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d'Orpeth, ou Samschvildé, et que tous les gens qui les accompagnèrent furent simplement appelés Djénévoul ou Chinois. Ce sont sans doute ceux-ci qui habitèrent dans la ville de Sark'hiné, et qui sont célèbres dans l'histoire de Géorgie.

(21) Voyez, sur cette dignité, les pages 298, 299 et 300 de notre premier volume.

(22) Ce prince, appelé en arménien un

P'harhnovas, ou

Þuruq P'harhnavaz, ce qui est la même chose que le nom de փառւն Pharnabuze qui se trouve souvent dans les écrivains anciens pour désigner des princes ou des généraux Persans, est nommé par les

Géorgiens P5m65358 P’harnavaz. Nous allons rapporter, d'après

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des extraits de la Chronique Géorgienne dont nous avons déjà parlé, tout ce qui concerne ce personnage, qui fut le premier roi de Géorgie. « A cette époque (l'an 3680 du monde) vivoit à Mtskhetha un » jeune homme appelé P’harnavaz; du côté de son père, il étoit Géorgien, et issu de la race d'Oup'hlos, fils de Mtskhethos; par » sa mère, il étoit de la famille Persane nommée Aspaneli: il étoit >> aussi neveu de Samar, qui étoit mama-sakhli à Mtskhetha lors de » l'arrivée d'Alexandre. Ce Samar, et son frère, père de P'harnavaz, » avoient été tués par Alexandre; mais P'harnavaz avoit été sauvé » par sa mère, à l'âge de trois ans, et caché dans les montagnes du » Caucase, où il fut élevé: après quoi, il retourna à Mtskhetha sa patrie. C'étoit un guerrier prudent et vaillant, et, de plus, un fort > habile chasseur; mais il cacha toutes ces belles qualités à Azon (a), » qui avoit appris quelle étoit son adresse à la chasse, et qui, pour » cela, avoit conçu beaucoup de bienveillance pour lui. Sa mère lui » disoit: Mon fils, sois dissimulé devant Azon; ne lui fais connoître » aucune de tes bonnes qualités, pour qu'il ne te fasse pas périr; car » elle redoutoit beaucoup Azon. Cependant, comme celui-ci devenoit » de jour en jour plus cruel, elle dit de nouveau à P'harnavaz: Mon » fils, quitte l'habitation de tes pères, et mène-moi chez mes frères, vers Aspan (Aspahan ou Ispahan), ma patrie; cesse enfin de vivre par la permission d'Azon. Ils prirent cette résolution; mais, malgré cela, » il n'en paroissoit pas moins difficile à P'harnavaz d'aller à Aspan,

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(a) Persan chargé du gouvernement de la Géorgie sous Alexandre.

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>> et il étoit encore plus pénible pour lui d'abandonner la maison » de ses pères: la grande crainte qu'il avoit, l'obligea enfin de partir. » P’harnavaz eut après cela un songe; il lui sembla qu'il étoit dans » une maison abandonnée, d'où il s'efforçoit de sortir sans pouvoir >> en venir à bout; tout-à-coup les rayons du soleil entrèrent par la >> fenêtre, ceignirent ses hanches, et le tirèrent dehors par l'ouverture. » Quand il fut en liberté, il vit le soleil couché par terre, et, avec » sa main, il essuya les gouttes de sueur qui tomboient du visage » du soleil et en humecta le sien. Lorsque P'harnavaz fut réveillé, » il fut fort étonné de ce songe, et il dit en lui-même: Je vais à » Aspan et je me mets sous la protection de Dieu. Le même jour, il » alla seul à la chasse et s'arrêta dans la plaine de Dighomi (a) pour poursuivre des cerfs qui se mirent à courir vers la vallée de Téflis; » il décocha une flèche et atteignit un cerf qui, après avoir fait quelques pas, tomba du haut d'un rocher. Comme il étoit déjà »> nuit, et que le cerf étoit caché dans les broussailles, il résolut de » passer la nuit dans ce lieu et d'aller plus loin le lendemain matin. >> En bas du rocher, il trouva une caverne dont l'entrée avoit été » fermée anciennement par une muraille de pierre, qui étoit alors remplie de crevasses. Dans le même temps, il commença à pleuvoir >> très-fort; P'harnavaz prit sa lance et perça la muraille qui bouchoit » la caverne; en y entrant, il y vit une très-grande quantité d'or et » d'argent avec beaucoup de vaisselle en or et en argent, ce qui le >> remplit d'étonnement et de joie et lui rappela son rêve. Il referma » l'entrée de la caverne, et se hâta de retourner chez lui, pour ra» conter cet événement à sa mère et à ses deux sœurs. Accompagné » par elles, il revint pendant la nuit vers ce lieu. Ils emportèrent » dans des vases qu'ils avoient pris chez eux, une partie des trésors, » et ils les cachèrent dans la terre, auprès de leur habitation. Quand » le jour reparut, ils refermèrent la caverne et s'en retournèrent. » Dans l'espace de cinq jours, ils eurent enlevé et enterré le trésor tout entier. P'harnavaz envoya alors un de ses serviteurs vers Koudji, chef du pays d'Egrisi, et lui fit dire: Je suis un descen»dant d'Oup'hlos, fils de Mtskhethos, et neveu du mama-sakhli

