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la suite; car, selon le même historien (page 937), le prince d'Antioche et plusieurs autres seigneurs Chrétiens se soumirent à leur payer tribut. In anno 1245, Tartari, cùm sibi multos Saracenorum principes violenter subjugassent, regem Armeniæ et principem Antiochiæ et alios multos nobiles Christianos, Deo mortalibus adversante, sibi sub tributo subegerunt. Il paroît que les princes d'Antioche restèrent, depuis cette époque, soumis aux Mongols; car un passage de l'historien Arménien Vartan, cité dans Tchamtchéan (tom. III, pag. 261), nous apprend que Bohémond VI se trouva en personne au kouriltay qu'Houlagou tint à Tauriz, peu de temps avant sa mort, en l'an 1264.

(40) Aucun autre historien ne parle de la prise de Jérusalem par les Mongols; mais comme ils s'avancèrent à cette époque jusqu'à Ghazzah, il est presque impossible qu'ils n'aient pas occupé pendant quelque temps la première de ces villes.

(41) Dans l'arménien, Aslan-nouïn. Le nom d'Aslan n'est que la corruption de celui d'Arslan, qui, en langue Turque, signifie lion. Ainsi altéré, il est passé dans l'arménien vulgaire et dans quelques dialectes Turks. Quant à nouïn, en persan, nouïan, c'est le nom que les Mongols donnoient aux nobles de leur nation. Il s'écrit ainsi Jai noyan, dans leur langue.

تنكقوتی

(42) On donnoit alors le nom d'ouïghour ou d'oughour à la langue Turque, et nous pensons qu'il lui venoit de ce que les Mongols avoient récemment emprunté leur alphabet aux Ouïghours, la seule des nations Turques qui se servît de l'écriture, et de ce que, par cette raison, ils avoient donné son nom à la langue de tous les Turks, qui ne pouvoient écrire qu'avec les caractères Ouïghours. Raschid-eddin observe (fol. 240 recto) que Mangou-khan avoit des secrétaires pour transcrire ses ordonnances en persan, en chinois, en tibétain, en tangutain et en ouïghour, sans parler autrement de la langue Turque, qui étoit en usage dans la plus grande partie de l'empire des Djinghiz-khanides. Cet auteur la désigne encore, en plusieurs endroits de son ouvrage, de la même façon. Elle conserva assez long-temps ce nom; car on voit qu'à la fin du XIV. siècle, la langue Turque dont se servoient les Mongols établis dans la Crimée, est appelée lingua Ugaresca dans les négociations qu'ils eurent avec les Génois de Kaffa. (Voyez M. Silvestre de Sacy, Rapport sur les archives de Gènes, dans les Mémoires de l'Institut, t. III, p. 114.)

CHAPITRE VII.

(1) Dans cet endroit, ainsi que dans plusieurs autres, les Mongols sont appelés la nation des archers, à cause de leur habileté à tirer de l'arc. Batchou-nouïan, appelé en arménien Patchou-nouïn nommé par Raschid-eddin Batchou

ou Baïtchou-nouian ș

, tandis qu'Abou'lfaradj le nomme Badjou et Baschou; ce qui est toujours à-peu-près la même chose. Dans un morceau du Khelasetalakhbar, publié par M. Charles Stewart (a descriptive Catalogue of the oriental library of Tippoo sultan, p. 202-207), ce personnage porte par erreur le nom de Taïdjou. Il fut l'un des plus illustres guerriers Mongols que les Djinghiz-khanides envoyèrent dans la Perse, et celui qui contribua le plus à l'établissement de leur puissance dans cette région. Il étoit, selon Raschid-eddin (fol. 60 verso) de la tribu Mongole de Yasout, et parent de Tchepeh-nouïan, fameux général, fort aimé de Djinghiz, qui l'avoit chargé de commander l'armée qui fit le tour de la mer Caspienne et pénétra la première en Europe. Ce fut Oktay qui envoya Batchou dans l'Occident, avec Tcharmaghoun: il ne commandoit alors qu'un hézareh, ou corps de mille hommes; ce ne fut que par la suite qu'on lui confia un touman, ou corps de dix mille hommes. Quand Houlagou vint se fixer à Tauriz et dans la plaine de Moughan, Batchou passa avec ses troupes dans l'Asie mineure, dont il se rendit maître; il revint ensuite dans la Mésopotamie, d'où il alla joindre Houlagou, qui se préparoit alors à faire le siége de Baghdad, et il commanda la plus grande partie de l'armée qui prit cette ville. Après cette conquête, Batchou continua d'avoir un fort grand pouvoir auprès d'Houlagou, et sa postérité fut toujours très-considérée à la cour des Mongols de Perse.

