A LA VIE DEVOTE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES , EVESQUE ET PRINCE DE GENEVE, de Sainte MARIE. Compagnie de JESUS, peu accoutumées au vieux langage. A LYON, Merciere, au Soleil , & à la Croix-d'or. AVERTISSEMENT Livres qui a été composé en notre AVERTISSEMENT. jeune monde de l'un & de l'autre sexe, peine même y est-il connu. C'est un malheureux effet de la délis catesse de notre siecle sur les Livres de dévotion , qui ne sont pas raisonnablement bien écrits; & par conséquent sur ceux ausquels les grands change. mens de la langue ont fait perdre cet agrément. Il est vrai , & l'on peut ajouter , que cette délicatesse sert à beaucoup de gens , pour excuser leur indé. votion. Cependant il ne faut blâmer ni la délicatesse du siecle, ni son indévotion par cet endroit-là : D'autant que la raison de ne rebuter la piété de pere sonne par le dégoût d'un mauvais stile & principalement de ne pas mettre entre les mains de la Jeunesse, des livres qui puissent lui apprendre à parler mal François , aura toujours son poids & son autorité. Quoi qu'il en soit, on étoit dans la nécessité, ou de laisser périr cet excellent Livre, l'accommoder aux usages présens de la langue ; pour condescendre à la délicateffe du Siecle, & ne laisser aucune excuse à son indévotion. Hé pourquoi souffrir patiemment , que cet admirable ouvrage nous devienne inutile ? Pourquoi nous priver d'un bien , que la divine Providence nous a voulu rendre propre ? Pourquoi ? les Nations étrangeres , riches de no. tre bien par la traduction de ce saint Livre en leurs langues, nous reprocheront-elles notre négligence à le faire valoir pour nous-mêmes ? Pourquoi sa piété recevra-t'elle avec plaisir tant de traductions des Livres étrangers , renouvellées & retouchées à proportion des changemens considérables de notre langue , & n'ofera-t’on toucher de à celui-ci ? L'on dira peut-être que le respect qu'on doit à l'ouvrage du Saint , demande qu'on n'y touche pas plus qu'à ses Reliques : Mais je réponds à cela Le respect infini qu'on doit à la Sainte Ecriture , empêche-t'il qu'on ne la donne en François aux Fideles pour s'en édifier , & qu'on n'en renouvelle les anciennes traductions ? Péchera-t'on plus contre la vénération dûe à Saint François de Sales , en changeant quelques termes & expressions de son Introduction, qu'en la traduisant en une". langue étrangere ? Et vaut - il mieux qu'il parle Italien à Rome, & Allemand à Vienne , ou Espagnol à Madrid que de parler comme nous parlons |