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Ah, que ces graces font grandes! I faut, Philothée, les pefer au poids du Sanctuaire C'eft la main droite de Dieu qui a fait tout cela.. La main de Dieu infiniment bonne, difoit David, a opéré ce prodige: Sa main droite m'a relevé de ma chûte :: Ah! Je ne mourrai pas, je vivrai, je raconterai de bouche & de coeur, & par toutes mes œuvres les merveilles de fa bonté.

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Après ces confidérations qui font plei nes de bonnes affections, il faut fimplement conclure par une action de graces, & par une fervente priere, pour en demander à Dieu l'effet tout entier. Et puis vous retirant avec beaucoup d'humilité & de confiance, vous remettrez les fortes réfolutions que vous avez à prendre après le fecond point de cet exercice.

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CHAPITRE LII.

Examen de l'ame fur fon avancement dans la Vie dévote.

LE fecond point de cet exercice eft un peu long: Et je vous confeille de ne le prendre que par parties, felon l'ordre que je lui ai donné ici. Il n'eft pas néceffaire d'être à genoux, finon au commencement › pour Vous présenter à Dieu, & à la fin qui ens comprend les affections. Vous pouvez

même dans les autres parties de cet examen, le faire utilement en vous promenant & encore plus utilement au lit, fi vous y pouvez être quelque temps fans vous affou pir; mais il faut pour cela les avoir bien lues auparavant. Il faut néanmoins faire tout ce qui eft de ce fecond point, en trois jours & deux nuits pour le plus, prenant de chaque jour & de chaque nuit quelque heure ;je veux dire quelque temps,. felon que vous le pourrez: Car fi cet exercice ne fe faifoit qu'en des temps fort éloignés les uns des autres, il perdroit fa force, & ne feroit fur vous que de foibles im-preffions. Après chaque partie de l'examen 2 Vous remarquerez bien vos défauts, foit pour vous en confeffer, & pour prendre confeil; foit pour former vos réfolutions, fortifier votre efprit. Bien qu'il ne faille pas abfolument vous déga-. ger tout-à-fait des conversations ordinai ́res, durant ces jours-là, ni les autres. Retirez-vous cependant un peu plutôt le foir; afin que vous couchant de meilleu re heure, vous puiffiez prendre tout le repos du corps & de l'efprit, qui eft né ceffaire à la confidération. Et durant le: jour, faites de fréquentes afpirations à Dieu, à Notre-Dame, aux Anges, à toute la Jérufalem céleste; mais faites-les d'une cœur plein de l'amour de Dieu, & du de fir de votre perfection.

Pour commencer donc cet Examen.

1. Mettez-vous en la préfence de Dieu. 2. Demandez les lumieres du Saint-ELprit, comme faint Auguftin qui s'écrioit des vant Dieu en efprit d'humilité: O Seigneur que je vous connoiffe, que je me connoifJe. Dites avec faint François :Qui êtesvous, ômon Dieu, & qui fuis-je! Protef tez que vous ne voulez pas remarquer votre avancement, pour vous en réjouir en vous-même, mais pour vous en réjouir en Dieu, l'en glorifier & l'en remercier : Proteftez encore, que fi,comme vous le croyez, vous trouvez que vous ayez peu avancé, ou même reculé, vous ne voulez nullement vous laiffer abattre ni décourager; & qu'au contraire, vous prétendez vous animer à mieux faire, en tâchant de réparer vos dé fauts, avec la grace de Dieu.

Après cela, examinez tranquillement quelle a été votre conduite envers Dieus envers le Prochain, & à l'égard de vous+ même.

CHAPITRE IV.

Examen de l'état de l'Ame à l'égard de Dieu.

Q

I. Uel eft votre cœur, touchant le péché mortel? Avez-vous une forte réfolution de n'en commettre ja mais aucun pour quelque chofe qui puiffe arriver? Et cette réfolution a-t'elle fubfifté jufqu'à préfent? En elle confifte le fondement de la vie fpirituelle.

2. Quel eft votre cœur für les Commandemens de Dieu ? Les trouvez-vous bons, doux, agréables? Ah, Philothée! Qui a le goût bon & l'eftomach fain, aime les bonnes viandes, & rejette les mauvaises?

3. Quel est votre cœur à l'égard des péchés véniels? On ne peut s'obferver. fi bien, que l'on n'en commette quel qu'un Mais n'y en a-t'il point auquel vous ayez une fpéciale inclination ; & ce qui feroit bien pis, auquel vous ayez de l'affection?

4. Quel eft votre cœur pour les exer cices fpirituels ! Les aimez-vous ? Les eftimez-vous? Ne vous déplaifent-ils point? N'en avez-vous point de dégoût? Auquel fentez-vous plus ou moins d'affection? Entendre la parole

de Dieu, la lire, en parler, la méditer, s'en fervir dans les afpirations, fe confeffer, prendre des avis fpirituels, fe préparer à la Communion, fe communier, modérer ces inclinations: Qu'y a-t-il en cela qui répugne à votre cœur: Et fi vous troùvez quelque chofe à quoi il ait moins d'attrait, examinez d'où vient ce dégoût,

5. Quel est votre cœur pour Dieu même ? Votre cœur fe plaît-il à se res fouvenir de Dieu : Y trouve-t-il de la douceur ? Ah! dit David, je me fuis fouvenu de Dieu, j'y ai pris plaisir. Sentez-vous en votre cœur une certaine facilité à aimer, & un goût particu lier à favourer cet amour votre cœur a-t-il de la joie de penfer à l'immen fité de Dieu, à sa bonté, à fa douceur? Si le fouvenir de Dieu fe préfente à votre cœur, parmi les occupations & les vanités du monde, y trouve - t'il place? Votre ame en demeure - t'elle faifie? Se tourne- t'elle de ce côté-là, & va-t'elle au-devant, pour ainfi parler: Certainement il y a des ames de ce caractere. N'eft-il pas vrai qu'une femme, dès qu'elle s'apperçoit du retour de fon mari après une longue abfence, ou qu'elle croit entendre fa voix, part à l'inftant même pour aller à lui, toute occupée qu'elle eft des affairesles plus importantes; que rien ne retient plus fon cœur, & qu'elle abandonne

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