Images de page
PDF
ePub

faintes perfonnes qui auront eu quelque › part au Myftere que vous méditerez; comme dans la Méditation de la mort de Notre-Seigneur, de la fainte Vierge, faint Jean, fainté Madeleine, & les autres Saints ou Saintes, les priant de vous communiquer les fentimens qu'ils y eurent : ou bien dans la Méditation de votre propre mort, votre faint Ange Gardien qui y fera préfent; & il faut obferver cela dans tous les autres Myfteres ou fujets d'Oraison.

[ocr errors]

CHAPITRE IV.

De la propofition du Myftere. Troifieme point de la préparation. Lyaencore un troifieme prélude de l'O

à toutes les Méditations, & qu'on appelle la compofition du lieu. Cela confifte dans un certain exercice de l'imagination, par lequel l'on fe repréfente le Myftere, ou le fait que l'on veut méditer, comme fi les chofes fe paffoient réellement à nos yeux. Par exemple, fi vous voulez méditer la mort de Jefus crucifié fur le Calvaire, vous vous formerez une idée de toutes fes circonftances, telles que les Evangéliftes nous les ont marquées par ra

aux ac

port au lieu, aux perfonnes, tions, & aux paroles: Et je vous dis la même chofe de tous les autres fujets qui tombent fous les fens, comme la mort & l'Enfer, ainfi que vous l'avez vû Mais cette pratique ne convient pasaux autres Méditations, dont les fujets n'ont rien de fenfible; tels que font la grandeur de Dieu, l'excellence des vertus, la fin de notre création. Il est vrai que l'on pourroit bien y employer quelque fimilitude en comparaifon, comme nous le voyons dans les belles paraboles du Fils de Dien Mais cela n'eft pas fans difficulté, & je ne veux traiter avec vous que fort fimplement & fans fatiguer votre esprit de la recherche de femblables idées. Or l'utilité de cet exercice de l'imagination, eft que nous renfermions notre efprit dans l'étendue du fujet que nous méditons, de peur qu'étant auffi volage qu'il l'eft, il ne nous échappe pour fe répandre fur d'autres fujets, & je vous le dirai tout bonnement c'eft lui faire ce que l'on fait à un oifeau que l'on renferme dans une cage, ou à un Epervier que l'on attache à fes longes, afin qu'il demeure fur le poing.

[ocr errors]

Quelques-uns nous diront qu'il vaut mieux dans la représentation des Myfteres ufer de la fimple penfée de la Foi, & de la fimple vue de l'efprit, ou bien les confidérer comme s'ils fe paffoient dans votre esprit : Mais cela eft trop fubtil

pour un commençant; & à l'égard de tout ce qui eft d'une plus grande perfection, je vous confeille, Philothée, de vous tenir au pied de la montagne avec beaucoup d'humilité, jufqu'à ce que Dieu vous éleve plus haut.

नक्कले ककककक कककक ककककक ककक

CHAPITRE V.

Des Confidérations.

Seconde partie de la Méditation.

El exer celui de Pentendement, que Et exercice de l'imagination doit être nous appellons Méditation, & qui n'eft autre chofe, que l'application aux confidérations capables d'élever notre volonté à Dieu, & de nous affectionner aux chofes faintes & divines : Et c'eft en cela que la Méditation eft fort différente de l'étude, car la fin de l'étude eft la fcience; mais la fin de la Méditation eft l'amour de Dieu, & la pratique de la vertu. Après donc avoir renfermé, comme je Vous l'ai dit, votre efprit dans l'étendue du fujet que vous voulez méditer; appliquez votre entendement aux confide rations qui en font comme la fubftance & l'expofition: Et fi votre efprit trouve affez de goût, de lumiere, & d'utilité dans

[ocr errors]

une feule de ces confidérations il faut l'y arrêter, imitant les abeilles qui ne quictent point la fleur à laquelle elles fe font attachées, tandis qu'elles y trouvent du miel à recueillir. Mais fi votre efprit a de l'a peine à y entrer, & que votre cœur n'y fente pas d'attrait, après avoir un peu de temps effayé votre cœur & votre esprit,paffez à une autre confidération, cependant fans aucune curiofité & fans précipitation.

3

CHAPITRE VI.

Des Affections & des Réfolutions.

Troisieme partie de la Méditation.

C'Eft par cette vive attention de l'ef

prit que la Méditation excite en notre volonté tant de bons & faints mouvemens tels que font l'amour de Dieu & du prochain, le defir de la gloire céleste,le zele du falut des ames, l'ardeur à imiter la vie de Jefus Chrift, la compaffion, l'admiration, la joie, la crainte de déplaire à Dieu, la haine du péché, la crainte du Jugement & de l'Enfer; la confufion de nos péchés, l'amour de la pénitence, la confiance en la miféricorde de Dieu, & les autres affections dans lesquelles l'ame doit s'exercer, & s'épancher le plus qu'elle pourra.

Si vous voulez vous aider de quelques Livres pour vous en inftruire mieux, prenez le premier Tome des Méditations de Dom André Capiglia, & lifez en la Préface; car il y enfeigne l'art de s'exercer en cette pratique, & le Pere Arias, le fait encore d'une maniere plus étendue dans fon Traité de l'Oraison.

Il ne faut pas pourtant, Phiiothée, s'arrêter fi fort à ces affections générales, que vous n'en formiez des réfolutions fpéciales, & bien particularifées fur le réglement de vos mœurs. Ainfi la premiere parole de Notre-Seigneur fur la Croix produira en votre ame le defir de l'imiter fur le pardon & l'amour des ennemis, cela eft peu de chofe, fi vous ne formez votre réfolution en cette maniere: Eh bien! Je ne m'offenferai plus de telles & telles paroles fâcheufes, de la part d'un tel ou d'une telle, ni de tel & tel mépris, que celui-ci, ou celui-là fait de moi; au contraire, je dirai, & ferai telle ou telle chofe pour adoucir l'efprit de l'un, & pour gagner le cœur de l'autre. Voilà, Philothée, le vrai moyen de yous corriger promptement de vos fautes; au lieu que vous n'y réuffirez avec ces affections générales, que difficilement, fort tard, & peut-être jamais.

« PrécédentContinuer »