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CHAPITRE VI.

(1) La Croze a traduit la plus grande partie de ce chapitre, c'està-dire, tout ce qu'on y trouve sur les Tartares; il a seulement négligé les mots pull ammir wit, qui signifient, cependant après un espace de onze ans, et qui présentoient quelques difficultés pour en déterminer la véritable époque. Le dernier fait dont l'auteur a parlé, est de l'an 1225: ainsi celui-ci se rapporteroit, en apparence, à l'an 1236, tandis qu'il se rapporte réellement à l'an 1231, onze années après la première irruption des Mongols dans l'Arménie et la Géorgie. Quand Djinghizkhan fit en personne la conquête du Khorasan, deux de ses généraux, Soubada-Bahadour et Tchepeh-Nouwian, parcoururent la Perse occidentale, et en l'an 1220, comme nous l'avons déja dit, ils entrèrent dans l'Arménie et dans la Géorgie. Ces généraux ne firent que traverser le pays et n'y conservèrent aucune de leurs conquêtes; Djinghiz ne laissa non plus dans la Perse que des corps de troupes trop foibles pour en assurer la possession. Ce ne fut donc réellement qu'en l'an 1231 que les Mongols se rendirent maîtres de la Perse et des régions occidentales, et qu'ils s'y établirent, onze ans précisément après leur première invasion. Ce fut à cette époque, selon Raschid-eddin (ms. Persan, n.o 68 A, folio 179 recto), qu'Oktay, successeur de Djinghizkhan, envoya Tcharmaghoun dans la Perse, avec trente mille cavaliers, pour y combattre Djélal-eddin, sultan du Kharizme, qui avoit été vaincu peu auparavant dans l'Arménie par les princes Seldjoukides joints aux Ayoubites. En l'an 628 de l'hégire [ 1230 et 1231 de J. C.], le général Mongol, selon le même historien (folio 183 verso), combattit le sultan dans les plaines de Mougan; ce qui est d'accord avec le récit d'Ibn-alathir (ms. Arabe non coté, tom. VI, p. 348), qui place à la fin de l'an 628 de l'hégire, par conséquent en l'an 1231, la conquête de l'Aderbaïdjan par les Mongols. Abou'lfaradj, dans sa Chronique Syriaque (p. 490, vers. Lat. p. 506 et 507), est d'accord avec ces historiens, en plaçant en l'an 1542 de l'ère des Séleucides { 1230 et 1231 de J. C.], la dernière guerre des Mongols contre Djélal

eddin. Les Mongols s'avancèrent alors jusqu'aux portes d'Amid: un de leurs détachemens vint à Hisn-Zaïd, et pénétra jusqu'à l'Euphrate, dans le pays d'Handsith. Ibn-alathir (ms. Arabe non coté, t. VI, p. 346 et 347) parle aussi de l'entrée des Mongols dans la Mésopotamie, où ils ravagèrent les environs d'Amid, ďArzen, de Miafarékin, ďAsard ou Serd, de Mardin, de Dounaïsar, de Nesibin, de Sindjar, passèrent le Khabour, vinrent à Araban, d'où ils se dirigèrent vers Moussoul, puis rentrèrent sur le territoire d'Amid, d'où ils allèrent dans ceux de Bedlis, de Pergry (qu'Ibn- alathir nomme Bakry ‹SŲ) et d'Ardjisch, dont ils se rendirent maîtres. Ce fut à leur retour de cette expédition, que, selon Abou'lfaradj et Ibn-alathir, ils se rendirent maîtres de l'Aderbaïdjan. Ils subjuguèrent même la Géorgie, à ce qu'ajoute le premier; ce qui est assez conforme au récit de Nisawy, dans son Histoire de Djélal-eddin (ms. Arabe, n.o 849, pag. 304 et suiv.), qui dit qu'à cette époque ils passèrent l'Araxes et firent la conquête de Gandjah, voisine de la Géorgie. Abou'lféda place aussi (Annal. Moslem. `tom. IV, p. 368) en l'an 628 de l'hégire, la seconde guerre des Mongols contre Djélal-eddin. Tchamtchéan dit (tom. III, p. 204), d'après des auteurs Arméniens que nous ne possédons pas, que ce fut dans la cinquième année du règne d'Oktay que les Mongols entrèrent dans l'Arménie et la Géorgie. Si cet écrivain n'a pas confondu l'époque de la mort de Djinghiz-khan avec celle de l'inauguration d'Oktay, il s'ensuivroit qu'il faudroit placer cet événement en l'an 1232 ou 1233; car nous savons par Raschid-eddin (ms. Persan, n.o 68 A, folio 178 verso) qu'Oktay monta sur le trône dans le mois de reby 1." de l'an 626 de l'hégire [ février 1229 de J. C.], tandis que Djinghiz, qui l'avoit déclaré son successeur, étoit mort, selon le même historien (folio 156 recto), le 4 de ramadan de l'an 624 de l'hégire [1.er septembre 1227 de J. C.].

