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la suite des troubles causés par la révolte des Orpélians. Cette explication feroit disparoître la plus grande partie des difficultés chronologiques que présente ce point d'histoire: mais, nous le répétons, nous n'avons pas des renseignemens suffisans pour nous décider entièrement. Il pourroit bien se faire, d'un autre côté, que l'historien des Orpélians se fût trompé en disant que les fugitifs de cette famille se réfugièrent à la cour de l'atabek Eldigouz, tandis qu'ils se seroient retirés chez son successeur; car il paroît bien constant que George III, que les Géorgiens font mourir en l'an 1171, a pris Ani en.1174. (27) On verra cependant que deux princes Orpélians, Ivané et Eligoum, échappèrent au massacre de leur famille.

:

(28) L'année 1177 fut effectivement la vingt-unième du règne de George III, si, comme Tchamtchéan, on le fait commencer en l'an 1156 mais comme Étienne Orpélian place ce fait en l'an 1158, il en résulte que cette année seroit seulement la dix-neuvième du règne de George. Selon les Géorgiens, à cette époque il y auroit eu environ six ans que ce prince avoit cessé de régner.

სა ერისტავ

(29) Je crois que ce sont les deux mots Géorgiens +momoK'harthlisa eristhav, qui signifient les princes du pays de Karthel, que notre auteur a pris pour le nom particulier d'une famille.

(30) Au lieu de &phqnp Umbpunkung, qui se lit dans l'édition de Madras, et qui signifient Grégoire des Abiradéans ou de la famille Abiradéane, je lis phqnp Wybpuiku, dont le sens est Grégoire Abiradéan ou Grégoire, fils d'Abirad. La première leçon vient de ce que l'auteur de cette histoire, ou plutôt ses copistes, auront cru que le nom d'Abiradéan étoit un nom de famille. Nous avons fait ce léger changement, parce qu'à l'époque dont il s'agit, il existoit à Ani un personnage puissant nommé Abirad, fils d'un certain Grégoire, fils de Vasag, allié à la famille de Grégoire Magistros, issu du sang des Arsacides. Tchamtchéan dit (Hist. d'Arm. tom. III, pag. 147), d'après Vartan, que cet Abirad, ayant été fait prisonnier dans une guerre contre l'émir de Kars, fut delivré par le roi de Géorgie, dont il devint l'allié par reconnoissance. Il avoit un fils, nommé Grégoire, qui, comme l'atteste le même auteur, prit part à la révolte des Orpélians.

(31) Je lis dans le texte, Մաժիստրոսեանց, au lieu de Մաժի

1

unpnukuiry, qui est dans l'édition de Madras, parce que la famille de ce Grégoire, qui est le même que nous avons vu un peu plus haut, nommé Grégoire, fils d'Abirad, étoit alliée à celle du fameux Grégoire Arsacide, qui avoit été décoré par l'empereur de Constantinople du titre de magistros. Ce titre, d'ailleurs, avoit encore été donné à beaucoup d'autres personnes de la même famille.

(32) J'ignore où étoit située cette forteresse; le récit de notre historien nous fait penser qu'elle étoit dans le pays de Daschir et dans le voisinage de Lorhé. Nous serions tentés de croire, par son nom, qu'elle avoit été fondée par les Arabes, car, en arabe, hisar signifie forteresse.

(33) Le mois de hrodits est le dernier de l'année Arménienne, et celui de méhégi le septième. Selon Éléazar Schamir, le 13 du premier répondoit alors au 5 de septembre, et le 5 du second, au 31 mars du calendrier Romain. Nous ne discuterons pas pour le moment sur l'exactitude de ces rapports, parce que cela nous traîneroit trop loin; mais, dans un mémoire particulier, nous traiterons de l'origine de l'ère en usage chez les Arméniens, et de tout ce qui est relatif à leur année vague.

en

(34) Je lis ici up, au lieu de pq, qui, en arménien, désigne un lieu marécageux, et qui ne présente aucun sens dans ce passage. (35) Ce vers est ainsi dans l'édition de Madras:

Այլ ես վս առօրեայ կենաց մեռանիմ` յայսմ` բանի :

Ce qui est une erreur manifeste; d'abord, parce que le rythme régulier de ce morceau est interrompu par ce vers, d'une longueur démesurée, et ensuite, parce qu'il embrouille le sens par une répétition inutile. Il est évident que le copiste aura répété par inadvertance le dernier vers de l'avant-dernier distique.

