A LA VIE DÉVOTE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES, EVESQUE ET PRINCE Fondateur de l'Ordre de la Vifitation NOUVELLE ÉDITION. Par le R. P.JEAN BRIGNON, de la ALUSAGE DES PERSONNES A LYON, Chez les FRERES BRUYSET M. D C C. LXIV. ruc AVERTISSEMENT : Sur l'Edition nouvelle de ce Livre 'ON voit avec douleur périr prefque entre les mains des Fideles le feul Livre de piété, qui a été composé en notre langue par un Saint, L'INTRODUCTION A LA VIE DEVOTE: Ouvrage qui de puis près d'un fiecle a été également cher, & utile à toute la France. L'eftime s'en eft confervée jufqu'à nos temps, & deux chofes y ont contribué; le zele prudent des Directeurs, qui en ont toujours confeillé la lecture ; & l'Approbation univerfelle des perfonnes avancées en âge, qui en avoient pris une haute idée dès leurs premieres années Mais fi nous confidérons les Fideles qui font entre deux âges, nous ne trouvezons parmi eux que l'eftime de ce Lifans prefque aucun usage: Et à l'égard de ce que l'on peut appeller le vre, ་ jeune monde de l'un & de l'autre fexe, peine même y eft-il connu. C'est un malheureux effet de la déli catesse de notre fiecle fur les Livres de dévotion, qui ne font pas raifonnablement bien écrits; & par conféquent fur ceux aufquels les grands changemens de la langue ont fait perdre cet agrément. Il est vrai, & l'on peut ajouter, que cette délicateffe fert à beaucoup de gens, pour excufer leur indévotion. Cependant il ne faut blâmer ni la délicateffe du fiecle, ni fon indévo tion par cet endroit-là: D'autant que la raifon de ne rebuter la piété de perfonne par le dégoût d'un mauvais ftile & principalement de ne pas mettre entre les mains de la Jeuneffe, des livres qui puiffent lui apprendre à parler mal François, aura toujours fon poids & fon autorité. Quoi qu'il en foit, on étoit dans la néceffité, ou de laiffer périr cet excellent Livre, ou l'accommoder aux ufages préfens de la langue; pour condefcendre à la délicateffe du fiecle, & ne laiffer aucune excufe à fon indévotion. Hé pourquoi fouffrir patiemment 3 que cet admirable ouvrage nous devienne inutile ? Pourquoi nous priver dun bien , que la divine Providence nous a voulu rendre propre ? Pourquos les Nations étrangeres, riches de notre bien par la traduction de ce faint Livre en leurs langues, nous reprocheront-elles notre négligence à le faire valoir pour nous-mêmes ? Pourquoi fa piété recevra-t'elle avec plaifir tant de traductions des Livres étrangers, renouvellées & retouchées à proportion des changemens confidérables de notre langue & n'ofera-t'on toucher à celui-ci ? L'on dira peut-être que le refpect qu'on doit à l'ouvrage du Saint, demande qu'on n'y touche pas plus qu'à fes Reliques: Mais je réponds à cela; Le refpect infini qu'on doit à la Sainte Ecriture , empêche-t'il qu'on ne la donne en François aux Fideles pour s'en édifier, & qu'on n'en renouvelle les anciennes traductions? Péchera-t'on plus contre la vénération dûte à Saint François de Sales, en changeant quelques termes & expreffions de fon Introduction, qu'en la traduifant en une langue étrangere ? Et vaut - il mieux qu'il parle Italien à Rome, & Allemand Vienne 9 ou Espagnol à Madrid que de parler comme nous parlons |