Images de page
PDF
ePub

toutes les autres penfées pour ne penfer qu'à lui; il en elt de même des ames qui aiment bien Dieu; quelqu'occupées qu'elles foient d'ailleurs, auffi-tôt que le fouvenir de Dieu fe préfente, elles perdent prefque toute l'attention aux autres chofes, pour le plaifir qu'elles prennent en ce cher fouvenir; & c'est un très bon figne.

6. Quel est votre cœur pour JefusChrist, Dieu & homme ? Prenez- vous plaifir d'être avec lui ? Les Abeilles fe plaifent autour de leur miel, & les Guêpes fur les puanteurs. Ainfi les bonnes ames fe plaifent d'être avec Jefus-Chrift, & ont une grande tendreffe d'amour pour lui; mais les autres déréglées fe plaifent aux vanités du monde.

7. Quel est votre cœur pour NotreDame, pour les Saints, & pour votre bon Ange? Les aimez-vous fort? Avezvous une fpéciale confiance en leur protection? Leurs images, leurs vies, leurs louanges vous plaifent-elles?

8. Pour ce qui eft de votre langue : Comment parlez vous de Dieu ? Vous plaifez-vous à en parler felon votre étar & votre capacité? Aimez-vous à chanter les Cantiques fpirituels de font

amour?

9. Quant aux œuvres, penfez fi vous avez du zele pour la gloire extérieure de Dieu, & de l'affection à faire quelque chofe pour fon honneur. Car ceux

qui aiment Dieu, aiment avec Dieu l'or nement de fa maifon. Pouvez-vous dire que vous ayez renoncé à quelque affection ou à quelque chofe pour Dieu ? Parce que s'eft un figne bien sûr d'amour, que de fe priver de ce que l'on aime pour celui qui aime. Qu'avez-vous donc jufquesici quitté pour l'amour de Dieu ?

CHAPITRE V.

Examen de l'état de l'Ame par rapport à elle-même.

I.

Uel amour avez-vous pour vous

Qmême: Ne vous aimez-vous point

trop pour ce monde. Si cela eft, vous defirerez d'y demeurer toujours, & vous aurez un grand foin de vous y établir. Mais fi vous vous aimez pour le Ciel, vous defirerez de quitter la terre du moins vous acquiefcerez aifément à la quitter, quand il plaira à Notre-Seigneur.

2. Réglez-vous bien cet amour de vous-même ? Car il n'y a que l'amour défordonné de nous-mêmes qui nous ruine. Or l'amour réglé veut que nous aimions plus l'ame que le corps; que nous ayions plus de foin d'acquérir les vertus, que toute autre chofe ; & que nous estimions beaucoup plus la gloire éternelle, que l'honneur mondain & périffable. Un cœur réglé dit plus fouvent

en foi-même: Que diront les Anges, fi je pense à telle chofe ? Qu'il ne dit : Que diront les hommes ?

Quel amour avez vous pour votre pro pre cœur Ne vous tâchez-vous point de le fervir en fes maladies? Hélas! vous lui devez ce foin, quand fes paffions le tourmentent; il faut laiffer toutes chofes pour cela > & lui procurer encore les

charités des autres.

4. Que vous estimez-vous devant Dieu ? Rien fans doute. Or vous ne devez pas vous en croire plus humble, que fi vous ju giez qu'une mouche n'eft rien au prix d'une montagne, ou une goutte d'eau en comparaifon de la mer ; ou une étincelle de feu en la préfence du Soleil: Mais l'humilité confifte à ne pas vous préférer aux autres, & ne pas vouloir qu'on vous donne cette préférence: Où en êtes vous fur cela ?

ou

5. A l'égard de votre langue, ne vous vantez-vous point ou d'une maniere, d'une autre ! Ne vous flattez-vous point en parlant de vous?

6. Quant aux œuvres, ne prenez-vous point de plaifir contraire à votre fanté ? Je veux dire, des plaifirs vains, inutiles, pouffés trop avant dans la nuit,

[merged small][ocr errors][ocr errors]
[ocr errors]

*******

******* *********

CHAPITRE VI.

Examen de l'état de l'Ame à l'égard du Prochain.

I

,

L faut bien aimer un mari & une femme d'un amour doux & tran. quille, ferme & continuel; & que ce foit parce que Dieu l'ordonne ainfi. J'en dis de même des enfans, des proches parens, & des amis, felon le degré de liaifon que l'on a avec eux.

Mais pour parler en général quel eft vo

tre cœur à l'endroit du Prochain : L'aimezvous bien fincérement, & pour l'amour de Dieu ? Pour en juger, repréfentez-vous quelques gens déplaifans, ennuyeux, & d'une malpropreté dégoûtante. D'autant que c'eft-là où se trouve l'amour de Dieu. pour le Prochain ; & beaucoup plus, quand on traite bien ceux qui nous ont offenfé par leurs actions, ou par leurs paroles. Examinez fi votre cœur n'a rien contre eux, & s'il ne fent pas une grande répugnance à les aimer.

N'êtes vous point facile à parler du prochain défavantageufement, & fur-tout de ceux qui ne vous aiment pas ? Ne nuifez-vous à perfonne, ou directement, ou indirectement ? Pour peu que vous soyez raisonnable vous vous en appercevrez facilement.

CHAPITRE

CHAPITRE VI I.

Examen de l'état de l'ame fur fes
paffions.

J'ai étendu les points de cet examen

9

qui ne confifte qu'à connoître le progrès qu'on a fait dans la vie fpirituelle. Car l'examen des péchés regarde la confeffion de ceux qui ne penfent point à s'y avancer. Il ne faut cependant s'ob ferver fur un chacun de ces articles, qu'avec une douce application à considérer l'état du cœur, & les fautes notables qu'on a pu commettre.

Mais pour abreger le tout, réduifons cet exercice à l'examen de nos paffions? & confidérons feulement ce que nous avons été, & comment nous nous fommes conduits fur les articles fuivans.

Dans notre amour envers Dieu, envers le prochain, envers nous-mêmes.

En notre haine à l'égard de nos péchés, & ceux des autres. Car nous devons defirer leur amendement, comme le nôtre.

Et nos defirs à l'égard des richeffes, des plaifirs & des honneurs.

Dans la crainte des dangers de pécher, & de perdre les biens de cette vie : On craint trop l'un & trop peu l'autre.

Dans l'éfperance trop établie peutêtre dans le monde, & fur les créatures T

« PrécédentContinuer »