(36) Il est fort probable que l'original Géorgien de ces lettres n'étoit point en vers, et que c'est Étienne Orpélian qui a voulu nous donner un échantillon de son talent poétique.

(37) Latabek Schams-eddin Eldikouz étoit un esclave originaire du Kaptchak, amené fort jeune en Perse, où il fut elevé chez Kemal-alsamiramy, visir du sultan Seldjoukide Mahmoud; il passa ensuite au service de ce prince, qui mourut en l'an 525 de l'hégire [ 1131 de J. C.]. Il s'attacha après à son frère, le sultan Masoud, qui, en montant sur le trône, en l'an 527 de l'hégire [ 1132 et 1133

de J. C.], lui donna en fief le pays d'Aran et une grande partie de l'Aderbaïdjan. Eldigouz devint ensuite maître de Hamadan, d’Isfat han et de Rey; puis il épousa la veuve du sultan Thoghrul, frère de Mahmoud et de Masoud, mort en l'an 529 de l'hégire [ 1134 de J. C. J. Il eut de cette princesse Pahlawan et Kizil-Arslan. Eldigouz devint bientôt le maître absolu de l'empire des Seldjoukides, dont il disposoit à son gré, en l'an 556 de l'hégire [ 1161 de J. C. ]. Eldigouz, comme nous l'avons déjà dit, mourut en l'an 568 de l'hégire [ de J. C. 1172 et 1173].

(38) C'est sans doute d'Ivaně, fils de Libarid, que descendent les Orpélians qui existent encore en Géorgie, où ils jouissoient dans ces derniers temps d'une assez grande puissance, puisqu'ils possédoient presque toute la province de Somkhithi, où est la ville de Samschvilde. On donne actuellement à leur race le nom de Kaplan-Schvili, c'està-dire, famille du léopard. Sulchan s'est distingué dans les lettres; Démétrius et Jean Orpélian ont rendu de grands services à la Russie · dans les dernières guerres de Géorgie, en 1803. ( Voyez Guldenstedt, Reise nach Georgien, tom. I.", pag. 265, 352 et 361. Eugénius, Georgien, oder historisches Gemälde von Grufien in politischer, kirch licher und gelehrter hinsicht, pag. 125 et 126. Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. I.", pag. 396 et 397; tom. II, pag. 50, 305 et 306.)

(39) Il nous est tout-à-fait impossible de déterminer l'époque précise de la mort de George III, et de l'élévation au trône de sa fille Thamar. Tchamtchéan (Histoire d'Arménie, tom. III, pag. 148) place, comme notre historien, ces événemens en l'an 1184, tandis que les Géorgiens les mettent en l'an 1171. ( Eugénius, Georgien oder historisches Gemälde von Grufien, &c., pag. 26. — Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, pag. 178. )

CHAPITRE V.

(1) George III ne laissa pour héritier en mourant qu'une fille nommée Thamar, que, pour ses grandes actions, les Géorgiens placent parmi leurs plus illustres monarques, avec Vakhtang Gourgaslan et

