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de Téflis fut long. Notre auteur met sa prise en l'an 1123: nous avons déja vu que, selon Samuel d'Ani, ce fut en l'an 1124; mais suivant les écrivains Arabes, ce seroit plutôt; car, selon Abou❜lféda, ce fut en l'an 514 de l'hégire [1120 et 1121 de J. C.]; et Abou❜lfaradj (Chronique Arabe, texte, p. 378, ver ion Latine, p. 249) dit d'une manière plus précise que le siége commença en l'an 514, et que la ville fut prise en l'an 515 [1121 et 1122 de J. C.], ce qui nous fait croire qu'il faut placer cet événement en l'an 1121.

(6) Selon Samuel d'Ani (ms. Arménien, n.o 96, folio 41 recto), la ville de Lorhé étoit tombée au pouvoir des Musulmans en l'an 554 de l'ère Arménienne [1105 de J. C.]; elle avoit été prise par un général appelé Kizil ou Khezel, Juez, qui avoit brûlé en même. temps les deux monastères d'Haghpad et de Sanahin, qui sont dans le voisinage.

(7) Samuel d'Ani place la conquête d'Ani en l'an 573 de l'ère Arménienne [de J. C. 1124]. (Ms. Armenien, n.o 96, folio 42 recto). Elle étoit alors possédée par une famille d'origine Kurde, qui la tenoit en fief des sultans Seldjoukides. Nous avons dit, dans notre premier volume, p. 434, que nous ne connoissions cette race que par les écrivains Arméniens, et que nous ne pouvions pas, par conséquent, donner l'orthographe exacte des noms de ses princes. Nous avons trouvé depuis un passage du Kamel-altewarikh d'Ibn - alathir (ms. Arabe, non coté, tom. IV, folio 202 recto) qui en fait mention, et qui nous apprend que le premier émir de cette ville, appelé par les Arméniens Manoutché, un, portoit réellement le nom Persan de Menoutcheher, ou Menoudjeher, i. Il étoit frère de Fadhloun, whi (en arménien, þшm¿nu, P’had oun), émir de Tovin, de la tribu des, Kurdes Rewady, l. Voici comment Ani tomba au pouvoir des Géorgiens, selon Vartan, cité par Tchamtchéan (Histoire d'Arménie, tom. III, p. 44). Les habitans d'Ani et de Schirag, ruinés par les courses des Musulmans, étoient gouvernés par Abou'lsewar, fils de Manoutché ou Menoutcheher, homme sans courage, qui vouloit céder sa souveraineté à l'émir de Kars pour soixante mille dinars. Les habitans d'Ani, informés de son projet, livrèrent leur ville à David, roi de Géorgie, qui emmena Abou'lsewar prisonnier, et confia la défense de cette place à Abouleth et à son fils Ivané, généraux célèbres par les services qu'ils avoient rendus dans les guerres précédentes. Selon Samuel d'Ani (ms.

Arménien, n. 96, folio 42 recto et verso), les habitans d'Ani et de Schirag, las des ravages et du joug des Musulmans, livrèrent leur ville et leur prince Abou'lsewar au roi David. Abou'lsewar mourut peu après en Géorgie avec deux de ses fils, qui avoient été emmenés captifs avec lui. On peut voir dans notre premier volume, p. 379, comment la ville d'Ani fut reconquise, après un long siége, par Fadhloun, fils aîné d'Abou'lsewar,

(8), Tarpas, nommé par les Géorgiens Darbas. Cet endroit est marqué sur les cartes de la dernière édition de l'atlas Russe; il est situé un peu au sud-ouest de Lorhé ou Lori. up signifie en arménien palais, cour royale; il est le même que les mots Persans j',,♪ et j, Derwazeh et Derwaz, qui ont à-peu-près le même sens. On le trouve plusieurs fois dans cette Histoire avec cette signification. Peutêtre le lieu nommé Tarpas n'avoit-il reçu ce nom que parce que les princes Orpélians, ou peut-être d'autres avant eux, y avoient tenu leur cour.

(9) On voit par les extraits de l'Histoire de Géorgie, relatifs à David II, que j'ai rapportés plus haut, que ce prince fit sur les Turks la conquête de Samschvildé, qui avoit été usurpée par le roi de Géorgie Bagrat IV, après l'assassinat de Libarid, et qui étoit ensuite tombée au pouvoir des Turks: il n'est pas alors étonnant que le roi en ait rendu la possession aux princes Orpélians par une patente royale.

