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Catacalon, surnommé Kexauμéros, étoit gouverneur d'Ani, et résidoit dans la grande Arménie, tandis que le personnage dont parle Étienne Orpélian fut envoyé, avec les troupes de Trébizonde, pour se joindre aux forces qui étoient en Arménie. La ville de Trébizonde, chef-lieu de la division militaire de Chaldée, ne dépendoit pas du gouvernement d'Ani ou de la grande Arménie, et Catacalon ne pouvoit en commander les troupes, à moins qu'on ne suppose qu'il eût quitté Ani pour aller les chercher et les joindre à celles qu'il avoit déjà; supposition difficile à admettre. Je pense plutôt qu'il est ici question d'un général inconnu jusqu'à présent, qui se trouva dans la guerre contre les Seldjoukides, et dont il faut joindre le nom à ceux de Catacalon, du Bulgare Aaron-Vestès, gouverneur du Vasbouragan, du prince Géorgien Libarid, et de Grégoire Arsacide, duc de Mésopotamie. Je suis même persuadé que ce général est Isaac Comnène, qui parvint à l'empire en 1057, après l'abdication de Michel Stratiotique. On voit dans Cédrénus (tom. II, p. 793), que, peu après la guerre que l'on soutint dans l'Arménie contre les Turks, Isaac Comnène étoit en Asie, avec le titre de maître de la milice, manos, et lié d'amitié avec Catacalon, alors duc d'Antioche. Depuis long-temps Isaac avoit le rang de maître de la milice, et à ce titre il avoit bien pu se joindre, avec les troupes de Trébizonde, aux forces qui étoient en Arménie, où l'on avoit pu l'envoyer de préférence à d'autres généraux, parce que son père Nicéphore Comnène avoit été gouverneur du Vasbouragan, après la cession qu'en avoit faite le roi Sénék’harim à l'empereur Basile II. (Cédrénus, tom. II, p. 711.) Sous le règne de Constantin Monomaque, Isaac Coninène avoit encore eu le titre de stratopédarque, sparodapzov, c'est-à-dire, inspecteur des camps. (Cédrénus, tom. II, p. 791.)

(10) Il faut substituer ici, comme au commencement du chapitre, le nom de Pakarad à celui de David.

•(11) Selon Cédrénus (tome II, page 770), Libarid, qu'il appelle Liparitès (en géorgien ce doit être Liparit ), étoit petit-fils d'un autre Liparitès, et fils d'un certain Horatius ['Oeanos], qui étoit mort en l'an 1023, en combattant contre l'empereur Basile II, à la tête des armées de Géorgie et du pays des Abkhaz, réunis alors sous un seul τοί: Ἦν ἢ ὁ Λιπαρίτης υἱὸς τὸ ἐπὶ τῇ βασιλέως Βασιλείου ἐν τῷ πρὸς τὸν Γεώργιον πολέμῳ ἀναιρεθέντος, Ορατός * Λιπαρίτου. (Cedrenus, tome II,

page 770.) Cependant, en parlant de l'expédition de Basile, le même écrivain dit que le général Géorgien qui fut tué dans cette occasion se nommoit Liparitès, et non Horatius: Time Aaims (co jog

tw aprespaτnges to Tewpyiw ). ( Cédrénus, tom. II, pag. 718. ) Aussi Lebeau a-t-il dit (Histoire du Bas-Empire, tom. XVII, pag. 74) que notre Libarid, ou Liparitès, étoit fils d'un autre Liparitès, qui avoit été tué vingt-six ans auparavant en combattant contre Basile. J'ignore dans lequel de ces deux endroits l'historien Grec s'est trompé ; car il est certain, par le témoignage des auteurs Arméniens, qu'il périt dans la guerre contre Basile un général Géorgien dont le nom ressembloit beaucoup à celui d'Horatius. Il seroit possible, à la rigueur, que le père et le fils eussent succombé dans la même guerre, ce qui concilieroit le tout. Ce bizarre nom d'Horatius, donné par Cédrénus à un prince Géorgien, me paroît être le même que celui de Rhad, ou Cum Erhad, que portoit un général de la même nation, qui, selon le chronographe Samuel d'Ani, commandoit les armées de George I.er, roi de Géorgie, dans la guerre dont parle Cédrénus. Ce général et son frère Zovad étoient très-célèbres par leur courage. Dans la guerre dont nous avons parlé, Rhad tomba dans un marais de la province de Schirag, où il fut tué, et son frère Zovad fut fait prisonnier. Voici les passages dans lesquels Samuel d’Ani en parle ։ Վասիլ թագաւորն աւերեաց զՎրաց տուն եւ արար անմարդ քսան եւ չորք գաւառւս, սրով, հրով եւ սովով, եւ էին ղօրա վարք Վրաց Ռատն եւ Ջուատն եւ խրեալ ՚ի մեր Ռան ՚ի դաշտին Chpшhu: (Ms. Arménien, n.o 96, fol. 37 recto.) « L'empereur Basile >> ruina le pays des Géorgiens et dépeupla vingt-quatre provinces par le » fer, le feu et la famine. Les généraux des Géorgiens étoient Rhad et » Zovad; le premier périt dans un marais de la province de Schirag. Le même auteur s'exprime ainsi peu après : Ըւատն եւ Ջուան եղբարք Հարաղատք բազում քաջութիս ցուցին ընդդէմ` կայսերն Յունաց, Վասլի : Բայց յետոյ խրեցաւ Ռատն ՚ի մծը եւ սպասան եւ կալեալ Ջո Ճատն. իսկ` թագաւորն վրաց ետ զորդին իւր եւ թափեաց Ջուատն : « Erhad et Zovad, frères fidèles, qui montrèrent beaucoup de cou» rage, contre l'empereur des Grecs, Basile. Rhad tomba dans un » marais et fut tué; et Zovad ayant été pris, le roi de Géorgie » donna son fils pour le délivrer. » L'Horatius de Cédrénus étant le Rhad des Arméniens, il n'y a aucun doute que son fils Liparitès