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(4) Elle est dans le voisinage de Téffis, du côté du nord. Voyez Klaproth, Reife in den Kawkasus und nach Georgien, tom. I."', pag. 732.

» Samar; mes richesses sont grandes: permets-moi d'aller chez toi avec » elles, nous serons frères, nous rous en servirons pour faire la guerre » à l'éristhavi Azon, et la fortune nous donnera une victoire éclatante. » Koudji fut très-content de cette proposition, et il lui répondit: » Lève-toi et viens chez moi; ne sois point avare de tes richesses, mais >> emploie-les pour avoir beaucoup de guerriers et pour résister à Azon. » Tout cela rendit fort contens tous les Géorgiens, parce qu'Azon » les avoit opprimés et insultés ; il est probable que beaucoup de Grecs (dans le texte Rmni, Romains ) se joignirent à eux, parce qu'il » en avoit aussi fait périr un grand nombre.

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P'harnavaz se rendit alors en secret avec sa mère et ses sœurs » chez Koudji, et emporta une partie des richesses qu'il avoit enter» rées. Koudji lui dit : Tu es le descendant du meilleur des Géorgiens; » c'est à toi qu'appartient le commandement; ne fais pas maintenanı » attention à tes richesses, mais augmente tes soldats. Si tu obtiens la victoire, tu seras notre maître et je serai ton sujet.

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» Il rassembla alors les Osi et les Lek’hi, avec lesquels il tint conseil. » Ces peuples étoient aussi fort contens, parce qu'ils ne vouloient plus payer de tribut à Azon. Beaucoup d'Osi se joignirent donc à P'harnavaz et grossirent son armée. Il rassembla ensuite dans Egrisi » un corps de troupes innombrable, et il marcha contre Azon, qui » avoit de son côté réuni ses guerriers.

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» Plusieurs vaillans guerriers Grecs qui avoient été maltraités par Azon l'abandonnèrent et allèrent se joindre à P'harnavaz. Tous » les Géorgiens suivirent cet exemple; et Azon, qui ne pouvoit pas » se fier aux guerriers qui étoient restés avec lui, parce qu'il les >> avoit tous maltraités, se retira avec eux dans la province de » Klardjeti, où il s'enferma dans la forteresse de ce nom. P'harnavaz >> marcha alors contre Mtskhetha, s'empara des quatre forts bâtis par Azon, et, dans la même année, régna sur toute la Géorgie, à » l'exception de Klardjeti. Il envoya ensuite un ambassadeur, avec beaucoup de présens, au roi de l'Assourasthan, Anthiokhos (a), » promettant d'être son sujet, et lui demandant du secours contre les » Grecs. Anthiokhos accepta les présens, donna à P'harnavaz le nom de fils, lui envoya une couronne, et ordonna à l'éristhavi de l'Arménie

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(a) Je pense que c'est Antiochus le Dieu, troisième roi de Syrie, de la race des Seleucides.

» de le secourir. L'année suivante, Azon, qui s'étoit considérablement » renforcé avec des troupes qu'il avoit fait venir de Grèce, marcha » contre P'harnavaz, qui avoit beaucoup augmenté sa cavalerie. Kou » dji, les Osi, et les éristhavi de l'Arménie pour Anthiokhos, vinrent » le renforcer; joint à eux, il marcha contre l'ennemi jusqu'à la ville » ruinée d'Arthani, qui alors s'appeloit Houri, c'est-à-dire, la ville » des aveugles. Ce fut là qu'il attaqua et qu'il livra une bataille trèssanglante. Des deux côtés il y eut un grand carnage; mais, à la » fin, les Grecs furent vaincus, et leurs bataillons furent contraints » de prendre la fuite. Azon lui-même resta avec beaucoup des siens → sur le champ de bataille. Un grand nombre de guerriers furent » faits prisonniers par P'harnavaz, qui pilla les villes situées sur la

» frontière des Grecs, entre Andsiandsori Lbdobam-mo et Ek'h» letsith Imgoo, et revint ensuite par le pays de Klardjeti,

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» d'où il retourna à Mtskhetha, ce qui produisit une joie universelle. » Il augmenta son domaine royal des possessions d'Azon; mais le » pays situé à l'embouchure du fleuve d'Egrisi resta aux Grecs, qui ne » voulurent pas l'abandonner aux Géorgiens.

