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les Turks leur demandèrent pour résister aux Arabes. Les écrivains Arméniens nous font connoître l'un des généraux qui commandoient les Musulmans; c'étoit un certain Mohammed, qui avoit été gouverneur de l'Arménie, depuis l'an 727 jusqu'en l'an 732. En parlant de ses guerres dans la Transoxane, ils disent qu'il combattit les Chinois, sur les bords d'un fleuve qu'ils nomment Lhu [Baudis] (1), peut-être le Bautès de Ptolémée (2). Ce fleuve devoit être audelà du Syhoun; mais pour fixer sa position d'une manière plus exacte, il faudroit avoir, par les écrivains Arabes, le récit circonstancié de toute cette expédition. Il n'a été question jusqu'à présent que des pays situés à l'orient de la mer Caspienne. Les Arméniens donnèrent aussi le nom de Chinois aux Khazars et aux peuples qui habitoient au nord du Caucase, dans les vastes steppes qui s'étendent jusqu'au Volga, comme on le voit dans un auteur anonyme (3), qui vivoit, à ce que nous pensons, à la fin du vIII.° siècle. Ces nations étoient sans doute soumises à la domination ou au moins à la suprématie Chinoise; et c'étoit de là que leur venoit le nom de Chinois, qui n'auroit pu leur convenir sous aucun autre rapport. Les Arméniens savoient, aussi bien que les Arabes, que l'empire de ces Chinois, qui s'étendoit jusque dans leur voisinage, se prolongeoit d'un autre côté jusqu'à la mer Orientale, et que sa

(1) Tchamtchéan, Hist. d'Arm. tom. II, p. 403.

(2) Geogr. lib. VI, cap. 16.

(3) Histoire de la Croix, de Hatsouni, ms. Arménien, n.° 70, fol. 176 verso et 177 recto. Cet écrivain parle, dans cet endroit, des expéditions que les Arabes firent au-delà de Derbend, dans le pays des Khazars, au commencement du VIII. siècle, et dont on trouve le récit circonstancié dans l'Histoire universelle de Thabary (traduction Persane, ms. n.o 63, pag. 551-561).

métropole étoit fort loin à l'extrémité de l'Asie. Les récits de Masoudy ne peuvent laisser aucun doute à cet égard (1). On trouve la même chose dans les voyageurs Arabes, publiés par Renaudot. Ils étoient venus en Chine par la mer des Indes, et ils assurent que cet empire s'étendoit jusqu'à une petite distance du Khorasan (2). Ibn-Haukal, géographe Arabe de la plus grande importance et contemporain de Masoudy, nous assure, d'après le témoignage de deux autres auteurs, le Persan Ishac et Abou-Ishac Ibrahim, fils d'Alptéghin, chambellan d'un prince de la dynastie des Samanides, que la Chine s'étendoit pendant trois mois de chemin, depuis le grand océan jusqu'au territoire des Musulmans dans la Transoxane; et dans un autre sens, l'espace de quatre mois de chemin, depuis son extrémité orientale, jusqu'à son extrémité occidentale, côté de Tibet, s'étendant encore jusqu'au pays des Turks Taghazghaz, et à celui des Kherkhiz, puis en tournant derrière le pays des Kaïmak, jusqu'à la mer (3). Cette mer ne peut être que la mer Caspienne. L'auteur Arménien de la géographie attribuée à Moyse de Khoren, qui, à ce que nous pensons, vivoit peu avant ces écrivains, atteste également

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(1) Moroudj-eddheheb, ms. de Constantinople, tom. 1.", fol. 60 recto et 61 recto.

(2) Anciennes relations des Indes et de la Chine, p. 93.

و مملكة الصين على ما زعم الحق الفارسي وابو اسحق ابرهيم بن (3) البتكين حاجب خراسان أربعة أشهر فى ثلاثة اشهر فاذا اخذت من الخليج حتى ينتهى الى ديار الاسلام مما ورا النهر فهو نحو ثلاثة اشهر وا أخذت من حد المشرق حتى يقطع الى حد المغرب في أرض التبت و تمد في ارض التغزغز و خرخيز و على ظهر كيماك الى البحر فهو نحو اربعة اشهر

Ibn-Haukal, ms. de Leyde, fol. 6.

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que le Djénasdan étoit à l'orient, à l'extrémité du monde connu, et il ajoute la circonstance qu'il étoit très-fertile en soie (1). Depuis le 1x.° siècle, la tradition n'a jamais été interrompue; les Orientaux ont toujours connu la double route de terre et de mer, qui conduisoit dans ce pays. Cette connoissance même passa chez les Occidentaux: Marc Paul alla en Chine en traversant l'Asie, et en revint par la mer des Indes; des missionnaires et d'autres voyageurs, au contraire, allèrent par cette mer et en revinrent par la Tartarie. Ce qui s'est fait depuis le 1x. siècle, a dû se faire antérieurement. Nous aurons bientôt la preuve, par un grand nombre de faits, que les mêmes relations, soit politiques, soit commerciales ont toujours uni les deux extrémités de l'Asie, et qu'elles se sont connues réciproquement.

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Le plus ancien auteur Arménien qui parle du Djénasdan avec quelques détails, est Moyse de Khoren, qui a dû écrire son histoire peu après l'an 440: il avoit sans doute puisé ce qu'il en raconte, dans des auteurs plus anciens que lui. On va voir, par la description qu'il en fait, si on peut raisonnablement l'appliquer à un autre pays que la Chine. Le peuple dont il parle étoit un peuple civilisé, et jamais il n'y en a eu d'autres que les Chinois à l'extrémité de l'Asie. Les habitans du Djénasdan, dit-il, étoient le plus pacifique des peuples de la terre (2) c'est peu de les appeler amis de la paix, il joint à cette épithète celle d'amis de la vie (3), qui n'a pas besoin de commentaire. En parlant ensuite des diverses sortes d'ani

(1) Voyez ci-après cet ouvrage.