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ne soit Libarid, qui s'illustra dans les guerres contre les Seldjoukides. Nous avons par-là le moyen de remonter de deux degrés la généalogie des princes Orpélians, jusqu'au commencement du XI. siècle. Le père et le grand-père du fameux Libarid seroient morts à-peu-près à la même époque. Il reste cependant à lever encore une petite difficulté, c'est que, comme on a déjà pu le remarquer, selon Mathieu d'Édesse, Libarid étoit frère et non fils de Rhad; mais nous ne balançons pas à préférer le témoignage de Cédrénus à celui de Mathieu, parce qu'il est plus ancien que lui, et parce qu'il avoit plus de moyens d'être instruit de la vérité, à cause des fréquens rapports qui existoient alors entre l'empire Grec et la Géorgie; que d'ailleurs Libarid étoit venu plusieurs fois à Constantinople, et qu'il avoit conclu divers traités avec les empereurs. Enfin, si Libarid étoit frère de Rhad ou Horatius, il seroit fils de Libarid, mort en combattant contre Basile, ce qui seroit contraire à l'usage presque constant des Arméniens et des Georgiens, ainsi que des anciens Grecs, de donner aux enfans le nom de leur aïeul.

(12) Voici des faits qui expliquent pourquoi Libarid exigea de son roi tant de sermens et de sûretés. Cédrénus raconte (t. II, p. 770) que le roi de Géorgie, Pancratius [ Pakarad], Пayxpános o ms 16nelas après, homme très-vicieux, s'étoit emparé de la femme de Libarid et l'avoit violée. Le prince Orpélian, outré de cette injure, avoit pris les armes, et fait subir un pareil traitement à la mère de Pancratius, après avoir vaincu ce prince et l'avoir contraint de fuir, à travers le Caucase, dans l'intérieur du pays des Abkhaz. Quand Libarid fut maître du royaume, il envoya un message à Constantinople, demanda et obtint l'alliance et l'amitié de l'empereur. Dans le même temps, Pancratius, qui s'étoit enfui par le pays des Souanes et la Colchide, descendit le Phase et vint à Trébizonde, d'où il fit savoir à l'empereur qu'il iroit bientôt à Constantinople pour conférer avec lui sur les affaires de son royaume, se plaignant de ce qu'on avoit traité avec son sujet rebelle. Il se soumit cependant à l'arbitrage de l'empereur, qui régla qu'il posséderoit toute la Géorgie et le pays des Abkhaz, tandis que Libarid auroit toute la Meschie, Megía, pendant sa vie, et reconnoîtroit Pancratius pour son souverain: “O dù Ο γέγονε τη σπουδή το βασιλέως, απεισαμένων ἀλλήλοις, ὥσε τὸν μὲ Παγκρά Στον κύριον εις καὶ ἀρχηγὸν πάσης τῆς Ἰβηρίας και Αβασγίας, αὐτὸν ἢ μέρους

άρχοντα της Μελίας δια βίου κύριον ἐκεῖνον ἔχειν καὶ βασιλέα. (Cédrénus, tom. II, pag. 770.) Je crois qu'il faut entendre par la Meschie, toute la partie méridionale de la Géorgie, depuis la Colchide jusqu'au Cyrus, et qui étoit séparée de l'Arménie par les monts Moschiques, Moschici montes des anciens. On voit que ces événemens expliquent suffisamment les craintes de Libarid.