(2) Dans l'arménien, papp Duquín, Regulus. On peut voir ce que j'ai dit de ce prince dans mon premier volume, page 213.

(3) Dans l'arménien, qrup kohvar, et un peu plus loin p dchohvar; c'est le mot Persan gouhar, passé dans la langue Arabe sous la forme djauhar; ces mots signifient tous pierre précieuse.

جوهر

(4) Je listu au lieu de Shu, qui se trouve dans l'édition de Madras.

(5) Le nom de Thankréghoul est dérivé de deux mots Turks qui signifient serviteur de Dieu: tangri, qui signifie Dieu, et Jö koul, serviteur, esclave.

قول

(6) Je lis happy au lieu de pp4, qui ne présente aucun sens. (7) La Croze a traduit ce passage par ces mots: magnus chan qui rex est regum et imperat mari et aridæ. C'est que le mot yup, qui est pris ici pour la terre, signifie plus particulièrement ce qui est sec ou aride. Les sultans Othomans prennent encore le titre de sultan

سلطان البرين وخاقان des deux terres et de khakan des deux mers البحرين

ce qui revient à-peu-près au même.

(8) Mangou-khan, ou plutôt, selon Raschid-eddin, Mankka-kaân , étoit le fils aîné de Touly-khan et de SiourkoukitnyBiky. Il succéda à Gaïouk par l'appui de Batou, et mourut dans le mois de mouharram de l'an 655 de l'hégire [janvier et février 1257 de J. C.], après un règne de huit ans.

(9) Mangou ou Mankka n'a pas le sens de blanc en langue Mongole; c'est i tchagan qui a cette signification: mais on trouve dans cette langue le mot je mônggoun, et dans le dialecte Olet je monggun, qui signifient argent. C'est peut-être de ce dernier qu'il faut tirer l'étymologie du nom de Mangou; ce qui est d'autant plus vraisemblable, que, dans l'usage ordinaire, le mot mônggoun s'écrit et se prononce môngou.

(10) Je lis յուղարկե` au lieu de nւղակեմ:

(11) Non-seulement notre auteur donne le titre de maître du monde au khan suprême des Mongols, mais il le donne aussi à tous les princes Djinghiz - khanides de Perse, que Raschid-eddin appelle souvent ules desty, ou souverains du monde. Je pense que ces titres ne sont que la traduction du surnom d'Ilkhan, que prenoient tous les princes Mongols établis en Perse, et qui fit donner à leur dynastie le nom d'Ilkhanienne ou d'Ilkhanide. Dans la langue Turque, le mot Jil signifie maintenant pays, région; mais il paroît que plus anciennement il avoit un sens plus étendu, et qu'il vouloit dire, comme le mot Arménien up aschkharh, un pays et le monde.

(12) Notre auteur se trompe; Mangou-khan n'étoit pas le fils, mais

le successeur de Gaïouk-khan, fils d'Oktay; nous avons déja vu que Mangou étoit fils aîné de Touly, quatrième fils de Djinghiz-khan.

(13) L'asbarez est une mesure Arménienne, dont nous reparlerons dans nos notes sur la Géographie attribuée à Moyse de Khoren.

