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Catherine de Sienne, de fainte Catherine de Génes, de fainte Angèle, & plufieurs autres, lesquelles ne laiffent pas de donner en général un grand goût du faint, amour de Dieu.

CHAPITRE XVIII.

De la maniere de bien recevoir les infpira

tions.

Nous appellons infpirations tous les attraits de la grace, les bons mouvemens du cœur, les reproches de la confcience, les lumieres furnaturelles de. l'efprit, & généralement toutes les bénédictions dont Dieu prévient notre cœur, par fon amoureufe & paternelle mifèricorde; foit pour nous réveiller de notre affoupiffement; foit pour nous engager à la pratique des faintes vertus foit pour exciter en nous fon amour ; en un mot pour nous faire chercher ce qui eft de nos intérêts éternels. C'est ce que l'Epoux des Cantiques appelle en termes myfterieux, rechercher fon Epoufe, fraper à fa porte, lui parler au cœur, la réveiller, l'appeller, & la chercher dans fon abfence, l'inviter à manger de for miel, à venir cueillir des fruits & des fleurs, & à lui parler.

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Je me fers donc auffi de cette comparaifon pour me faire mieux entendre ; Trois chofes font néceffaires à la conclufion d'un mariage: Premierement, il faut le faire propofer à la perfonne dont on demande le cœur & la foi : Secondement, elle doit en agréer la propofi tion: Et en troifieme lieu, elle y don ne fon confentement. C'eft ainfi que quand Dieu veut pour fa gloire opérer quelque bien en nous, pour nous, avec nous, il nous le propose par fon inspiration, nous la recevons avec une douce_complaifance, & nous y confentons. Car comme il y a trois degrés par lefquels on tombe dans le péché, la tentation, la délectation & le confentement: Il y en a trois auffi, par lesquels on s'éleve à la pratique de la vertu; l'inf piration, qui eft contraire à la tentation; la complaifance que l'on a pour l'infpiration, & qui eft contraire à la délectation de la tentation ; & le confentement à l'inf piration, lequel eft contraire au confentement que l'on donne à la tentation.

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Quand l'infpiration dureroit tout le temps de notre vie nous n'en ferions pas plus agréables à Dieu, fi du moins nous ne la recevions pas avec complaifance Au contraire, Dieu en feroit offenfe comme il le fut des Ifraëlites, que fa grace, ainfi qu'il le dit, preffa inutilement durant quarante ans de fe

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convertir; & aufquels il déclara avec ferment, que jamais ils n'entreroient dans fon repos.

Cette complaifance que l'on donne aux infpirations, avance beaucoup l'ouvre de la gloire de Dieu en nous, & nous attire déjà la complaifance de fes yeux: Car bien que cette délectation ne foit pas un véritable confentement, elle en eft du moins une difpofition fort heureufe: Et fi le plaifir que l'on prend à entendre la parole de Dieu, laquelle eft comme une difpofition extérieure, eft un figne de falut, & une difpofition agréable à Dieu; cela eft encore plus vrai à l'égard de l'infpiration intérieure. C'eft auffi cette délectation dont parle l'Epoufe facrée, quand elle dit: J'ai fenti mon ame fe fondre de joie en elle-même, quand mon bien-aimé m'a parlé.

Mais enfin c'eft le confentement dont tout dépend Car fi ayant été infpirés, & ayant reçu l'infpiration avec complaifance, nous refufons notre confentement à Dieu; nous nous rendons coupables d'une extrême ingratitude envers fa divine Majefté : Et il femble qu'il y ait plus de mépris que fitout-d'un-coup nous avions rejetté l'inf piration. Ce fut la faute & le malheur de l'Epoufe des Cantiques: La voix de fon bien-aimé avoit frapé fon cœur d'une douce joie; néanmoins elle ne

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lui ouvrit pas la porte, & elle s'en excufa d'une maniere frivole: Auffi l'Epoux s'en alla-t'il, en la quittant avec indigna tion.

Il faut donc, Philothée, vous réfoudre à recevoir désormais toutes les infpirations du Ciel, comme vous recevriez des Anges que Dieu vous envoyeroit, pour traiter avec vous d'une grande affaire: Ainfi écoutez avec tranquillité ce que l'infpiration vous propofe; faites attention à l'amour de celui qui vous la donne, & la recevez avec joie, enfin donnez y votre con

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fentement d'une maniere tendre & amoureufe & Dieu qui ne peut nous avoir aucune obligationene laiffera pas d'agréer cette fidele correfpondance. Mais fi l'infpiration porte quelque chofe de fort confidérable, & extraordinaire, fufpendez votre confentement jufqu'à ce que vous ayez confulté votre Directeur, qui doit examiner pour en reconnoître la vérité ou la faufferé: Ce qui eft d'autant plus néceffaire, que l'ennemi voyant une ame facile à fuivre l'infpiration, lui en propofe fouvent de fauffes pour la tromper; mais c'eft inutilement, tandis qu'elle obéit à fon Directeur avec humilité.

Quand on a une fois donné fon confentement à l'infpiration, il faut exécuter foigneufement ce qu'elle a demandé de

nous, & c'est ce qui accomplit l'œuvre de la grace: Car autrement retenir ce confentement dans le cœur fans en venir à l'effet, ce feroit faire comme un homme qui ayant planté une vigne, ne voudroit pas la cultiver, de peur qu'elle ne portât du fruit.

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Remarquez donc combien la pratique de l'exercice du matin, & des Retraites fpirituelles du cœur dont je vous ai parlé, eft utile pour tout ceci. D'autant que nous nous y difpofons à faire le bien par une préparation non-feulement géné rale, mais encore particuliere.

*************** CHAPITRE XIX. De la fainte Confession.

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Otre Sauveur a laiffe à fon Eglife le Sacrement de la Pénitence, ou de la Confeffion,pour y purifier en tout temps nos ames des fouillures qu'elles peuvent avoir contractées. Ne fouffrez donc jamais, Philothée, que votre cœur demeure long-temps infecté du péché, puisque Vous avez contre fa corruption un remede fi sûr & fi facile. Une ame qui fe fent coupable d'un péché, devroit avoir hotreur de foi-même, & le refpect qu'elle doit aux yeux de la divine Majefté, l'oblige à s'en purifier au plutôt: Hélas!

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