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voirs, n'a pas manqué à l'une, et a rempli les 1797. autres avec courage. Il n'a pas mis, il n'a pas

dû mettre des considérations quelconques, dans cette circonstance impérieuse, en balance avec le salut de la patrie et de la constitution; mais en frappant des conspirateurs, il n'a point oublié qu'il représentait une nation sensible et grande, qu'il devait en conserver le caractère. Ces hommes, évidemment coupables du plus grand des crimes, ces hommes qui parlaient d'humanité, en méditant des assassinats; ces hommes qui n'eussent épargné la vie d'aucun républicain, iront traîner la leur loin de nous, avec les remords et l'opprobre. Ils sont dépor tés; aucune tache de sang, aucun acte de violence ou de désordre n'a souillé cette journée.

» O vous, pères, mères, épouses, enfans, que le souvenir des malheurs de la révolution irritait, considérez avec effroi quelle épouvantable révolution on vous préparait de nouveau, et que ce sentiment éloigne enfin de vos cœurs ces haines barbares ces oppositions meurtrières qui dissolvent une nation et précipitent sur elle un déluge de calamités. Appréciez la conduite de ceux qui avaient surpris votre confiance, et dont la perversité n'a point reculé à l'aspect du sang et des larmes qu'ils allaient faire verser. Que cette considération vous remette devant les yeux l'article constitutionnel qui vous avertit que la stabilité de la

constitution et votre bonheur dépendent de la AN 5. sagesse de vos choix.

>> La méchanceté dévoilée tentera de nous calomnier et de yous armer les uns contre les autres; nous bravons les calomnies, mais nous ne bravons pas votre péril. Nous vous avons dit la vérité, examinez l'intérêt de ceux qui vous parlent différemment...... Songez que l'esprit et la lettre de la constitution ne doivent 、 pas être séparés. C'est à vous, Français, c'est à votre union, c'est à votre confiance à nous servir d'encouragement....... Magistrats, administrateurs, fonctionnaires, la voix de la patrie vous appelle à vos postes, Par-tout, dans une république, on est au champ d'honneur, quand on se conduit en républicain. Hommes de lettres, vous que le despotisme de la calomnie réduisit au silence, reprenez votre première énergie, commencez l'institution républicaine, faites rougir les lâches apologistes de l'esclavage et les déhontés fauteurs de la licence, aidez au corps législatif et au gouvernement, formez les mœurs de la nation. >>

1797.

CHAPITRE XXVII.

Les journalistes sont condamnés à la déportation. Nomination de deux nouveaux directeurs. Clôture de la séance permanente des deux sections du corps législatif.

APRÈS la lecture de cette adresse, la commission chargée de présenter au conseil des cinq-cents des mesures répressives contre les abus de la presse, fit son rapport. Le conseil ordonna la déportation des propriétaires, entrepreneurs, directeurs, auteurs et rédacteurs des journaux suivans: le Mémorial, le Messager du soir, le Miroir, les Nouvelles politiques nationales et étrangères, l'Observateur de l'Europe, Perlet, le petit Gauthier, le Postillon des armées, le Précurseur, la Quotidienne, les Rapsodies du jour, le Spectateur du nord, le Tableau de Paris, le Thé, là Tribune publique, le Véridique, l'Argus, les Annales catholiques, les Actes des Apôtres, l'Accusateur public,l'Anti-terroriste, l'Aurore, le Censeur des journaux, le Courier de Lyon, le Courier extraordinaire, le Courier républicain, le Cri public, le Défenseur des vieilles institutions, le Déjeûner, l'Echo, l'Eclair, l'Europe littéraire, la Gazette française, la Ga

zette universelle, le Grondeur, l'impartial Bruxellois, l'impartial Européen, l'Invariable, AN 5. le Journal des journaux, le Journal des colonies, le Journal général de France, et l'Abréviateur universel.

Le corps législatif s'occupa les jours suivans de donner des successeurs aux directeurs Carnot et Barthélemy; Merlin (de Douai) et François (de Neufchâteau) furent élus. Les deux conseils siégèrent, le 23, dans le lieu de leurs séances ordinaires, où fut terminée la séance permanente qui avait duré cent heures. Ainsi finit un mouvement dirigé contre le directoire et dont le directoire se rendit maître pour écraser ses ennemis.

CHAPITRE XXVIII.

Réception des nouveaux directeurs. Déportation des députés, du directeur Barthélemy et des individus de la maison de Bourbon. Traité de Campo-Formio.

Les nouveaux directeurs furent installés dans la séance publique du directoire, le 24 fructidor. Merlin, qui prit le premier la parole, fit un tableau rapide des événemens qui s'étaient succédés en France depuis le régime consti

tutionnel. Il assura que, vers le tems de l'in1797. surrection de vendémiaire, l'an 4, la république était dans l'état le plus alarmant. Ses ressources paraissaient épuisées un papier sans valeur représentait la fortune publique; les bras de l'industrie étaient enchaînés, les canaux du commerce obstrués. Quelques puissances avaient été détachées de la coalition; mais la coalition offrait encore le front le plus redoutable. La guerre civile embrâsait les départemens de l'Ouest ; l'esprit public, dégradé, menaçait d'une ruine presqu'assurée les institutions républicaines ; les ennemis du peuple étaient devenus ses magistrats; le glaive de la justice nationale avait fait place aux poignards de la vengeance des émigrés; des rebelles siégeaient dans le sénat.

>> Dans cet état de choses, ajouta le nouveau directeur, vous prîtes les rênes de l'autorité, et voici ce que nous avons vu : Le commerce a repris son activité ; l'industrie s'est ranimée; la terre a rendu les trésors que la défiance y avait enfouis; l'abondance a régné dans nos villes; la guerre civile a été éteinte ; la victoire a dicté la paix à la coalition expirante; un souffle heureux a jeté sur les contrées voisines les germes de la liberté ; vous avez comprimé les factions.

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Cependant vos triomphes, votre courage, le bien que vous faisiez et celui que vous vous

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