(2) Եւ զի, քան զամ` բնակեալս ՛ի վր երկրի, ասեն` խաղաղասէր any quqar kuum, &c: Mos. Khor. lib. II, cap. 78, p. 206. (3) Են խաղաղասէր, արդարեւ կենասէր աղգ Ճենաց • Ibid.

maux qui se trouvent dans ce pays et de ses productions naturelles, il a soin de remarquer qu'il fournit beaucoup de soie, բազմամետաքս. Plus loin il observe que ces robes superbes, dont peu de personnes pouvoient faire usage parmi les Arméniens, étoient là communes à toutes les classes du peuple (1).

La famille des Orpélians n'étoit pas la seule qui étoit venue de la Chine s'établir dans l'Arménie. Une race puissante, qui, sous le nom de Mamigonéans, joua un rôle important dans l'histoire de l'Arménie, dont elle défendit pendant plusieurs siècles l'indépendance et la religion contre les attaques des Persans, en tiroit aussi son origine. Comme c'est deux siècles environ avant Moyse de Khoren, que les Mamigonéans s'établirent en Arménie, et que cet historien étoit né dans un bourg qui faisoit partie de leur principauté, il est fort probable que c'est de ces princes eux - mêmes, ou bien des descendans des Chinois qui les avoient accompagnés, qu'il tenoit les détails qu'il nous fournit sur le Djénasdan. Voici, selon cet historien, le récit des événemens qui les forcèrent d'abandonner leur patrie, pour venir en Arménie:

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<< Pendant les dernières années de la vie d'Ardeschir, un » certain Arpog étoit djenpagour; c'est ainsi que, dans leur » langue, les peuples du Djénasdan appellent le titre royal; il » avoit deux neveux, Peghtokh et Mamkon, qui étoient des princes distingués. Peghtokh calomnia Mamkon, et le roi Arpog ordonna de le faire mourir. Quand Mamkon en fut » informé, il ne se rendit pas à l'invitation du roi, qui l'appe'oit auprès de lui, mais, au contraire, il se sauva avec les siens

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(1) իսկ՝ պատուականք առաւել զգեստուց, եւ սակաւուց ազատ uke's Smumquqwg rig t qgkumi Mos. Khor. lib. 11, cap. 78, p. 206.

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» et se réfugia auprès d'Ardeschir, roi de Perse. Arpog envoya >> des ambassadeurs pour le redemander; mais comme Ardes>> chir ne fit pas d'attention à sa demande, le roi du Djénasdan » se prépara à lui faire la guerre. Ardeschir mourut alors, et » Schabouh ( Schahpour ) lui succéda. Ce prince ne livra » pas Mamkon à son souverain; mais il ne lui permit pas de » rester dans la Perse, et il l'envoya comme en exil auprès » de ses gouverneurs en Arménie; puis il fit dire au roi du » Djénasdan de ne point s'inquiéter de ce qu'il n'avoit pu >> remettre Mamkon entre ses mains, parce que son père » avoit juré par la lumière du soleil de le protéger. Je pense » avoir assez fait pour vous, ajoutoit-il : je l'ai chassé de mes » états; je l'ai envoyé à l'extrémité de la terre, au lieu où le soleil » se couche, ce qui est comme une mort certaine. Qu'il n'y ait » donc pas de guerre entre vous et moi. Comme les habitans. » du Djénasdan sont, à ce qu'on dit, les plus pacifiques des » habitans de la terre, on se contenta de cette explication » pour faire la paix (1). »

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(1) Յամս կատարման կենաց Արտաշրի, Արբոկ ոմն Ճենբակուր , ոպ ասի ի նց լեզուն, պատիւ թագաւորութե . սորա երկու եղբօր որդիք, Բղդոխ, եւ Մամգոն՝ անուն կոչեցեալ, մեծ- նախարարք. եւ չարախօսեալ Բղդոխայն զՄամգոնայն. հրամայեաց Արբոկ, Թագաւորն Ճենաց սպանասել զՄամառան. զոր իմացեալ Մամգոնայն, ոչ զայ ՛ի կոչ արքայի, այլ փախուցեալ աղխիւ իւրով, անկանի առ Ար տաշիր՝ թագաւոր Պարսից. եւ Արբոկ Հրեշտակս առւաքէ՝ խնդրել զնա, եւ ի չլսել Արտաշրի, պատերազմ ի վր նր յօրինէ թագաւորն Ճենաց, եւ իսկույն՝ մեռեալ Արտաշրի, թադաւորէ Շապուհ : Արդ՝ թէպէտ եւ ոչ տայ Շապու7 զՄամգոնն ի ձեռս տեաւն իւրոյ, այլ՝ եւ ոչ Արեաց երկրին Թողու, բայց ամ՝ աղխիւն իւրով առաքէ զնա, իբրեւ՝ զվտարանդի, առ դործակալս իւր, յաշխարհիս Հայոց, եւ այլէ՝ Թագաւորն Ճենաց, ասելով, թէ մ թուեսցի քեզ դժու ւարին, ղի ի ձնռւս քո iiչ կարացի տալ զՄամգոն, եւ վս ղի՝

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