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pays. Voici quelle fut la cause de cet événement. Une troupe con» sidérable de Ghozz [les Ouzes] de la Transoxane étoit venue vers » Ibrahim-Inal, qui leur dit: Mon pays ne peut pas suffire pour vos » habitations et pour ce qui est nécessaire à votre consommation ; il faut » entreprendre une expédition contre les Romains; vous combattrez dans » la voie de Dieu, et vous pourrez acquérir du butin, Je marcherai sur » vos traces, et je vous soutiendrai dans votre entreprise. Les Ghozz >> agirent en conséquence, et se mirent en marche, d'après son avis. » Ibrahim les suivit bientôt. Ils s'avancèrent jusqu'à Melazkerd, Arzen»erroum et Kalikala (a), d'où ils pénétrèrent jusqu'à Trébizonde, » et dans tout le pays qui en dépend. Une puissante armée de Romains » et d'Abkhaz (b), qui s'élevoit à cinquante mille hommes, s'avança ›à leur rencontre. On en vint aux mains, et le carnage fut consi» dérable : plusieurs fois on revint à la charge, et la victoire fut long» temps indécise; enfin elle resta aux Musulmans, qui tuèrent un grand » nombre de Romains, les mirent en fuite et prirent une grande quantité de leurs généraux (b, les patrices), parmi lesquels » étoit Libarith, roi des Abkhaz (c), qui offrit trois cent mille dinars » pour sa rançon. Il en présenta sur le champ cent mille, qu'on n'accepta »pas; et Ibrahim-Inal continua de parcourir tout ce pays et de le >> ravager, jusqu'à la distance de quinze journées de marche de Constantinople. Les Musulmans se rendirent les maîtres de toutes » ces régions, saccageant et pillant tout ce qui s'y trouvoit ; ils y firent >> plus de cent mille prisonniers, et prirent une quantité incalculable » de bêtes de somme, de mulets, de dépouilles et de richesses. On » raconte qu'il fallut dix mille chariots pour transporter leur butin,

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(a) Kalikala et Arzen-erroum sont ici deux villes distinctes, quoique nous ayons dit dans notre premier volume, page 69, qu'il paroissoit que ce fût la même chose. Selon les écrivains Arabes, Kalikala est la ville de Garin, et c'est sans doute la corruption du nom Armenien de чuppr punup Garin-k’haghak'h, qu'on donnoit à Théodosiopolis. Après la destruction d'Ardzen, ow Arzen-erroum, ses habitans passèrent dans cette ville et lui donnèrent le nom de leur patrie. (b) On voit par plusieurs passages de Cédrénus (tome II, pages 718 et 761.), que les Géore giens étoient alors nommés souvent Abkhaz ou Abasges, 'Abaryci.

(c) On lit dans le manuscrit bb, nom évidemment corrompu, qui ne peut être que celui

de Libarid, qui, dans cette bataille, commandoit les Géorgiens et fut fait prisonnier. Nous pensons qu'il faut le restituer ainsi Lefarith. Comme ce prince avoit le suprême commandement des troupes Géorgiennes, que le roi ne se mêloit point de ce qui étoit relatif à la guerre, et que Libarid possédoit réellement la moitié du royaume, ainsi qu'on le verra bientôt, Ibn-alathir a bien pu avec quelque raison lui donner le nom de rei des Abkhaz.

» dont la longueur occupoit en totalité un espace de dix-neuf mille cou»dées. Une autre troupe de Ghozz étoit entrée avant eux sur le ter>> ritoire des Romains; mais le chef (a) qui la commandoit, étoit » revenu auprès de Thoghrul-Begh, sans avoir pu faire grand'chose, » et après avoir perdu une grande partie de ses compagnons. Ce fut » après lui qu'Ibrahim-Inal entreprit son expédition et fit ce que nous

>>> avons raconté. »

Le même auteur raconte ensuite (tom. IV, folio 10 verso) comment Libarid recouvra sa liberté, en l'an 441 de l'hégire [ 1049 et 1050 de J. C.], un an après avoir été fait prisonnier. Le sultan ThoghrulBegh exigea, à cette époque, que son frère Ibrahim-Inal lui livrât la ville de Hamadan et les forteresses qu'il possédoit dans le Kouhistan ; celui-ci s'y refusa, et il en résulta une rupture entre eux. Leurs troupes en vinrent aux mains: Inal fut vaincu, et contraint de se réfugier dans la forteresse de Sermadi, lo, où son frère vint l'assiéger. Pendant que Thoghrul-Begh étoit devant ce fort, il envoya demander à Nasir-eddaulah, fils de Merwan, roi du Diarbekr, de faire la prière publique en son nom, pour marque de sa sujétion. Ce prince y consentit.aż śl Jugly