(2) Avant l'établissement de la puissance de Djinghiz-khan, le nom des Mongols étoit entièrement inconnu; ce fut ce conquérant qui le donna, non-seulement à tous les peuples de l'Asie centrale qui avoient les mêmes mœurs, la même langue et le même extérieur physique que les hommes de sa tribu particulière, mais encore aux nations d'origines diverses qui lui furent soumises ainsi qu'à ses descendans. C'est ce que dit positivement Raschid-eddin, l'historien Persan de la race de Djinghiz (ms. Persan, n.o 68 A, fol. 22 verso. ). Lig wid

بواسطه دولت جنگز خان واوروغ او جون ایشان مغول اند دیگر اقوام اتراك مانند جلایر و تاتار واويرات وانكوت وكرايت و نایمان وتنكقوت و غیر هم كه هريك را اسمی معین و لقبی مخصوص بوده جمله از روی تفاخر وغيرهم A présent, dit-il, parce que Djinghiz - khan خود را مغول گویند

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>> et sa maison étoient Mongols, les autres peuples Turks, tels que » les Djélaïr, les Tatars, les Ouïrat, les Ankout, les Keraït, les » Naïman, ceux de Tankkout, et d'autres encore qui avoient des » noms particuliers et bien distincts, se nomment eux-mêmes par » orgueil Mongols. » Nous observerons ici en passant que Raschideddin a toujours confondu les Turks avec les Mongols. Cet auteur dit encore un peu plus loin « que la chose étoit venue au point » que, de son temps, les peuples du Khatay [ la Chine ], les Tchour»tcheh [les Kins], ceux de Tenkebasch, les Ouïghour, ceux du

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Kaptchak, les Turkomans, les Karlouk, les Kaladj, une grande » quantité de captifs, et les peuples Tazik [Persans], qui vivoient

این زمان بجای au milieu des Mongols, en portoient aussi le nom « رسیده که اقوام ختای و چورچه و تنكباش و اویغور وقحاق وتركمان وقارلوق وقلج وجماعتى أسيران و اقوام تازیک که در میان مغول پرورده شده اند La grande célébrité que les conquêtes de ایشان را نیز مغول گفته اند

Djinghiz-khan donnèrent au nom des Mongols, ne put cependant faire tomber en désuétude celui des Tatars, autre tribu de la même race, et bien plus nombreuse, qui avoit eu de la célébrité quelque temps avant eux. On peut voir, dans les Recherches Tartares de M. Abel-Rémusat (tome 1.", page 238), ce qu'il dit de l'origine et du nom de la tribu des Tatars. Il est bien certain que son nom se répandit concurremment avec celui des Mongols, et par la même cause; et de plus, il paroit que, dans un grand nombre de pays, il prevalut sur ce dernier, dans l'usage ordinaire. Raschid-eddin donne lieu de le croire, en disant « qu'avant l'établissement de l'empire des Mon» gols, la même chose étoit arrivée à cause de la puissance des Tatars, » et que c'étoit pour cela que, de son temps, tous les peuples Turks » [ Mongols ] étoient encore appelés Tatars, dans le Khatay, dans » l'Hindoustan, dans le pays de Tchin, et dans ceux de Matchin, » de Kerkiz, de Kalar, de Baschghard, dans la plaine de Kaptchak, » dans les régions du nord, chez les Arabes, en Syrie, en Égypte et

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پیش ازین بسبب قوت و شوکت تاتار همین « : en Afrique « قضية بوده و بدین سبب هنوز در بلاد ختای و هندوستان وجين وماجين وبلاد قرقيز وكلار وباشغرد و دشت قحباق وولایت شمال واقوام اعراب وشام La grande exten .ومصر ومغرب و تمامت اقوام اتراك را تاتار می گویند