(10) Dans le texte, »þ2b, sidchil, patente ou édit royal, mot qui ne se trouve point dans les dictionnaires, soit de la langue littérale, soit de la langue vulgaire. On le retrouve encore dans ce même ouvrage, chapitre VII, p. 138 de cette édition. Dérivé du latin sigillum, ce mot s'est assez éloigné de son sens primitif. Éléazar Schamir l'explique par unpшh, mourhag, qui signifie édit royal, ordonnance. jes mouhr, en persan, signifie cachet. Dans une ordonnance rendue par le roi d'Arménie Léon III, en l'an 1288, en faveur du commerce des Génois, dont nous donnerons le texte et la traduction dans le onzième volume des Notices et extraits des manuscrits, on trouve le même mot écrit upqky, sikegh, et employé avec le même sens. On_le rencontre avec la même signification dans le grec du Bas-Empire. Voyez du Cange, sub voce Znímiov

(11) Nous avons vu que, selon les Géorgiens, David II mourut en

l'an 1130. Selon les Arméniens, et selon Samuel d'Ani en particulier (ms. Arménien, n.o 96, folio 42 recto et verso), ce prince mourut en l'an 573 de l'ère Arménienne [1124 de J. C.], peu après la prise d'Ani; et ce qui fait qu'à notre avis on doit donner la préférence à son témoignage, c'est que lorsque Fadhloun, fils d'Abou'lsewar, vint en 1124 pour reprendre Ani, David régnoit encore, et que la ville ne se rendit que sous le règne de Démétrius, son fils. Tchamtchéan (Hist. d'Arménie, tom. III, p. 44 et 45) place en l'an 1125 le siége d'Ani par Fadhloun, ainsi que la mort de David II, et la reddition de la place en l'an 1126.

(12) Voici ce que M. Klaproth dit de ce prince (Reise in den Kau kasus und nach Georgien, tom. II, p. 177): Dimitri, qui monta sur le trône en l'an 1130, rendit, comme son père, sa nation heureuse, et entreprit plusieurs guerres dont le résultat lui fut avantageux. Soust son règne, un roi Persan, appelé Sadoukh, fit une invasion en Géorgie, à la tête d'une armée qui fut vaincue et entièrement anéantie. Dimitri se fit moine à la fin de ses jours, et mourut en 1150. Nous ignorons quel est ce roi Sadoukh, dont M. Klaproth parle d'après les Géorgiens; c'est peut-être Sadakah, fils de Dobais, prince de Hillah, l'un des principaux émirs Arabes au service des Seldjoukides. Samuel d'Ani (ms. Arménien, n.° 96, folio 43 recto et verso) dit que Démétrius vainquit, en l'an 577 de l'ère Arménienne [1128 de J. C.], latabek Kharasenkourh, þvupuuriqnın UDwpwuh, qui est Kara-Sonkor, j, qui tenoit l'Aderbaïdjan en fief des rois Seldjoukides. Presque toutes les expéditions entreprises sous son règne par les Géorgiens, furent conduites par les princes Orpélians et par les généraux Abouleth et son fils Ivané.

(13) Samuel d'Ani place aussi en l'an 577 de l'ère Arménienne [1128 de J. C.] la prise de Khounan par Ivané et Sempad (ms. Arménien n.o 96, fol. 43 recto).

(14) Samuel d'Ani fait souvent mention (ms. Arménien n.o 96, fol. 43 recto et verso) des exploits de cet Ivané et de son père Apouleth ou Abouleth, dont l'origine nous est inconnue d'ailleurs. Il paroît qu'il étoit fils d'un autre Ivané, car en parlant de la prise de Tmanis, qu'il place en l'an 577 [1128 de J. C.], il dit qu'elle fut conquise par Abouleth fils d'Ivané. En l'an l'an 584 [de J. C. 1135], Abouleth et İvané furent vaincus par l'émir Eldigouz, et sans doute faits pri

sonniers; car le même auteur rapporte qu'en l'an 586 [de J. C. 1137], le roi Démétrius reprit ces généraux. En l'an 588 [de J. C. 1139], ils furent encore vaincus par Kara-Sonkor, prince de l'Aderbaïdjan, dans un lieu appelé ristrup, Kantchenk'h, que je crois être Juustup, Khatchen. En l'an 594 [1145 de J. C.], Ivané fut tué par le roi Démétrius, sans doute parce qu'il s'étoit révolté.

(15) Samuel d'Ani place la mort de Démétrius en l'an 605 de l'ère Arménienne [de J. C. 1156] (ms. Arménien, n.o 96, folio 43 verso). Nous avons vu que, selon les Géorgiens, le même événement étoit arrivé en l'an 1150. Il nous est impossible, faute de renseignemens positifs, de donner la préférence à aucune de ces autorités.