الدولة بن مروان يطلب منه اقامة الخطبة له فى بلاده فاطاعه وخطب له ,Le fils de Merwan possédoit une partie de l'Arménie . في ساير ديار بكر

avec une portion de la Mésopotamie, et étoit feudataire de l'empereur grec. Il paroît, quoique l'auteur Arabe ne le dise pas, que ce monarque profita des rapports que son vassal eut alors avec Thoghrul-Begh, pour faire la paix avec lui; car il dit que, dans ce temps, l'empereur écrivit au sultan, et qu'il lui envoya de grands présens, en demandant de conclure un traité auquel ce dernier consentit. L'empereur alors envoya dire au fils de Merwan de faire tous ses efforts pour obtenir le rachat du roi des Abkhaz (Libarid). Nasir-eddaulah dépêcha aussitôt pour cet objet le docteur de la loi Abou-abd-ullah, fils de Mihran; et Theghrul-Begh renvoya son prisonnier sans rançon. Les deux princes rivalisèrent de générosité, et l'empereur envoya de grands présens au sultan pour le prix de la liberté de Libarid, et il fit construire une

(a) Ce chef étoit sans doute Asan le Sourd, dont il est question dans le long morceau de Cédrénus que nous avons rapporté dans cette note; mais, selon cet historien, le général Turk fut tué dans cette expédition.

mosquée à Constantinople, dans laquelle on fit la prière publique au nom de Thoghrul-Begh, alors le plus puissant des princes musulmans.

وراسل ملك الروم طغرلبك وارسل اليه هدية عظيمة وطلب منه المعاهدة فرآو فاجابه الى ذلك وارسل ملك الروم الى ابن مروان يساله ان يسعى في الله بن عبد ملك الانجاز المقدم ذكره فارسل نصر الدولة شيخ الاسلام ابا فعظم ذلك عنك فدآء فعظم بغیر مهران فى المعنى الى السلطان طغرلبك فاطلقه ملك الروم وارسل عوضه من الهدايا شيا كثيرا وعمر مسجد القسطنطينية -Il est aussi question dans Aboul و اقاموا فيه الصلوة والخطبة الطغرلبك

وعند

2

les

féda (Annal. Moslem. tom. III, p. 130) de ce fait important, que historiens Grecs ont passé sous silence. Cédrénus avance même (tom. II, p. 775) que les négociations entamées après la délivrance de Libarid n'eurent pas de suite.

Abou❜lfaradi parle également, dans sa Chronique Syriaque (p. 243, et vers. Lat. p. 248 et 249), des mêmes événemens, mais d'une manière un peu différente. Selon lui, en l'an 442 de l'hégire [1050 et 1051 de J. C.] et 1361 de l'ère des Grecs [1049 et 1050], par conséquent en l'an 1050, le sultan Thoghrul-Begh envoya un ambassadeurau fils de Merwan, prince de l'Arménie, old,

pour qu'il reconnût son empire; et celui-ci, pour lui marquer son entière soumission, lui envoya, entre autres présens, un général

Romain prisonnier, oj, kojoj po vello), qu'il avoit

refusé de rendre pour trente mille dinars`, en disant qu'il n'avoit pas de présent plus digne du sultan Thoghrul-Begh. Peu après, Constantin Monomaque écrivit au fils de Merwan, pour qu'il demandât en son nom au sultan la délivrance de son prisonnier, ne doutant pas que ce généreux prince ne la lui accordât sur-le-champ. Son attente ne fut pas trompée: Thoghrul renvoya ce général, sans rançon et sans échange. L'empereur, pour ne pas être vaincu en générosité, fit restaurer la grande mosquée des Musulmans à Constantinople, et paya lui-même les gens qui la desservoient. Ce passage nous donne lieu de croire que long-temps ayant Thoghrul-Begh, les Musulmans avoient déjà eu une mosquée dans la ville impériale. On ne peut douter, par les détails que l'on vient de lire, que le général dont parle Abou❜lfaradj ne fût le roi des Abkhaz d'Ibn-alathir, et, par conséquent, Libarid. Mais comment expliquer l'espèce de contradiction qui se trouve dans

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leurs récits! Comment Libarid, prisonnier d'Ibrahim-Inal, pouvoit-il se trouver entre les mains du prince Mérouanide! Ne seroit-ce pas parce que le prince Seldjoukide, rebelle, le lui auroit envoyé après sa défaite; et il est naturel, en effet, de penser que Libarid étoit au pouvoir d'Ibrahim, son vainqueur. Ce sont ces relations mêmes qui auront donné lieu à la demande que Thoghrul fit au prince Mérouanide, de faire dire la prière publique en son nom dans ses états; et celui-ci, pour le convaincre de sa soumission, lui aura remis le captif qu'Inal lui avoit confié, et qui n'auroit pu se trouver entre ses mains que de la façon que nous avons dit, car le fils de Merwan étoit dépendant de l'empereur Grec.