(13) Dans le texte, 4ku Duquíìnpnɩ(þĹ“, c'est-à-dire, une demiroyauté; ce qui vient de ce que, comme on l'a vu dans la note précédente, Libarid possédoit tout le midi de la Géorgie. Aussi Cédrénus dit-il (t. II, p. 770) que Libarid étoit le plus puissant des Géorgiens après Pancratius. Μεγάλα και τον ΠαΓκράπον δυνάμενος ἐν τοῖς Ἰβηρσιν. Les expressions de notre auteur prouvent aussi que, comme Cédrénus, on doit placer les troubles intérieurs de la Géorgie avant l'invasion des Seldjoukides en Arménie, et non, comme Tchamtchéan (tom. II, pag. 951) l'a fait, après que Libarid fut revenu de sa captivité en Perse. Ce dernier, au reste, ne parle de ces événemens que d'une manière fort succincte et fort inexacte, d'après un passage de l'historien Vartan, qu'il ne nous paroît pas avoir bien entendu.

(14) Dans l'arménien, qui azad, mot qui signifie un homme libre. (15) Dans le texte, ' qopuyu uppnuh, des troupes royales, parce qu'elles avoient été fournies par Kakig, roi de Vanant, dont le titre étoit en arménien uppшy ark’haï, qui signifie roi.

(16) Dans le texte, opp nung, les troupes des Romains, parce que les Grecs du Bas-Empire ne portoient pas d'autre nom que celui de Romains. (17) Je lis puu au lieu de punt, qui est dans l'édition

de Madras. Voyez la note 8,

(18) Le mot 2bp schimschir, qui signifie glaive, n'est point arménien et ne se trouve pas dans les dictionnaires. C'est le mot

شمشیر Persan

(19) La ville de Téflis, capitale de la Géorgie, est appelée maintenant par les Arméniens P3⁄4¿L· Thifliz; ils la nommoient autrefois Shhh Dep'hkhis. Ce sont les Persans et les Turks qui lui donnent le nom de Téflis. Les Géorgiens l'appellent Homolo Tp'hilisi, ou Tozomobo JómsJo Tphilis-k'halak’hi, ou ფილისი JS

la ville chaude, à cause de ses bains chauds. Abou'lféda (ms. Arabe, n.o 578, fol. 98 recto) parle des eaux thermales de cette ville, qui

ressembloient à celles de Tibériade, dont les eaux sont bouillantes

وبها حمامات مثل حمامات طبرية وماوها ينبع : sans le secours du feu بغیر نار

L. Elle fut fondée, vers l'an 469, par le roi Vakhthang 1.′′ (Klaproth, Reife in den Kaukasus und nach Georgien, t. 1.", p. 734.) Le premier auteur Grec qui en parle est Théophanes de Byzance, qui vivoit dans le VI. siècle de notre ère. Il la nomme Tigris ( apud Phot. Bibl. cod. LXIV, pag. 39, edit Höschel. ).

phy

(20) Je me sers de ces deux noms pour rendre ceux de Barsits, et de Upking Areats, qui sont dans le texte. On peut voir, sur l'origine du dernier, notre premier volume, page 275.

CHAPITRE III.

(1) Le mot de ti ne se trouve pas dans les dictionnaires; il paroît, par plusieurs passages de cet ouvrage, qu'il signifie noble ou prince; je le traduirai désormais ainsi. Je pense qu'il est Géorgien.

(2) Le nom de ce prince est, dans l'arménien, Arp'haslan: on le trouve écrit de diverses autres façons dans les auteurs Arméniens, mais toujours d'une manière corrompue..

(3) On peut voir ce que nous avons dit, dans notre premier volume, de la conquête de l'Arménie par les Seldjoukides. Si notre auteur s'étoit étendu sur cette seconde expédition, comme il l'a fait pour la première, nous aurions rapporté le texte et la traduction du récit qui s'en trouve dans l'Histoire de Mathieu d'Édesse, en arménien, et dans celle d'Ibn-alathir, en arabe; mais, pour ne pas prolonger cette note d'une manière démesurée, nous nous bornerons à donner ici le sommaire de leurs narrations, d'ailleurs surchargées de détails inutiles. Mathieu d'Edesse raconte donc (ms. Arménien, n.o 95, folio 101 recto-103 verso, et ms. n.o 99, folio 155 verso-159 verso) qu'en l'an 513 de l'ère Arménienne [1064 de J. C.], le sultan Apolan [Alp-Arslan], frère et successeur de Thoghrul-Begh, fit prendre les armes aux Persans, à toutes les tribus des Turks, et à tous les peuples depuis le Khouzistan jusqu'au Sedjestan, pour faire la conquête de l'Arménie. Il attaqua d'abord l'Albanie, où il mit tout à feu et à sang, et il envoya ensuite des ambassadeurs vers le roi Pagratide Giourigé,

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