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fils de David Sans-terre, pour lui demander sa fille en mariage. La crainte le fit consentir à la demande du sultan, qui fit amitié avec lui et conclut une alliance, puis le renvoya avec de grands. présens dans la ville de Lorhi. De là le sultan se dirigea vers la Géorgie, où il commit les mêmes ravages; il entra dans la province de Dchavalkh Qui [Djavakheti des Géorgiens], où il assiégea la ville d'Akhal luz, actuellement Akhal-k’halak’hi, qui fut prise, et où l'on fit un épouvantable carnage. Le sultan vainqueur s'avança ensuite vers l'Arménie, et vint camper devant la ville royale d'Ani, capitale du pays, qui avoit été autrefois la résidence des rois Pagratides, et qui étoit alors au pouvoir des empereurs Grecs. Cette ville, la plus grande et la plus belle des cités de l'Arménie, renfermoit une immense population, et l'on y comptoit mille et une églises où l’on_disoit la messe, Հազար եւ մեկ եկեղեցի ի պատարադի կայր ի JU; elle étoit entourée d'une enceinte de pierres, et le fleuve Akhouréan l'environnoit de tous les côtés, excepté dans un seul endroit, de la longueur d'une portée de flèche, ou d'un ukip'uhby nedengets, mesure Arménienne, dont nous ne connoissons pas au juste la valeur. Les Turks dressèrent des machines devant cette partie de la ville, et parvinrent à renverser la muraille, sans pouvoir, après de rudes combats, pénétrer dans l'intérieur. Lassé de la longueur du siége, Alp-Arslan vouloit se retirer, quand l'Arménien Pakarad et le Géorgien Grégoire, fils de Pakouran, gouverneurs de la ville pour l'empereur Grec, qui ignoroient le dessein du sultan, et qui pensoient qu'après la brèche faite aux murs, ils ne pourroient encore se défendre. long-temps, prirent le parti de se retirer dans les forts supérieur et inférieur, pkpphù phpq, qui étoient indépendans de la ville; et ils exécutèrent leur résolution dans le temps même que les Turks commençoient leur retraite. La pusillanimité des gouverneurs jeta le désespoir dans la ville, et les habitans abandonnèrent le soin de leur défense. Quand les Turks en furent informés, ils revinrent attaquer la ville et ils y entrèrent sans éprouver de resistance. Nous passons. le détail des dévastations et des massacres qu'ils y commirent. Jean Scylitzes (ad calc. Cedren. tom. II, p. 815) parle d'une manière très-succincte du siége et de la prise d'Ani. Selon Arisdagès Lasdiverdtsi, historien contemporain, cité par Tchamtchéan (tom. II, p. 982), elle fut prise le 30 du mois de maréri, qui répondoit au 6 juin de l'an 1064 de Tome II. P

J. C. [513 de l'ère Arménienne]. Nous allons joindre au récit de Mathieu d'Édesse celui d'lbn-alathir, qui est bien plus détaillé en divers points, et qui est, en général, fort curieux. Selon cet historien, le sultan Alp-Arslan partit, avec son armée, de Rey, dans l'Yrak Persan, le premier jour de reby-alawal [22 février] de l'an 456 de l'hég. [1064 de J. C.], se dirigeant vers l'Aderbaïdjan, pour faire la guerre aux Romains. Quand il fut à Marand, l'émir Turkoman Toghtekin, qui connoissoit le pays, vint le joindre avec un grand nombre de tribus, et forma son avant-garde, pour le guider dans les lieux difficiles. Le sultan s'avança jusqu'à Nakhidchevan, Nakdjewan], et donna l'ordre de rassembler des barques pour passer l'Araxes. Là, on lui dit que les habitans de Khoy et de Salmas, dans l'Aderbaïdjan, lui refusoient l'obeissance et se fortifioient chez eux; il fit donc partir le gouverneur du Khorasan, ou, qui les fit bientôt rentrer dans le devoir. Leur contingent vint même rejoindre le sultan, qui étoit resté à Nakhidchevan, où il rassembloit toutes ses troupes, et où il fut joint par tous les rois du pays. Il entra ensuite en campagne contre les Géorgiens,, et il confia le commandement de l'armée à son fils Malek-Schah et à son visir Nedham-almoulk, qui allèrent aussitôt assiéger une forteresse défendue par une nombreuse

