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de ces remerciemens ; ils contrastent d'une manière bien honorable pour l'empereur Alexandre, avec le langage intéressé dont se servent la plupart des princes, particulièrement dans le midi de l'Europe. A Turin, à Rome, à Madrid, un prince remercie son ministre des services qu'il a rendus à sa personne sacrée ; à Pétersbourg, et dans la plupart des etats du nord, les chefs des Gouvernemens trouvent plus noble de s'oublier euxmêmes, et de ne voir que le bien fait à la patrie. En cela, il faut convenir que les souverains du nord montrent non-seulement une ame plus élevée, mais encore un esprit beaucoup plus sage et plus éclairé que quelques souverains du midi; ils ne trouvent point qu'un prince s'abaisse et compromette son autorité en cédant aux progrès des lumières et de la civilisation. On ne voit point chez eux de petits brouillons, de petits intrigans s'affubler des bizarres vêtemens des hommes du treizième siècle, s'armer de rondaches et de pertuisanes, et former une ridicule croisade contre l'opinion publique et la marche irrésistible de l'esprit humain. S'il existait dans leurs états une ligue aussi insensée, on ne les verrait point se mettre à sa tête ( comme en Espagne); ils savent que la conduite la plus sûre et la plus honorable pour les princes, c'est de céder à l'influence des mœurs et de l'esprit public; et tant qu'ils resteront fidèles à ces nobles et sages principes, ils seront sûrs d'éviter les révolutions audevant desquelles certains princes du midi semblent se précipiter.

- Le superbe édifice du Val-de-Grâce va, dit-on, être rendu à sa destination primitive; des religieuses doivent y remplacer les militaires malades ou blessés ; on aura soin auparavant, sans doute, de purifier l'église, et d'exorciser les salles par d'abondantes aspersions d'eau bénite.

On a récemment traduit de l'anglais une petite brochure d'un très-grand intérêt. C'est un résumé des témoignages donnés devant un comité de la chambre des communes sur la traite des nègres. L'auteur examine successivement dans trois chapitres différens; 1°. quelle idée on doit se faire des Africains ; 2o. comment ils sont faits esclaves; 3°. comment ils sont traités à bord des vaisseaux sur lesquels ils sont transportés dans les colonies européennes. Il résume, dans un quatrième chapitre, les faits rapportés dans les trois premiers; il conclut pour l'abolition de la traite.

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Les faits relatés dans ce petit écrit sont appuyés sur des témoignages nombreux, et qui paraissent irrécusables ces faits sont tels qu'il est impossible, après les avoir lus, de se défendre d'une sorte d'horreur pour l'infame trafic contre lequel l'auteur réclame. On se ́demande d'où peut venir, en France, l'espèce d'assentiment que l'opinion publique donne à ce commerce, ou du moins d'indifférence avec laquelle elle le souffre. Je crois que l'ignorance où nous sommes de la manière dont il se fait, entre pour beaucoup dans nos disposi tions à cet égard; mais je crois que notre tolérance vient sur-tout des efforts que fait le Gouvernement anglais pour obtenir son abolition. Rien ne nuit plus, dans tre esprit, à l'intérêt qu'inspirent les nègres, que l'extrême commisération que leur témoignent les Anglais. Nous avons beaucoup de peine à croire à cette pitié des Anglais pour les Africains, et notre incrédulité est peut-être assez naturelle, quand nous considérons la manière impitoyable dont ils ont traité nos prisonniers sur leurs affreux pontons. Le peuple anglais ne mérite point qu'on croie aux sentimens d'humanité qu'il fait éclater pour les noirs, quand il a traité les blancs avec tant de barbarie. Cependant, il ne faut pas que son inhumanité envers nous nous rende cruels envers d'autres peuples. Prenons garde que les préventions qu'il nous a inspirées, dans la dernière guerre, ne nous fassent pas faire autant de fautes que le ridicule engouement que nous avions pour lui avant la révolution. Les principes libéraux qu'affichent son Gouvernement lui acquièrent en Europe une popularité qui peut nous devenir funeste. Ne soyons pas, si l'on veut, les serviles imitateurs de l'Angleterre; cependant, n'approuvons pas une chose par cela seul que l'Angleterre le condamne; abandonnons des idées que le monde entier réprouve, suivons les progrès des lumières, et méritons, sous tous les rapports, l'estime des Nations civilisées.

