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HISTORIQUES ET GÉOGRAPHIQUES

SUR

L'ARMÉNIE.

DE LA VIE ET DES ÉCRITS

D'ÉTIENNE ORPÉLIAN,

ARCHEVÊQUE DE SIOUNIE.

ÉTIENNE

TIENNE, archevêque du pays de Siounie, dans la partie orientale de la grande Arménie, auteur du livre que nous publions, étoit issu de l'illustre famille des Orpélians ou Ourhbéléans, dont il nous a transmis l'histoire; c'est pour cela que les écrivains Arméniens, pour le distinguer de plusieurs autres personnages ou docteurs qui portèrent le même nom que lui, et qui furent archevêques du même pays, le nomment généralement (Ստեփսննոս լռպե Fair (hirtgh [Sdép'hannos Ourhbéléan Siounetsi], c'està-dire, Étienne, de la famille des Ourhbéléans, du pays de Siounie. Le Père Galanus, dans son ouvrage théologique composé pour concilier la doctrine des Arméniens avec Tome II.

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с

Celle de l'église Romaine, n'a pas fait attention à ce surnom; il a confondu notre auteur avec un autre Étienne, archevêque du même pays, qui vivoit cinq siècles avant, dans le commencement du VIII.° siècle (1), et il lui a attribué des ouvrages composés par ce dernier. Étienne Orpélian est très-célèbre chez les Arméniens, tant par l'influence que sa dignité ecclésiastique et la puissance de sa famille lui donnèrent sur les événemens politiques de son siècle, que par sa science et ses opinions théologiques. Pendant toute sa vie, il se montra le zélé défenseur de la doctrine d'Eutychès ou des Monothélites, qui étoit alors et est encore suivie par la plus grande partie des Arméniens; et, dans toutes les occasions, il fut le plus ardent antagoniste des Arméniens qui se réunirent, soit aux Grecs, soit aux catholiques de la communion Romaine.

Il naquit vers le milieu du XIII. siècle de notre ère, dans la province de Siounie, dont il devoit être un jour le chef spirituel., Il étoit le second fils de Darsaïdj, qui étoit prince 'd'Orodn dans ce même pays, et frère du grand prince Sempad, alors chef de la race des Orpélians. Sa mère se nommoit Arouz Khathoun; elle étoit fille d'un émir Musulman qui habitoit aussi dans le pays de Siounie. Elle avoit embrassé la religion chrétienne, et reçu le baptème en épousant le prince Darsaïdj (2).

Il paroît que, dès son enfance, son père l'avoit destiné au sacerdoce, pour qu'il occupât la première dignité ecclé. siastique de ses états. En l'an 1280 de J. C., 729 de l'ère

(1) Conciliatio ecclesiæ Armenicæ cum Romanâ, tom. II, pars II, p. 136 et passim.

(2) Voyez ci-après, Histoire des Orpélians, chap. VIII.

Arménienne, Darsaïdj rassembla un grand nombre d'évêques, de vartabieds et d'abbés, dans le monastère de Noravank'h [le nouveau monastère ], dans le canton de Vaïots-dsor, pour qu'ils assistassent à l'ordination de son fils comme prêtre; ce qui se fit avec beaucoup de cérémonies (1). Cinq années après, l'archevêque de Siounie mourut; et Darsaïdj, alors prince des princes d'Arménie et chef de la famille Orpéliane, après la mort de son frère Sempad, envoya son fils Étienne en Cilicie, auprès du grand patriarche des Arméniens, qui résidoit à Hrhomgla, sur les bords de l'Euphrate, pour qu'il le sacrât archevêque du siége qui étoit vacant (2).

Peu de temps avant l'arrivée d'Étienne dans la Cilicie, le patriarche Jacques I.", surnommé Kidnagan [ le savant ], étoit mort le dimanche de Quadragésime de l'an 1287 de J. C., 736 de l'ère Arménienne, et il fut reçu par le roi Léon III à Sis, alors capitale de l'Arménie, avec tous les égards et les marques d'honneur dus à sa haute naissance. Ce prince le retint auprès de lui, jusqu'à ce qu'on eût nommé un autre patriarche, qui pût lui conférer le caractère spirituel qu'il venoit demander. Étienne Orpélian assure même que le roi Léon l'engagea à rester en Cilicie, et lui offrit la dignité patriarcale, qu'il refusa, si nous nous en rapportons à son témoignage, qui ne nous paroît pas mériter en ce point une entière confiance.

On rassembla alors un grand concile, composé d'évêques et de vartabieds, pour procéder à l'élection d'un

(1) Voyez ci-après, Histoire des Orpélians, chap. IX.

(2) Ibid. chap. IX, et Tchamtchéan, Hist. d'Arm. tom. III,

p. 283.

nouveau patriarche. Le roi Léon engagea fortement les pères du concile à choisir Grégoire d'Anazarbe, qui jouissoit d'une très-grande considération en Arménie. Les moines et les abbés le rejetèrent avec emportement, à cause de la fierté et de la hauteur de son caractère, mais bien plus encore à cause de son attachement pour la doctrine de l'église Romaine. D'autres voulurent faire élire Étienne Orpélian; mais on rejeta presque unanimement cette proposition, parce qu'on le regardoit comme un homme extrêmement dur et rempli de vanité (1). Le concile choisit enfin, d'un consentement unanime, un certain Constantin, né dans le bourg de Kadouk en Cilicie, élevé ensuite dans l'église métropolitaine de Sis, et alors archevêque de Césarée en Cappadoce. On le nomma Constantin II. Il fut sacré en grande pompe dans l'église de Sis, où il avoit été élevé, le jour du samedi saint; et, le lendemain, jour de Pâque, il sacra solennellement Étienne métropolitain de Siounie, avec des cérémonies que celui-ci décrit avec complaisance dans son histoire. Étienne s'en retourna bientôt après dans sa patrie (2), où, en présence de tous les évêques du pays, il fut investi par son frère Darsaïdj de sa nouvelle dignité.

Les archevêques ou métropolitains de Siounie [I LAI_ oh, médrabolid] occupoient alors un rang fort distingué en Arménie; ils résidoient dans le bourg de Dathev, ou Sdathev, fondé sur le lieu où furent enterrées, suivant les traditions de l'église Arménienne, les reliques d'Eustathius,

(1) Michel Tchamtchéan, Hist. d'Arm. tom. III, p. 283 et 284. (2) Voyez ci-après, Histoire des Orpélians, ch. IX. - Tchamtch. Hist. d'Arm. tom. III, p. 284.

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