le gouverneur fut tué, et : فيها جمع كثير من الروم,garnison Romaine

Մարի

elle fut bientôt prise. Ils allèrent de là attaquer Soumary slow, place qui avoit dans son sein des sources et des jardins, et ils s'en rendirent maîtres. Je pense que cette forteresse est la même que celle qui est nommée par les écrivains Orientaux modernes Sourmary, par Abou❜lfeda (ms. Arabe, n.o 578, folio 98 recto) show Sourmary, et par les Arméniens Fuph Mari, ou Uplin Sourmarhi, corruption de J2pp Ƒшph Sourp-Mari [ Sainte-Marie]. Elle se trouve mentionnée dans Cédrénus (tom. II, p. 764), sous la dénomination de Ayia Macia, Sainte-Marie. Après la prise de Soumary, MalekSchah se rendit maître d'une autre forteresse, qu'il voulut détruire, mais qu'il conserva cependant, sur l'avis de Nedham-almoulk, parce qu'elle étoit sur la frontière du pays occupé par les Musulmans. II y déposa des trésors et des armes, et la donna à l'émir de Nakhidchevan. Le fils du sultan vint ensuite attaquer la ville de Mariam-neschin, [en persan, la demeure de Marie]. D'Herbelot rapporte, d'après des écrivains qui nous sont inconnus, qu'elle étoit située au

milieu d'un lac, ce qui nous feroit croire que c'étoit le monastère de Sévan, situé sur le lac de ce nom et dans une ile de difficile accès. Le nombre des moines, des prêtres et des rois chrétiens qui s'y trou

وفيها كثير من الرهبان : voient, égaloit celui des habitans de la ville والقسيسين وملوك النصارى وعامتهم يتقربون الى اهل هذه البلدة

C'étoit, continue Ibn-alathir, une superbe ville, environnée par une muraille faire avec de grandes pierres, et garnie de croix attachées avec du plomb et du fer, et défendue par un grand fleuve. Les Musulmans montèrent sur les barques qu'ils avoient amenées, et donnèrens l'assaut à la ville, qui fut emportée après une vigoureuse résistance: les habitans furent tous passés au fil de l'épée ou emmenés en capti vité, et les édifices furent tous renversés et livrés aux flammes. Après cette conquête, Alp-Arslan rappela son fils, qui, en venant le joindre, prit et saccagea tous les forts qu'il rencontra sur sa route. Ils rentrèrent bientôt en campagne ensemble, et vinrent attaquer Sebid-schehr sa [c'est-à-dire, en persan, la ville blanche]; c'est Akhalk'haluk'hi en Géorgie. Voyez notre premier volume, page 84. Les habitans firent une résistance opiniâtre, et beaucoup de Musulmans y trouvèrent la mort; mais à la fin elle resta en leur pouvoir. AlpArslan vint ensuite assiéger une autre viile appelée Lal, JY, située dans une position inexpugnable, sur deux montagnes très-élevées, et environnée au nord et au midi par un grand fleuve: malgré le courage des Géorgiens, le sultan s'en empara dans le mois de redjeb [juin et juillet] de l'an 456 de l'hégire [ 1064 de J. C. ]. Ce prince dirigea ensuite sa marche du côté des villes de Kars, ( dans le manuscrit), et d'Any, y, c'est-à-dire, vers le midi; il passa par deux endroits, Sil-wardeh et Loureh (a), dont les habitans embras

بوره

(4) Ces deux endroits sont nommés, dans l'auteur Arabe, ögum eto, que je lis Ce dernier me paroît être la ville de Lorhi Lon, que les Arméniens appellent aussi Loph Loré. (Voyez notre premier volume, pag. 84 et 85.) L'autre endroit, que l'auteur appelle Sil-wardeh, me paroît être un lieu appelé Vartaplour, чupu¿¿nzp, situé à une petite distance

de Loré. Ce nom signifie en arménien colline de la rose, et l'arabe Sit-wardeh signifie le torrent de la rose. Le nom Arménien ne se donne plus maintenant qu'à une montagne; mais rien ne s'oppose à ce qu'il ait existé dans son voisinage, au XI. siècle, une ville appelée d'un nom à-peuprès semblable. Loré et Vartaplour se trouvent au reste, comme Sil-wardeh or Loureh, sur la route qui conduit d'Akhal-k'halak'hi à Kars.