David le Réparateur. Ses conquêtes et ses vertus lui ont fait donner,

malgré son sexe, le nom de ǝz Mep'he, qui signifie roi. Selon

les Géorgiens, au commencement de son règne (Klaproth, Reise in den
Kaukasus und nach Georgien, tom. II, pag. 179 et 180 ), elle soumit
Tauriz [Thavrisi] et Marand [Maranda ], et elle étendit sa domina-
tion jusqu'à Mianeh et Kazwin [Miani-Kasmina ], et de là jusqu'au
Sistan età la mer Caspienne; ce qui nous paroit exagéré. On voit
bien par les écrivains Persans, Arabes et Arméniens, que les Géor-
giens soumirent alors presque toute la partie de l'Arménie au nord
de l'Araxes, mais il ne paroît pas qu'ils aient pu se maintenir dans
l'Aderbaïdjan, où ils firent des invasions. Thamar conquit encore,
selon les Géorgiens, une portion de l'Anatolie, la ville de Trébizonde,
tout le pays des Abkhaz, et le mont Caucase. Nous observerons
seulement sur cela qu'elle devoit avoir hérité du pays des Abkhaz
de ses ancêtres. La reine Thamar, encore selon le témoignage des
Géorgiens, régna depuis l'an 1171 jusqu'en 1198, ce qui est sujet
à beaucoup de difficultés pour les deux époques. On a déjà pu voir
ce que nous avons dit de la première, pour le temps de la mort
de George III; nous observerons, quant à la seconde, qu'une
inscription de l'an 650 de l'ère Arménienne [ 1201 de J. C. ], qui
se trouve à l'église d'Oukhd - Haridjai, dans la province de Schirag,
auprès des ruines d'Ani, prouve que dans cette année la reine Thamar
étoit encore vivante. Cette inscription a été publiée en français par
M. Klaproth, dans la traduction qu'il a donnée, à l'aide de M. Ha-
routhioun Asdovadzadour, de la Relation Arménienne de Jean
Ouosk'herdjan, prêtre de Vagharschabad. Voyez cet ouvrage, p. 53.
Cette inscription contient une donation faite à l'église de Haridjaï
par Zak'haré, émir sbasalar de Géorgie et d'Arménie, du vivant de
la reine Thamar; mais M. Klaproth, trompé sans doute par ce qu'il
a rapporté de cette reine, dans son Voyage du Caucase, d'après les
récits des Géorgiens, dit que le prince Zakʼharé avoit élevé l'église de
Haridjaï à la mémoire de sa souveraine sérénissime la reine Thamar,
tandis que dans l'original Arménien que M. Asdovadzadour a
la bonté de me faire remettre à son départ pour la Russie, on lit
ces mots, Buruyn younusunrot Sit huny pumplauquran Qualian Qu
gnr-Stry, qui signifient, pour la conservation de la vie de mon maitre ,

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la pieuse reine Thamar. On voit donc, d'après cela, que Thamar régnoit encore en l'an 1201, et que nous ignorons l'époque de sa mort, car les historiens Arméniens que nous connoissons ne nous apprennent rien sur ce point. Je pense cependant que cet événement arriva en l'an 1206 ou 1207, parce que l'historien Ibn-alathir ( ms. Arabe non coté, tom. VI, pag. 196) place en l'an 603 de l'hégire (1206 et 1207 de J. C.) la mort d'un roi de Géorgie qui ne peut être que la reine Thamar, car son fils George Lascha, qui lui succéda, ne mourut que long-temps après,

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(2) Voici, selon Eugénius (Historisches Gemälde von Grusien, p. 26, -27 et 28), comment les annales Géorgiennes parlent du mariage de la reine Thamar avec un prince Russe. « Tamar fut l'épouse d'un prince Russe, dont on ne rapporte point le nom (l'Histoire des » Orpélians nous apprend qu'il s'appeloit George et non André, comme » le dit M. Klaproth). Voici en abrégé les circonstances de ce mariage. » Tamar étoit l'unique héritière du trône après la mort de George III. » Les prêtres et les nobles Géorgiens desiroient qu'elle se choisît un » époux, et que les princes des différens peuples recherchassent sa main. » Un des grands du royaume, nommé Aboulasan, qui étoit alors à Téflis, dit dans le conseil qu'il connoissoit un jeune et vaillant prince » Russe, fils d'André Bogolubskoi (a), que son père avoit laissé mineur » sous la tutelle de son oncle Vsevolod, qui l'avoit envoyé comme un » Banni à Savalt, d'où il s'étoit enfui pour aller vers le khan de Kiptchak

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(il est difficile de croire qu'il y eût alors des khans dans cette région), » dans la ville de Sevintch. Sur cet avis, les grands de l'état et » les ecclésiastiques furent d'accord qu'on lui permît de venir vers >> Téflis, et qu'on envoyât sur son chemin, vers le khan de Kiptchak. » Le prince vint, et Tamar le vit; elle se soumit au conseil, et le prit » pour époux. Au commencement de son règne, le prince Russe se » conduisit de manière à mériter l'approbation générale. Il marcha » souvent vers les frontières à la tête des troupes Géorgiennes, et il fit » des conquêtes considérables de tous les côtés du royaume. Mais à » la fin, il abandonna cette sage conduite, pour se livrer à la licence » la plus effrénée. Cette manière d'agir fut cause que les princes et

(a) Il est difficile de déterminer lequel c'étoit des fils d'André Jouriewitch Bogolubskoi, qui cut cinq ou six enfans.

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