P'harnavaz donna une de ses sœurs en mariage au roi des Osi, » et l'autre à Koudji, auquel il céda le pays entre les fleuves Egrisi » et Rioni [le Phase], depuis la mer jusqu'aux montagnes, ce qui »est Egrisi et Svanethi; puis il lui donna le titre d'éristhavi de ces » contrées. Koudji fonda la forteresse de Godji. C'est de cette ma» nière que P’harnavaz fut délivré de tous ses ennemis et qu'il régna » sur la Géorgie et l'Egoursi [ la Colchide]. Il augmenta l'armée des » K'harthlosiens et créa huit éristhavi avec un spaspeti [connétable]. »Un de ces éristhavi fut envoyé à Margvi, et on lui donna tout » le pays qui s'étend depuis les petites montagnes nommées Likhi » jusqu'à la mer et le fleuve Rioni. P'harnavaz y fit construire deux » forteresses, Schorapani Im-$2560 ( dans le royaume d'Imi(dans

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»reth), et Dimni odbo. Un autre éristhavi fut envoyé en Ka

» khethi, et reçut tout le pays entre l'Aragvi et Hérethi, c'est-à-dire, » Kakhéthi et Koukhéthi. Le troisième éristhavi fut envoyé à Khounani, et il reçut tout le pays depuis le fleuve de Berdoudji jusqu'à

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» Téflis et Gatchiani; c'est le pays qu'on appelle Gardabana. Lẻ quatrième fut éristhavi de Samschvildé, et eut en partage tout le → pays depuis le fleuve de Zkvirethi jusqu'aux montagnes; ce sont » les contrées qu'on appelle Taschiri et Abotsi. Le cinquième éris»thavi fut envoyé à Tzounda, et il reçut le pays depuis P'haravani » jusqu'à la partie supérieure du Mtkvari; c'est le pays de Djavakhethi » avec ceux de K'hola et d'Arthani. Le sixième éristhavi, fut celui » ďOdskhri; il eut le pays depuis Thasiskari jusqu'à Arsiani, et les » contrées, depuis les montagnes jusqu'à la mer, que l'on nomme » Samtskhe et Atchara. Le septième éristhavi fut chargé de gouverner Klardjethi, et il eut le pays depuis Arsiani jusqu'à la mer. Koudji » gouverna le pays d'Egrisi avec le même titre, et ce fut lui qui eut » la dignité de spaspeti; il eut les pays qui s'étendent depuis Téflis » et l'Aragvi jusqu'à Thasiskari et P'haravani, c'est-à-dire, Schida» k’harthli. Ce général étoit très-dévoué au roi, et il avoit l'inspection » sur tous les autres éristhavi, qui avoient sous eux des chefs de mille » hommes qui habitoient dans les petits endroits, et qui tous payoient » tribut au roi. P'harnavaz partagea son royaume de cette façon, d'après l'usage des rois de Perse; il prit ensuite une femme origi» naire du Caucase et de la race de Dourdsouk.

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» Il fortifia Mtskhetha aussi bien que toutes les villes et les châteaux dont Alexandre avoit détruit les murailles. Les Grecs ne pouvoient rien alors contre P'harnavaz, parce qu'ils étoient en guerre » avec les Romains. P’harnavaz fit élever une grande idole qui por» toit son nom, et c'étoit celle d'Armazi, car ce prince se nommoit » ainsi en persan : comme cette idole étoit placée sur le sommet du » mont K’harthli, ce mont fut, depuis cette époque, appelé Armazi. » Cette idole y étoit adorée avec beaucoup de cérémonies.

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P'harnavaz régna en paix pendant vingt-sept ans, jusqu'à l'âge » de soixante-cinq ans; et il étoit sujet d'Anthiokhos, roi de l'Assou » rasthan. Il fit bâtir un grand nombre de villages et il peupla la » Géorgie. Pendant le printemps et l'automne, il habitoit Mtskhetha; » dans l'hiver, il alloit à Gatchiani; et pendant l'été, il se tenoit » dans le pays d'Egrisi ou dans celui de Klardjeti, et alors il s'oc» cupoit des Mingréliens [Megreli] et des habitans d'Egrisi, pour dé» cider de leurs disputes et de leurs affaires, Comme les guerriers Grecs » qui avoient quitté Azon pourse joindre à lui, avoient montré beaucoup

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