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(16) Samuel d'Ani dit aussi (ms. Arménien, n.o 96, folio 13 verso) qu'après la mort de Démétrius, son fils David monta sur le trône et régna deux ans. Selon les Géorgiens (Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 177); ce prince, qui est David III, monta sur le trône en l'an 1150 et mourut dans la même année. (17) Je pense que, par la grande croix, notre auteur aura voulu parler d'une croix très célèbre chez les Géorgiens, qui la conservent avec la plus grande vénération et la regardent comme le palladium de leur nation: c'est celle que Sainte Nouna ou Nouni, qui piêcha la foi chrétienne dans la Géorgie, y érigea, au commencement du IV. siècle, à Mtskhitha, à la place de la statue d'Aramazt. Au mois de septembre 1801, cette croix fut présentée à l'empereur Alexandre, à Saint-Pétersbourg, par le prince Pagratide George, et l'empereur la fit aussitôt reporter en Géorgie.

(18) On lit dans l'édition de Madras le mot nb, qui signifie fils: ce mot ne se rattache à rien, et ne paroît s'être glissé dans le texte que par erreur.

(19) Cet endroit, appelé par les Géorgiens Gelathi, n'est plus qu'un village dans le royaume d'Imireth; on y trouve un monastère célèbre, composé de trois églises, qui contiennent un grand nombre d'inscriptions en langue Géorgienne. C'est des archives de ce monastère que le prince Vakhtang a tiré les documens nécessaires pour son Histoire de Géorgie. Gélathi est situé à une petite distance au nord-est de Koutaïs, capitale du royaume d'Imireth, sur le fleuve Tchalzitala, c'est-à-dire, eau rouge. (Guldenstedt, Reise nach Georgien, tom. 1.o, p. 307, 302 et 303.)

(20) Nous allons rapporter, d'après M. Klaproth (Reise in den

Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 177 et 178), ce que les Géorgiens racontent de ce prince. Ce récit très - abrégé ne nous paroît pas en tout mériter une grande confiance. On ne peut douter, par les détails que donne l'archevêque de Siounie, que George II n'ait été réellement fils de Démétrius I et frère de David III; c'est donc à tort que M. Klaproth, d'après le témoignage des Géorgiens, le fait fils et successeur de ce dernier. Selon ces mêmes renseignemens, George III seroit monté sur le trône en l'an 1150. Il ne se rendit pas moins célèbre que ses deux derniers prédécesseurs. Pour faire tenir en repos les habitans de l'Ararat (je crois qu'il s'agit ici des sujets de l'émir d'Ani), et pour les punir de leurs audacieux brigandages, il fut obligé de prendre les armes. Quand le schah Persan Schahriar Soultan (c'est sans doute Schah-Armen, roi de Khelath) en fut informé, il envoya une ambassade au souverain de Schami [la Syrie], ou de Damas, pour l'engager à se liguer avec lui et à faire la guerre aux Géorgiens. Le schah rassembla ensuite ses propres troupes, les joignit aux Turks de Schami [Syrie ], et s'avança vers l'Arménie, menaçant George d'une prompte vengeance. Celui-ci marcha à la rencontre du schah, et vainquit l'armée Turco - Persane. Le schah envoya le récit de sa défaite au sultan du Khorasan et de Hérat (sans doute Arslan-Schah, sultan des Seldjoukides), pour qu'il vînt à son secours du côté de l'Arménie. Le roi George, informé de leur approche, s'avança en personne contre leurs troupes, qui, saisies de terreur en apprenant son arrivée, abandonnèrent leurs postes et s'enfuirent de tous les côtés, de sorte que le sultan fut obligé de s'en retourner dans le Khorasan, avec un petit nombre d'hommes. George revint ensuite dans la Géorgie, pour y faire de nouveaux préparatifs. C'est alors qu'il apprit à connoître le caractère inconstant des Géorgiens et leur ingratitude envers le défenseur de la patrie. Son neveu Dimitri se révolta contre lui, et se fortifia avec ses partisans dans la ville de Lori; mais le roi George étouffa cette rebellion dès sa naissance, prit la ville, et fit crever les yeux à son neveu. Nous verrons bientôt, dans l'histoire des Orpélians, les détails et la fin de cette révolte, qui n'étoit pas aussi injuste qu'on pourroit le croire par le récit des Géorgiens, puisque George s'étoit emparé du trône au préjudice de son neveu. Ce prince, qui, dans les extraits de M. Klaproth, est appelé Dimitri, ou Démétrius, s'appeloit Temna ou Demna.

les causes,

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