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Des fripons aux regards austères,

Persécuteurs atrabilaires

Des grands talents et des vertus:
Et, si dans ma patrie ingrate
Tu rencontres quelque Socrate,
Tu trouveras vingt Anitus.

Je m'aperçois que je t'imite.
Je veux aux campagnes du Scythe
Chanter les jeux, chanter les prix
Que la nouvelle Thalestris
Accorde aux talents, au mérite;
Je veux célébrer la grandeur,
Les généreuses entreprises,
L'esprit, les graces, le bonheur,
Et j'ai parlé de nos sottises.

NOTE DE L'ODE XVII.

'Cette pièce avait été imprimée d'abord sous le titre de Galimatias pindarique. Malgré l'inégalité des strophes, on a cru devoir la laisser au nombre des odes, parcequ'elle a le caractère de ce genre de poésie. (Édit. de Rehl.)

ODE XVIII.

SUR LA GUERRE DES RUSSES CONTRE LES TURCS, EN 1768.

L'homme n'était pas né pour égorger ses frères;
Il n'a point des lions les armes sanguinaires:
La nature en son cœur avait mis la pitié.
De tous les animaux seul il répand des larmes;
Seul il connaît les charmes

D'une tendre amitié.

Il naquit pour aimer: quel infernal usage
De l'enfant du Plaisir fit un monstre sauvage?
Combien les dons du ciel ont été pervertis!
Quel changement, ô dieux! la Nature étonnée,
Pleurante et consternée,

Ne connaît plus son fils.

Heureux cultivateurs de la Pensylvanie,
Que par son doux repos votre innocente vie
Est un juste reproche aux barbares chrétiens!
Quand, marchant avec ordre au bruit de leur tonnerre,
Ils ravagent la terre,

Vous la comblez de biens.

Vous leur avez donné d'inutiles exemples.

Jamais un Dieu de paix ne reçut dans vos temples Ces horribles tributs d'étendards tout sanglants: Vous croiriez l'offenser; et c'est dans nos murailles Que le dieu des batailles

Est le dieu des brigands.

Combattons, périssons, mais pour notre patrie.
Malheur aux vils mortels qui servent la furie
Et la cupidité des rois déprédateurs!
Conservons nos foyers; citoyens sous les armes,
Ne portons les alarmes

Que chez nos oppresseurs.

Où sont ces conquérants que le Bosphore enfante? D'un monarque abruti la milice insolente

Fait avancer la Mort aux rives du Tyras ';

C'est là qu'il faut marcher, Roxelans invincibles; Lancez vos traits terribles,

Qu'ils ne connaissent pas.

Frappez, exterminez les cruels janissaires,
D'un tyran sans courage esclaves téméraires;
Du malheur des mortels instruments malheureux,
Ils voudraient qu'à la fin, par le sort de la

Le reste de la terre

Fût esclave comme eux.

guerre,

La Minerve du nord vous enflamme et vous guide;

300 SUR LA GUERRE DES RUSSES, etc.

Combattez, triomphez sous sa puissante égide.
Gallitzin vous commande, et Bysance en frémit;
Le Danube est ému, la Tauride est tremblante;
Le sérail s'épouvante,

L'univers applaudit.

NOTE DE L'ODE XVIII.

1 Fleuve de la Sarmatie d'Europe, aujourd'hui le Niester ou Dniester.(Édit. de Kehl.)

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ODE XIX.

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A PROPOS DE LA GUERRE PRÉSENTE EN GRÈCE.

1768.

Au fond d'un sérail inutile
Que fait parmi ses icoglans
Le vieux successeur imbécile
Des Bajazets et des Orcans?
Que devient cette Grèce altière,
Autrefois savante et guerrière,
Et si languissante aujourd'hui;
Rampante aux genoux d'un Tartare,
Plus amollie, et plus barbare,
Et plus méprisable que lui?

Tels n'étaient point ces Héraclides,
Suivants de Minerve et de Mars,
Des Persans vainqueurs intrépides,
Et favoris de tous les arts;

Eux qui, dans la paix, dans la guerre,
Furent l'exemple de la terre,
Et les émules de leurs dieux,
Lorsque Jupiter et Neptune
Leur asservirent la fortune,
Et combattirent avec eux.

Mais quand sous les deux Théodoses Tous ces héros dégénérés

Ne virent plus d'apothéoses

Que de vils pédants tonsurés,

Un délire théologique
Arma leur esprit frénétique
D'anathèmes et d'arguments,
Et la postérité d'Achille,
Sous la règle de saint Basile,
Fut l'esclave des Ottomans.

Voici le vrai temps des croisades.
Français, Bretons, Italiens,

C'est trop supporter les bravades

Des cruels vainqueurs des chrétiens. Un ridicule fanatisme

Fit succomber votre héroïsme

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