(2) J'ai ajouté au texte les mots ʼn uppшynípt, qui me paroissent avoir été oubliés par les copistes, et qui sont absolument nécessaires pour l'intelligence de ce passage.

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(3) Je pense que notre auteur s'est trompé en donnant le nom de David au prince qui régnoit en Géorgie à l'époque de l'invasion des Seldjoukides en Arménie. On voit par les autres écrivains Arméniens (Tchamtchéan, Hist. d'Arm. tom. II, p. 951), et par le témoignage des Grecs (Cédrénus, tom. II, p. 770), qu'un certain Pakarad, fuquin, ou Пalxenos, de la race des Pagratides, étoit alors roi de Géorgie: c'est certainement Bagrat IV, fils de George I, qui, selon les historiens Géorgiens (Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 173 et 174), occupa le trône depuis l'an 1027 jusqu'en 1072. Cette erreur vient sans doute de ce que l'archevêque de Siounie, comme nous aurons au reste encore occasion de le remarquer, s'est trop confié à sa mémoire pour composer son Histoire.

(4) Ce prince est Kakig, roi des Pagratides, à Kars, dans le pays de Vanant, qui régnoit effectivement à cette époque; et il me semble qu'Étienne Orpélian l'a confondu avec Kakig II, dernier roi des Pagratides, à Ani, puisqu'il lui a donné le surnom de Schahanschah, qui n'appartenoit qu'aux princes d'Ani, ville qui, depuis plusieurs années, étoit au pouvoir des Grecs. Il seroit possible cependant que les Arméniens, après la destruction du royaume des Pagratides, à Ani, eussent transporté le titre de Schahanschah aux princes de la même race qui régnoient à Kars; car Mathieu d'Édesse (ms. Arménien, n.o 95, fol. 103, recto) et Samuel d'Ani (ms. Arménien, n.o 96, fol. 39, recto) le donnent à Kakig, dernier roi de cette ville.

(5) Notre auteur imite ici les écrivains Grecs, qui donnent souvent aux Arabes et aux Musulmans en général le nom d'Ismaélites où celui d'Agaréniens.

(6) Les Khuzaks sont une des nations Turques qui, au commencement du XI. siècle, passèrent le Djyhoun avec les Ghozz ou Ouzes, et entrèrent dans la Perse sous les ordres des princes Seldjoukides. Comme les Kirghiz portent aussi ce nom, ces Khazaks ne sont peut-être qu'une division de ce peuple puissant, répandu dès longtemps depuis les bords de la mer Caspienne jusqu'aux frontières de la Chine. C'est la première fois qu'il est question des Khazak dans l'occident. Ils vinrent peu après s'établir en Géorgie, avec d'autres tribus Tartares, sous le règne de George II, qui occupa le trône depuis l'an 1072 jusqu'en 1089. (Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 174 et 175.) Leurs descendans y habitent encore, professent la religion Musulmane, et parlent un dialecte Turk particulier. Ils ont donné leur nom à un district de la Géorgie méridionale, situé sur la rive droite du Kour, entre les rivières de Ktsia et d'Indja. Ils y habitent mêlés avec des Arméniens. Le district de Kasakhi contient vingt-neuf bourgs ou villages. (Guldenstedt, Reise nach Georgien, tom. I, p. 361-365. — Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 51).

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(7) Ce sont les Ouzes ou Ghozz, et les autres Turks venus dans la Perse avec les Seldjoukides.

(8) Je lis puruukku, ils campèrent, au lieu de Funkyuu, ils habitèrent, qui se trouve dans l'édition de Madras.

(9) J'avois d'abord pensé que ce général étoit le même que Catacalon, surnommé Keravμivos [le Brûlé], que les Arméniens appellent Gamen you Gaménas brun, et qui, comme on a déjà pu le voir, selon Cédrénus et Mathieu d'Édesse, étoit le chef de l'armée combinée qui défendit l'Arménie contre les Seldjoukides. Ce qui me donnoit lieu de le croire, c'est qu'excepté Étienne Orpélian, aucun écrivain ne fait mention d'un Comnène dans le récit de tous ces événemens. Dans cette supposition, le nom de чnifupunn, qui se trouve dans notre auteur, n'y auroit été substitué par les copistes que parce qu'il étoit beaucoup plus connu que celui de un Gaménas. Cependant d'autres considérations d'un grand poids nous font penser que l'auteur de cet ouvrage a voulu effectivement parler d'un Comnène.

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