sèrent le musulmanisme et détruisirent leurs églises. Le sultan, en quittant ces deux villes, arriva devant Ani, cité superbe et puissante, dans laquelle on comptoit plus de cinq cents églises. Elle étoit divisée en quatre quartiers, dont trois étoient sur le fleuve Araxes (a), et le dernier sur une autre rivière très-profonde, de manière que les approches de cette ville étoient fort difficiles. On dressa des machines, et, après des combats multipliés, on parvint à faire une large brèche à la muraille et à s'en rendre maître. Le sultan, transporté de joie d'avoir fait une conquête aussi importante, en fit rédiger le bulletin officiel ¿ì lïs, qu'il envoya à Baghdad, au khalife. Il y laissa ensuite un émir avec une puissante armée, et s'en revint à Ispahan. Avant de partir, il accorda la paix au roi de Géorgie, qui l'avoit demandée, et le contraignit de payer un tribut annuel. (Ibn-alathir, ms. Arabe non coté, tome IV, folio 67 recto-69 recto.) Grégoire Abou❜lfaradj, surnommé Bar-Hebræus, n'a pas parlé, dans sa Chronique Arabe, de la conquête de l'Arménie pas le sultan Alp-Arslan ; mais il fait mention de la prise d'Ani dans sa Chronique Syriaque (texte Syriaque, pag. 256 et 257, version Latine, pag. 262 et 263): il la place en l'an 456 de l'hégire [1064 de J. C ], et non en l'an 475, comme on le voit dans la traduction Latine. Cet historien commet la même erreur qu'Ibn-alathir, en plaçant Ani sur le grand fleuve Araxes, l;, ; lio, qui l'environne de trois côtés, tandis que l'autre est fermé par un canal profond, Lawas, qui est sans doute la même chose que le g d'Ibn-alathir ; ce qui fait croire qu'Ani étoit dans une presqu'île formée par le confluent des deux rivières dont nous avons parlé,' dont l'isthme étoit coupé par un canal, de manière à en former une ile; aussi l'auteur Syrien ajoute-t-il que les habitans entroient et sortoient par des ponts. Elle contenoit, selon lui, sept cent mille maisons, ce qui nous paroît fort exagéré, et mille églises, comme le dit Mathieu d'adesse. Depuis la prise de cette ville, Alp-Arslan prit le surnom de vainqueur, al; e ; en arabe,

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نهر عمیق

Abou'l

(a) Ibn-alathir se trompe en plaçant la ville d'Ani sur l'Araxes; elle étoit située au confluent du fleuve Akhouréan avec la rivière Rhah, qui vient du lac de Balagatsis, au nord. Il est cependant vrai qu'elle n'étoit pas bien éloignée de l'Araxes, car ces deux rivières s'y jettent à une petite distance d'Ani, vers le midi.

fatah. Abou'lfaradj ne parle point de la paix que le sultan fit avec le roi de Géorgie; mais il dit (Chronique Syriaque, pag. 258, version Latine, pag. 264 et 265) qu'en l'an 459 de l'hégire [ 1066 et 1067 de J. C.], Alp-Arslan épousa la fille de la sœur de Fakrath, roi des Géorgiens et des Abkhaz : •A❤ L;ɔ AALL) | Ala 1,900 all island LA 1bol,o biz), laxf1:00, Logo

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. Ce roi étoit Bagrat IV, dont nous avons déjà parlé, et qui régnoit à cette époque. Le traducteur Latin de cette Chronique, George Guillaume Kirsch, ignorant sans doute ce que c'étoit que le nom d'Abkhaz, las), qui se trouve dans l'original, l'a négligé dans sa traduction, quoiqu'il ne fût pas indifférent de le conserver, puisqu'à cette époque, le roi de Géorgie prenoit toujours le titre de roi des Géorgiens et des Abkhaz, parce que les deux peuples étoient soumis à une seule domination. Le nom, même du dernier peuple prévalut souvent, comme nous l'avons déjà remarqué, et les rois de Géorgie furent souvent appelés simplement rois des Abkhaz. Le mariage d'Alp-Arslan avec la nièce de Bagrat se célébra dans la ville de Hamadan; mais le sultan se dégoûta bientôt de cette princesse, et la donna à un de ses officiers.

(4) Le mot kph, qui est dans le texte, signifie un jeune homme; mais il désigne aussi, d'une manière plus particulière, un homme qui, jeune encore, a déja atteint toute la vigueur de l'âge. She, en arménien, désigne toute la durée de la vie humaine. L'espace depuis la naissance jusqu'à l'âge de sept ans s'appelle kpfwynfi, infantia; depuis sept ans jusqu'à quatorze, units, pueritia; le temps depuis quatorze ans jusqu'à vingt-huit est désigné par le mot nquin wukynı, adolescentia; de vingt-huit ans à quarante-neuf, par le mot kph, juventus; de cinquante ans à soixantedix-huit, par celui de snu, senectus; enfin, pour le temps depuis soixante-dix-huit ans jusqu'à la mort, on se sert du mot qunwin, ætas decrepita.

Nous ignorons l'époque précise de la mort de Libarid, mais diverses circonstances vont nous aider à la déterminer. Libarid fut délivré de sa captivité en l'an 1050; il alla aussitôt à Constantinople, où il resta sans doute quelque temps, pour reconnoître les bontés de l'empereur envers lui: ainsi on ne peut guère placer son retour en Géorgie,

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