqu'en des tourbillons de flamme et de fumée Cent tonnerres d'airain, précédés des éclairs, De leurs globes brûlants renversent une armée, Quand de guerriers mourants les sillons sont couverts,
Tous ceux qu'épargna la foudre, Voyant rouler dans la poudre Leurs compagnons massacrés, Sourds à la Pitié timide, Marchent d'un pas intrépide
Sur leurs membres déchirés.
Ces féroces humains, plus durs, plus inflexibles Que l'acier qui les couvre au milieu des combats, S'étonnent à la fin de devenir sensibles, D'éprouver la pitié, qu'ils ne connaissaient pas2, Lorsque la Mort en silence
D'un pas terrible s'avance Vers un objet plein d'attraits, Quand ces yeux qui dans les ames Lançaient les plus douces flammes Vont s'éteindre pour jamais.
Une famille entière, interdite, éplorée, Se presse en gémissant vers un lit de douleurs; La victime l'attend, pâle, défigurée,
Tendant une main faible à ses amis en pleurs; Tournant en vain la paupière
Vers un reste de lumière
Qu'elle gémit de trouver,
Elle présente sa tête;
La faux redoutable est prête, Et la Mort va la lever.
Le coup part, tout s'éteint: c'en est fait; il ne reste De tant de dons heureux, de tant d'attraits si chers, De ces sens animés d'une flamme céleste, Qu'un cadavre glacé, la pâture des vers. Ce spectacle lamentable,
Cette perte irréparable
Vous frappe d'un coup plus fort Que cent mille funérailles
De ceux qui, dans les batailles, Donnaient et souffraient la mort.
O Bareith! ô vertus! ô graces adorées! Femme sans préjugés, sans vice, et sans erreur, Quand la mort t'enleva de ces tristes contrées, De ce séjour de sang, de rapine, et d'horreur, Les nations acharnées
De leurs haines forcenées Suspendirent les fureurs; Les discordes s'arrêtèrent; Tous les peuples s'accordèrent A t'honorer de leurs pleurs 3.
De la douce Vertu tel est le sûr empire;
Telle est la digne offrande à tes mânes sacrés.
Vous qui n'êtes que grands, vous qu'un flatteur admire, Vous traitons-nous ainsi lorsque vous expirez.
La mort que Dieu vous envoie
Est le seul moment de joie
Qui console nos esprits. Emportez, ames cruelles, Ou nos haines éternelles, Ou nos éternels mépris.
Mais toi dont la vertu fut toujours secourable, Toi dans qui l'héroïsme égala la bonté,
Qui pensais en grand homme, en philosophe aimable, Qui de ton sexe enfin n'avais que la beauté,
Si ton insensible cendre
Chez les morts pouvait entendre Tous ces cris de notre amour,
Tu dirais dans ta pensée, Les dieux m'ont récompensée Quand ils m'ont ôté le jour.
C'est nous, tristes humains, nous qui sommes à plaindre, Dans nos champs désolés et sous nos boulevarts, Condamnés à souffrir, condamnés à tout craindre Des serpents de l'Envie et des fureurs de Mars. Les peuples foulés gémissent,
Les Arts, les Vertus périssent, On assassine les rois 4;
Tandis que l'on ose encore Dans ce siècle que j'abhorre
Parler de moeurs et de lois 5!
Hélas ! qui désormais dans une cour paisible
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