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trop peu fur Dieu, & fur les chofes éternelles.

Dans la trifteffe, fi elle eft excefive, & pour des chofes frivoles.

Dans la joie, fi elle eft exceffive, & pour des chofes vaines & frivoles.

Enfin, obfervons quelles affections embarraffent notre cœur; quelles paffions le poffedent; & en quoi principalement il s'eft déréglé. Par les paffions de l'ame on en reconnoît l'état. Car comme un joueur de Luth en pince toutes les cordes pour tâcher d'accorder celles qu'il trouve diffonantes, ou en les tirant, ou en des lâchant: De même fi après avoir ob fervé toutes nos paffions, nous les trouvons peu conformes aux defirs que nous avons de glorifier Dieu; nous pourrons Jes y ajuster avec la grace de Dieu, & le fecours de notre Pere fpirituel.

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"Affections qui doivent fuivre cet Examen.

A Près avoir reconnu où vous en êtes

excitez votre ame à ces affections. Si vous avez fait quelque progrès, remerciez-en Dieu, quelque petit qu'il foit: Et reconnoiffez que vous en êtes uniquement redevable à fa mifericorde.

Humiliez-vous fort devant Dieu, proteftam que fi vous n'avez pas beaucoup avancé, c'a été votre faute. Parce que vous n'avez pas correfpondu avec une fidélité courageufe & conftante, à ce qu'il vous a donné d'infpirations, de lumieres, & de bons mouvemens, soit en l'Oraifon, foit ailleurs.

Promettez lui de le louer à jamais des graces, par lefquelles il a opéré en Vous ce petit amendement.

Demandez-lui pardon de votre infidélité; offrez - lui votre cœur, le priant de s'en rendre maître, & de le rendre plus fidele.

Invoquez la Sainte Vierge, votre bon Ange, les Saints, principalement votre Patron, S. Jofeph & les autres.

CHAPITRE IX.

Des Confidérations propres à renouveller les bons propos.

A Près avoir conféré avec votre Directeur fur vos défauts, & fur les moyens d'y remédier; vous prendrez chaque jour une des confidérations fuivantes, pour en faire le fujet de votre Oraifon, felon la méthode des Méditations de la premiere Partie; foit pour la préparation, foit pour les affections; vous

mettant avant toutes chofes en la préfence de Dieu, & lui demandant la grace de vous bien établir dans ion amour, & dans fon faint fervice.

CHAPITRE X.

Premiere Confidération fur l'excellence de notre ame.

Confidérez la nobleffe & l'excellen

ce de votre ame, dans la connoiffance qu'elle a de ce monde vifible, des Anges, de Dieu le Maître Souverain & infiniment bon, de l'Eternité, & univerfellement de tout ce qui eft néceffaire. pour bien vivre en ce monde, pour s'affocier aux Anges dans le Paradis, & pour y jouir éternellement de Dieu.

Votre ame a de plus une volonté capable d'aimer Dieu, & incapable de le haïr en lui-même. Sentez bien la nobleffe de votre cœur, qui ne trouvant rien par les créatures d'affez bon pour le fatisfaire pleinement, ne peut trouver fon repos qu'en Dieu feul. Rappellez hardiment les amusemens les plus chers & les plus violens, qui ont autrefois occupé ce cœur; & jugez de fang froid s'ils n'étoient pas mêlés d'inquiétude, de `chagrin, d'ennui & d'amertume, que votre pauvre cœur n'y trouvoit que de la mifere.

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Hélas! notre cœur fe porte avec beaucoup d'empreffement aux biens créés, perfuadé qu'il eft d'y trouver de quoi fa tisfaire fes defirs. Mais auffi-tôt qu'il les a goûtés, il en voit l'impoffibilité. C'eft que Dieu ne veut pas qu'il trouve fon repos en aucun lieu, non plus que la Colombe fortie de l'Arche de Noé, afin qu' retourne à fon Dieu, de qui il s'eft éloigné. Ah, que l'excellence de notre cœur eft grande! Et pourquoi donc le retiendrons-nous contre fon gré, dans l'esclavage des créatures ?

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O mon ame devez-vous dire, vous pouvez parfaitement connoître & aimer Dieu; pourquoi donc vous amuser à ce qui eft infiniment au-deffous ? Vous pouvez prétendre à l'éternité; pourquoi donc vous fixer à des momens paffagers? Ce fut l'un des regrets de l'Enfant Prodigue;. n'ayant pu vivre délicieufement à la table de fon pere, il fe voyoit réduit à manger le refte des bêtes. O mon ame! tu es capable de poffeder Dieu : Malheur à toi, fi tu te contentes de moins que ce que Dieu eft.

Elevez donc & excitez votre ame qui eft éternelle, à la contemplation & à la recherche de l'Eternité, puifqu'elle en eft digne.

CHAPITRE XI.

Seconde Confidération fur l'excellence des Vertus.

Confidérez les vernt feules ren

Onfidérez que les vertus attachées

dre votre cœur content en ce monde. Admirez-en les beautés, & les comparez aux vices contraires. Quelle fuavité dans la patience, dans la douceur, dans l'humilité, en comparaifon de la vengeance, de la colere & du chagrin, de l'ambition & de l'arrogance ! Dans la liberté, dans la charité, dans la fobriété, en comparaifon de l'avarice, de l'envie, & des defordres de l'intempérance? Les vertus ont cela d'admirable, que la pratique en laiffe à l'ame une confolation infiniment douce. Au lieu que les vices la jettent dans un abattement & une défolation tout-à-fait déplorable. Pourquoi donc ne tâcherons-nous pas de nous procurer toute cette joie ?

Qui n'a qu'un vice n'eft pas content? & qui en a plufieurs eft mécontent :: Mais qui a peu de vertus, en reçoit dé'jà de la joie, & fon contentement croît à proportion qu'il devient plus vertueux. O Vie dévote, que tu es belle, douce agréable! Tu adoucis les afflictions, &

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