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(14) La véritable position de Karakoroum, en arménien Gharaghourhoum, capitale de l'empire des Mongols, et résidence des premiers successeurs de Djinghiz-khan, a été jusqu'à présent fort mal connue. D'Anville, trompé par une latitude erronée, tirée par les Jésuites des écrivains Chinois, avoit placé cette ville au midi du 45. degré de latitude, dans le désert, près de la Chine. Forster avoit ensuite pensé, d'après Fischer, dans son Histoire de Sibérie, que cette ville devoit être reportée bien plus au nord, sur les bords occidentaux de l'Orgon, qui se jette dans la Sélinga. (Voyez Histoire des découvertes dans le Nord, tom. 1.", p. 174 et 181, traduction Française.) Nous ignorons si ce n'étoit pas aussi l'opinion du savant P. Gaubil, qui avoit composé une dissertation qui est restée inédite, sur ce point important de la géographie de l'Asie dans le moyen âge: il est certain au moins que M. E. Quatremère a adopté un sentiment pareil. (Voyez Journal des Savans, septembre 1818, p. 550.) M. Abel - Rémusat a aussi composé sur le même sujet un mémoire qui a été lu à l'Académie des belles-lettres, et qui n'est pas encore publié : après tant de discussions, il a enfin fixé d'une manière incontestable la position de cette ville sur la rive gauche de l'Orgon, du côté du nord, et non loin de sa réunion avec la Sélinga. Je n'ajouterai à tout cela qu'un passage de Raschideddin (fol. 188 recto), que M. Abel-Rémusat n'a point connu et qui confirme pleinement son opinion; le voici : « Oktay-kaan ordonna de » bâtir sur les bords du fleuve Orkoun, une ville fort grande, qu'on » nomma Karakoroum. On établit ensuite, entre cette ville et la Chine, »une route de poste, différente de toutes les autres, et qui fut appelée »iam-narin. Il y avoit une poste à toutes les cinq farsangs, et >> l'on montoit ainsi pendant trente-sept postes (ce qui faisoit 185 far»sangs); à chaque station il y avoit un corps de mille hommes pour

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اوکتای قاآن فرمود تا بر کنار آب اورقون شهری « .défendre la poste « معظم بنا نهادند و قرا قروم نام کردند و از ولایت ختای تا آن شهر یامی تغیر از یامان نام نهادند و نارین یام کردند و در ه پنج فرسنك يامى می و هفت یام برآمد در هر منزل هزاره را جهت محافظت آن یام بنشاند

Nous observerons seulement sur ce passage que le mot ↳ ïam, que nous avons traduit par route de poste et par poste, n'est pas 'Persan; mais, comme nous avons appris de M. Abel-Rémusat que ïam, en mongol, signifioit chemin, et que, d'un autre côté, on trouve dans les lexiques Persans les mots piam, iamdji, Aşɩ, iamtchik, et al iameh, comme des mots Kharizmiens qui signifient cheval de poste, nous avons pensé que ces derniers tiroient leur origine du mongol, et que le sens réel de ïam pouvoit facilement s'en déduire, en supposant que ce nom étoit affecté aux grandes routes que traversoient les courriers du souverain. Quant au mot narin il

signifie étroit, subtil.

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(15) Dans l'arménien, quum balad, qui vient du grec zaxarov, emprunté lui-même du latin palatium. Ce mot existe depuis longtemps dans l'arménien, car il se trouve dans Lazare P'harbetsi, historien qui vivoit à la fin du V. siècle, page 13; mais il ne s'en sert que comme d'un mot étranger. II dit que quelques personnes nomment Constantinople, dans la langue des Romains, Baghad, ce qui signifie en arménien, palais. Զոր ոմանք ըստ օմայեցի բարբառոյն պաղատն ասեն, որ թարգմանի արքունի։

(16) Le nom d'Ark'haïounpyn, qui est donné ici aux Chrétiens et dont nous ignorons l'origine, se trouve dans Raschid-eddin (fol. 257 recto), sous la forme Arkaoun. Beaucoup de personnes ont douté que jamais le christianisme se soit répandu chez les Mongols conquérans de la Chine et de la Perse, malgré les témoignages nombreux rassemblés par Assémani, par Mosheim et par d'autres savans. Elles ont pensé que les Chrétiens de l'Orient, de qui viennent originairement tous les faits à l'appui de cette opinion, avoient cherché à se flatter en exagérant l'indulgence de quelques princes Tartares à leur égard. Le savant P. Gaubil est en particulier de cet avis, dans son Histoire de Gentchiscan et de la dynastie des Mongoux conquérans de la Chine, p. 107, et il doute que jamais la religion Chrétienne ait été connue chez les Mongols. Sans vouloir établir que les princes de la race de Djinghiz-khan aient jamais professé la religion Chrétienne, et sans rapporter ici un grand nombre de passages déja connus, qui tendent à prouver que le christianisme, déja répandu dans l'intérieur de l'Asie, s'est introduit jusque chez les Mongols, je vais en indiquer quelques autres qui prouvent la même chose et qui viennent d'un écrivain Musulman, dont on ne

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