sion qu'obtint le nom des Tatars vient sans doute de ce que la plus grande partie des soldats Mongols appartenoient à cette tribu, ou bien plutôt de ce que la récente célébrité de Djinghiz-khan et de son peuple n'avoit pu faire oublier le nom qu'on étoit accoutumé de donner à la nation Mongole. On voit par Ibn-alathir, dans son Histoire universelle, par Nisawy, dans sa Vie de Djélal-eddin, et par Abou❜lféda, que les Mongols n'eurent pas d'autre nom que celui de Tatars, lors de leur première apparition dans l'occident de l'Asie. Ce nom même y étoit déjà connu antérieurement; car il est question du peuple Tatar,,, dans le Modjmel-altewarikh, ouvrage Persan écrit en l'an 520 de l'hégire [ 1126 de J. C. ] ( ms. Persan, n.o 62, fol. 273 verso,). Je crois que c'est la mention la plus ancienne que l'on puisse en trouver dans les livres Arabes et Persans. Notre auteur, ainsi que tous les autres écrivains Arméniens, ne donnent pas aux Mongols le nom de J Moghoul, comme les Persans; mais ils les appellent Un Moughal, ce qui est assez d'accord avec les écrivains Latins du moyen âge, qui les nomment Moal.

(3) II est effectivement vrai que les peuples qui appartiennent à la race que les naturalistes appellent Mongole, et dans laquelle ils comprennent les Chinois, ont le visage dépourvu de poils ou n'ont que très-peu de barbe; mais les traits de leur visage, fort différens de ceux des Arméniens et des autres nations de l'Asie occidentale, ne pouvoient les faire considérer de ceux-ci comme de beaux hommes. Nous pensons que les Arméniens n'auront pas bien distingué les Mongols, des diverses peuplades Turques qui vinrent avec eux et qui formèrent la principale force de leurs armées, et qui, autant que nous pouvons en juger par les diverses tribus répandues dans l'empire Othoman et la Perse, sont une assez belle race d'hommes dont les traits sont généralement les mêmes que ceux de la race dite Caucasienne, mais qui ne sont pas imberbes comme les Mongols.

(4) Notre auteur veut ici parler de la triple expédition ordonnée par Oktay, lors de son avénement au trône, tandis que lui-même se

portoit dans l'intérieur de la Chine. La première, dont le principal chef étoit Batou, fils de Tchoutchy, fils aîné de Djinghiz-khan, se dirigea, selon Raschid-eddin (ms. Persan, n.o 68 A, folio 190 recto et verso), vers les pays de Kaptchak, des Russes, de Pologne [Poulou], de Hongrie [Madjar], des Baschkirs [Baschghard] >, d'Athil J (je lis ainsi au lieu de qui est dans le texte et qui ne se retrouve pas dans la suite de la narration, tandis qu'on y voit plusieurs fois le nom d'Athil, qui est celui du Wolga) et de Soudak. La seconde expédition, sous les ordres de Tcharmaghoun, se dirigea vers la Perse, pour achever d'y détruire la puissance de Djélal-eddin ; et la troisième, aussi selon Raschid-eddin, s'avança vers le Kaschmir et l'Hindoustan; mais on voit cependant, par ce qu'il rapporte ensuite, qu'il s'agit plutôt de la conquête du Tibet et des parties de la haute Asie, limitrophes de l'Inde, que de l'Inde elle- " même, où ils ne pénétrèrent qu'après la soumission entière de la Perse. Le même auteur avoit déjà parlé en ces termes de cette triple expédition :

بعد از آن بتمامت سر حدها واطراف ممالك لشكرها جهة محافظت ثغور و ولایات نامزد فرمود و در طرف ایران زمین هنوز آشوب وفتنة تسكين نیافته بود وسلطان جلال الدین هنوز تکابوی میکرد و جرماغون نویان را و جمعی از امرا با سی هزار سوار بدفع او روانه کردانید و کوکتای و سوبهای بهادر را هم بمثل ان لشكر بجانب قيحياق وسقسين وبلغار فرستاد وبطرف ختای و تبت و سلنکه و چورچه و آن حدود طایفه نوینان بزرگ را بالشکری در مقدمه روان کرد و خویشتن با برادر کهتر منکو قاآن بر عقب آن لشكر بجانب ختای که هنوز ایل نشده بودند و بادشاه ختای دران حدود

( Rachid-eddin, fol. 179 recto بر قرار مستولی بود توجه نمود

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Après tout cela (son inauguration), Oktay envoya dans toutes ses places frontières et dans toutes les parties de son empire, des >> troupes pour les garder. La Perse étoit alors dans le trouble et » le désordre, et le sultan Djélal-eddin la parcouroit dans tous les » sens. Il envoya Tcharmaghoun-Nouwian et plusieurs autres officiers » avec trente mille cavaliers pour l'en chasser. Il fit partir aussi Kouktay » et Soubaday-Bahadour, avec une armée, pour aller dans les pays » de Kaptchak, de Saksin et de Bulghar; puis il envoya une grande

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