— M. Méhée-Delatouche vient de dénoncer au Roi, dans une lettre très-éloquente, les actes arbitraires commis par les ministres depuis la restauration. Le tableau qu'il fait de ces actes est fort énergique; il n'a d'autre défaut que d'être extrêmement incomplet.

D... .r.

No. 12.

CHAMBRE DES PAIRS.

SEANCES des 15 et 17 septembre 1814.

Séance du 13. MESSIEURS LES PAIRS se réunissent à deux heures après midi: ils entendent la lecture et approuvent la rédaction du procès-verbal de la der

nière séance.

L'ordre du jour appelie le rapport de la commission, nommée pour l'examen de la résolution prise par la chambre des députés, sur la liste civile et la dotation de la couronne.

Le rapporteur nommé par la commission, M. le duc de Lévis, annonce que la résolution présentée à la chambre a paru à la commission dictée par les sentimens d'amour et de fidélité pour le Roi, qui animent les Français.

L'institution de la liste civile, parmi nous, ne remonte point au-delà de 1791. A cette époque, l'as

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semblée constituante décréta que 25 millions seraient alloués au Roi pour l'entretien de sa inaison. En déduisant de cette somme un million à-peu-près que devait coûter sa maison militaire, bornée à douze cents hommes, ont voit qu'il restait au Roi 24 1nillions pour l'entretien de sa maison civile ; 25 millions, aujourd'hui consacrés au même objet, donneront, à cause du renchérissement éprouvé depuis vingt-cinq ans sur toutes les consommations, une fixation inférieure à celle de 1791.

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Le rapporteur observe qu'en séparant les dépenses publiques de celles qu'exige l'entretien du prince et de sa famille, la charte empêchera un Roi prodigue de déranger les finances de l'Etat, et que les précautions, qu'elle prend à cet égard, tourneront, par un avantage particulier, à la gloire du prince qui nous gouverne.

Après avoir fixé la dotation de la couronne, ajoute le rapporteur, la chambre des députés a pourvu à celle de la famille royale ; les principes qui ont servi de base à sa résolution consistent à remplacer par une somme annuelle le revenu des anciens appanages, On décharge ainsi, de tous les soins et de tous les embarras inséparables d'une administration compliquée, des princes qui, par goût plus que par devoir, consacrent tous leurs momens à la chose publique.

La commission, tout en rendant justice au travail de la chambre des députés, a cru devoir y proposer plusieurs amendemens.

Le premier a pour objet de faire comprendre dans la dotation de la couronne, quelques édifices acquis à Paris et dans les environs par le domaine extraordinaire.

Le second tend à prévenir toute espèce de donte sur le maintien des dispositions par lesquelles l'ordonnance du 4 juin a réuni au domaine de la cou ronne la dotation du sénat et des sénatoreries.

Le troisième a pour objet de laisser au Roi la faculté de disposer par testament des biens par lui acquis à titre singulier, et formant son domaine privé.

Le quatrième, relatif à l'article 13, se borne à substituer, dans la première disposition de cet article, le mot familie à celui de maison royale.

Enfin, le cinquième porte à 6 millions, an lien de 4, la somme payable en 1814 pour la dotation de la famille royale.

Le rapporteur, d'après l'avis unanime de la commission dont il est l'organe, propose à l'assemblée d'adopter, sauf les amendemens proposés, la résolution de la chambre des députés.

M. le président consulte l'assemblée pour savoir si elle veut ouvrir la discussion, ou renvoyer aux bureaux les amendemens proposés conformément à l'article 46 de la charte constitutionnelle.

Plusieurs membres observent que l'article 46 de la charte n'est relatif qu'à la chambre des députés ; que celle des pairs n'est point astreinte à se diviser en bureaux, et qu'ainsi la discussion peut et doit être.

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