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lin; le chevalier de S.t-Simon commandait la 1798. Tour-Ronde, il passa sous les drapeaux des Français, aussitôt qu'ils furent débarqués. La Meleha obéissait au commandeur de Bissien ; le chevalier de la Noue commandait le poste de Saint-Paul; le chevalier de Préville, celui de S.t-Julien; le chevalier de la Guérivière celui de Saint-Thomas et de Marsa-Scirocco. Le bailli de Loras, maréchal de l'ordre, avait son poste à la Cité-Valette. La Floriane était défendue par le bailli de Belmont les forts de Marcel et de Tignié, par le bailli de la Tour-Saint-Quentin; le fort Ricasoli, par le bailli du Tillet; le château Saint-Ange, par le commandeur de Gondrecourt; l'île de la Sangle, par le bailli de Saint-Tropez ; Bourmela, par le capitaine du vaisseau le Sobiéras; l'enceinte de la Cotonnère, par le bailli de Latour-Dupin. Le bailli de Thomasi voulait défendre les retranchemens de Nasciar; mais ils manquaient de munitions; il fallut les abandonner.

Pour protéger environ huit lieues de côtes accessibles, l'ordre de Malte disposait de sept mille hommes; le régiment de Malte, trois cents hommes; deux cents gardes du grandmaître; le régiment des vaisseaux, quatre cents hommes; le bataillon des galères, trois cents hommes; à-peu-près deux cents canonniers; un corps de douze cents chasseurs, douze cents

matelots qui servaient de canonniers, et trois mille hommes de milices.

A quatre heures du matin, le vingt-deux prairial, l'armée française prit terre sur huit points différens, à Goze, à Cumin, à la Meleha, au Salmon, à Saint-Georges, à SaintJulien et à la Tombarella. On n'éprouva aucune résistance. Le plus entier découragement se montrait par-tout; on disait publiquement l'ile était vendue aux Français par le grandmaître; que les ridicules apprêts de défense n'étaient qu'un voile pour couvrir aux yeux du peuple la trahison existante, et que ceux qui prendraient les armes pour défendre les remparts, seraient les victimes de leur vain dévoûment. Ces propos augmentaient l'insouciance avec laquelle on voyait les Français

que

s'avancer.

Ferdinand de Hompesch, grand - maître de l'ordre, enfermé dans son palais, augmentait la confusion générale par les ordres contradctoires envoyés de sa part aux différens postes. Les Maltais prenaient la fuite sans combattre. Cent Français, débarqués à Saint-Georges et à Saint-Julien, firent poser les armes à un régiment de milices, composé de mille hommes. Le bailli de Thomasi fut tourné par un corps français peu nombreux ; abandonné par les milices qu'il commandait, il eut bien de la peine à rentrer dans la ville.

AN 6.

Le général Vaubois, à la tête d'une colonne, 1798. marchait rapidement sur la cité vieille; elle n'était pourvue ni de canons, ni de canons, ni de munitions, ni même de garnisons de troupes régulières. Les habitans ouvrirent leurs portes à la première sommation. Les succès des assaillans se multipliaient avec tant de rapidité, qu'à dix heures du matin toute la campagne et tous les forts isolés, à l'exception de la tour de Marsa-Scirocco étaient au pouvoir de Bonaparte. La plupart des chevaliers enfermés dans les différens postes, furent faits prisonniers.

A midi, il restait au service de l'ordre quatre mille hommes qui montraient peu de bonne volonté. Il fallait défendre la ville neuve, la Coroner, l'île de la Sangle et les ports Manzel, Tignié, Ricasoli et Saint-Ange. On aurait dû abandonner les forts éloignés les uns des autres, pour rassembler toute la garnison dans la ville, après en avoir fait sortir les individus suspects. Par ce moyen, on pouvait se maintenir durant quelques mois, et attendre les secours venus du dehors.

Une terreur panique saisit le bailli de St.Tropez ; il abandonna l'île de la Sangle à neuf heures du soir, pour se réfugier dans la ville. Les principaux habitans, craignant que leurs maisons ne fussent écrasées par les bombes, s'assemblent tumultueusement vers minuit;

une nombreuse députation se rend de leur part au palais du grand-maître, elle lui propose de capituler. On assemble le conseil de l'ordre ; il est décidé d'envoyer vers le général francais le bailli de Saousa et le consul de Hollande, pour traiter de la capitulation.

A cinq heures du matin, le 23, tous les forts avaient reçu ordre de cesser leur feu; il fut convenu que Bonaparte serait reçu dans la ville, et sa flotte dans le port, dans le cours de la journée du 24, et que, sous la médiation de l'envoyé d'Espagne, on réglerait la manière dont l'ordre serait traité.

Ainsi l'île de Malte, célèbre par la bonté de ses fortifications qui avaient résisté à toutes les forces ottomanes sous la régence du grandmaître Jean de la Valette, fut enlevée par un coup de main. Les Français y trouvèrent deux vaisseaux de ligne, une frégate, trois galères, trente mille fusils, douze mille barils de poudre, une superbe artillerie, des vivres en abondance, et environ trois millions de francs dans le trésor de l'ordre ou dans la sacristie de St.-Jean. Le grand-maître obtint un traitement avantageux; six cent mille francs comptant et cent mille écus de pension, jusqu'à l'époque où la France lui aurait procuré une autre souveraineté pour servir de chef-lieu à l'ordre de Malte. Il ne fut rien statué en faveur de l'ordre en général, et presque rien

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AN 6.

en faveur des chevaliers en particulier. Les 1798. Français reçus avant 1792 obtenaient la liberté de rentrer dans leur patrie. On leur promettait sept cents livres de pension, et mille lilivres aux sexagénaires.

Bonaparte, maître de Malte, enjoignit à tous les chevaliers russes, et au ministre de cette nation, de sortir de l'isle dans trois jours. Le grand-maître s'embarqua le 29, laissant les archives de l'ordre au pouvoir du général français, qui, ayant rassemblé sa flotte, et laissé, dans l'isle conquise, une garnison suffisante, aux ordres du général Vaubois, fit voile le premier messidor pour les bouches du Nil. Cette expédition, une des plus brillantes qu'ait célébrée l'histoire, fut terminée en neuf jours.

CHAPITRE I V.

Caractère des Maltais.

LA force presque inexpugnable de l'isle de

Malte, la bonté de son port et sa situation au centre de la Méditerranée, la rendent un point très-essentiel à occuper. Elle n'est éloignée que de 15 lieues de la Sicile, d'où elle tire presque toutes ses subsistances. Elle peut avoir

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