algré nos instances, M. Iwan Gilkin n'a Le changement qui s'est accompli n'est qu'un change- Quand bien même la doctrine de l'Art pour l'Art, telle que nous l'avons maintes fois exposée, serait reconnue et démontrée fausse, il faudrait encore l'enseigner partout, en Belgique. C'est grâce à cette doctrine que la jeunesse de 1880 a pu élever son œuvre ; c'est cette doctrine qui en est la sauvegarde, et si l'on renonçait à elle, l'œuvre M554756 s'écroulerait et serait à recommencer demain. La génération de 1880 a émancipé l'écrivain belge en l'arrachant à la tutelle et à la tyrannie des partis; et elle n'est pas assez oublieuse d'un passé encore chaud pour laisser se produire tout retour offensif, direct ou détourné, d'un esprit qu'elle a en horreur. La Jeune Belgique veille sur ce que nous avons de plus cher : notre liberté d'écrire. Plus que jamais aussi, elle luttera pour la préservation et le salut de la langue française, cruellement mise à mal, en Belgique, par les prophètes de l'orthographe, de la grammaire et de la syntaxe individuelles. Si nos romanciers et nos poètes veulent prétendre, sans ridicule, au titre d'écrivains français, qu'ils abdiquent le patois et le jargon! S'ils n'y renoncent point, qu'ils ne se flattent pas de survivre à leurs barbarismes! Nous sommes condamnés à lutter contre l'horrible patois belge comme les habitants de nos côtes sont condamnés à lutter contre la mer. Il faut des dunes, des dunes contre le macaque flamboyant, des dunes contre le galimatias et le pathos des nouveaux barbares! La Direction espère qu'elle sera soutenue dans cet effort par tous les vrais amis des lettres françaises en Belgique. ALBERT GIRAUD LA FALAISE A EUGÈNE De Molder Ce soir, l'ouragan gronde en ses trompes de fer. - Tandis qu'en jets de feux flamboient les cieux funèbres Et le roc mutilé, dès que renaît le jour, Chante ainsi tout entier par toutes ses blessures. Tel mon cœur, tout meurtri, n'est qu'un hymne d'amour! EMILE VAN ARENBERGH |