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peut en pareil cas contester l'autorité. On a dit que Wang-khan, roi des Kéraït, l'une des tribus les plus reculées des Mongols, étoit Chrétien: Raschid-eddin dit plus (fol. 32 recto); il assure que la doctrine de Jésus est parvenue jusque chez les Kéraït, et qu'ils avoient embrassé

دعوت عيسى عليه السلام بایشان رسیده و بدین وی در امن اند sa religion

Le même auteur (fol. 228 verso) nous apprend que Kadak et Tchinghay, ministres de Gaïouk, étoient tous deux Chrétiens, et qu'ils appelèrent à la cour un grand nombre de prêtres de la Syrie, de l'Asie mineure, du pays des Alains, et de la Russie. Il dit aussi (fol. 233 recto) que l'impératrice Siourkoukitny-Biky, nièce du roi des Kéraït et mère de Gaïouk, avoit beaucoup d'indulgence et de bonté pour les imans et les scheïkhs Musulmans, quoiqu'elle fût Chrétienne,

ملت

عیسوی بود

Igs sure lo sgë. Plus loin (fol. 273 verso), en parlant de Dokouz-Khatoun, femme d'Houlagou-khan, qui étoit aussi de la nation des Kéraït, il a soin de répéter que cette nation étoit toute

à

اند,Chrétienne et qu'ongou, a اقوام کرایت در اصل عیسوی

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cause de sa femme, avoit fait rebâtir toutes les églises des Chrétiens dans son empire. Il y en avoit une à la porte du palais de Dokouz-Khatoun; et par-tout les Chrétiens avoient le droit de sonner des cloches. Il est probable qu'un examen plus attentif de l'ouvrage de Raschid-eddin nous auroit fait connoître plusieurs autres passages sur le même sujet. (17) La princesse qu'Étienne Orpélian appelle Sourakhthambeg, est nommée, par d'autres écrivains Arméniens, Sarkoudan. Selon Abou❜lfaradj (Chronique Syriaque, pag. 492, et Chronique Arabe, pag. 492), son nom étoit Sarkoutni-Biki; dans Raschid-eddin, il est toujours écrit Siourkoukitny-Biki. Elle étoit fille de Tchakembou, frère de Wang-khan, roi des Keraït.

سیورقوقیتنی بیکی

(18) Le nom de cette dignité existe encore en mongol et en mandchou; mais d'une manière un peu différente. En mongol, c'est p edchan, et en mandchou, edchen.

(19) Comme ce fut par l'intermédiaire des Syriens que le christianisme se répandit dans l'intérieur de la Tartarie, il n'est pas étonnant de voir un homme de cette nation parmi les conseillers de Mangoukhan. Les historiens Orientaux et les voyageurs font souvent mention d'autres Syriens qui tenoient un rang éminent chez les Mongols.

(20) Je lis nu au lieu de snap, qui est dans l'édition de Madras. (21) Le nom et l'usage de cette sorte de tablette, qui servoit de sauf

conduit, tirent leur origine de la Chine, d'où il paroît que les Mongols l'avoient adoptée. Les Chinois l'appellent p'haï. C'est évidemment de ce mot que s'est formé pq p'haïza des Arméniens et j paizeh des Persans, qui se rencontre très-fréquemment dans Raschideddin et dans Mirkhond. Les syllabes za et zeh, qui se trouvent à la fin des mots Arméniens et Persans, ne sont autre chose que tseu, sorte de particule explétive que les Chinois mettent à la suite d'un grand nombre de monosyllabes pour en faire des dissyllabes.

(22) Le mot d'un iarhlekh, qui se trouve dans le syriaque sous la forme iarlik, et sous celle de ¿iarligh, en arabe,

en persan et en turk, est dérivé du mongol iarlikh, qui signifie loi, décret, ordonnance et ordre, et qui vient du mot iar, 20 qui signifie loi. Il paroît qu'il y avoit dans le manuscrit de la Croze earlekh et eadekh, et non sarlekh, comme on le voit dans l'édition de M. Klaproth.

(23) On voit par Abou'lfaradj (Chronique Syriaque, pag. 514, et Chronique Arabe, pag. sor), et par Raschid-eddin (fol. 239 recto), que Mangou-khan excepta du tribut tous les prêtres et moines Chrétiens mais cette faveur ne leur fut pas particulière; il l'étendit aux prêtres Musulmans, aux herbeds des Parsis, et aux prêtres idolâtres.

:

M

CHAPITRE VIII.

آقا
ارغون

(1) Ce personnage, appelé par Raschid-eddin ArghounAka, tiroit son origine de la nation Mongole des Ouïrat (fol. 3.0 recto). Il fut placé à la cour d'Oktay par la protection d'un seigneur de la tribu de Tchalaïr, appelé Iloukeh-Kadan, et il fut envoyé par Oktay dans le Khorasan (fol. 192 verso). Sous le règne de Gaïouk, il remplaça un certain Kerkouk dans le gouvernement du Khorasan, du Mazanderan, de l'Yrak, du Faris, du Kirman, de l'Aderbaïdjan, du Gordjestan ou Géorgie, du Louristan, de l'Arménie, de l'Aran, du pays de Roum, du Diarbekr, de Moussoul et d'Halep (fol. 230 verso et 238 verso). Quand Houlagou eut été fait souverain de la Perse par son frère Mangou-khan, il continua de jouir d'une très-grande considération à la cour du nouveau prince, qu'il accompagna au siége

de Baghdad (fol. 286 verso). Il fut aussi le principal ministre d'Abaka-khan, fils d'Houlagou (fol. 301 recto), et il mourut à Radekan, près de Thous, dans le Khorasan, le 25 de dhou'lhedjah de l'an 673 de l'hégire [21 juin 1275 de J. C. ] (fol. 267 verso). Selon les historiens Arméniens Giragos et Malak'hia, cités par Tchamtchéan (tom. III, pag. 246 et 247), le gouvernement d'Arghoun avoit été très-dur et très-oppressif.

(2) Dans l'arménien, on voit les mots br vazir et fumen baskhagh. Le premier est le mot Arabej, wezir, dont nous avons fait celui de visir: le second m'est absolument inconnu ; il est étranger à l'arménien, car notre auteur l'interprète par Spunfiuruunuup, qui signifie celui qui donne des ordres, gouverneur. Je le crois d'origine Mongole.

(3) Dans l'arménien, ad puu, le grand diwan.

(4) Abou❜lfaradj (Chronique Syriaque, p. 514, et Chronique Arabe, p. sor), et Raschid-eddin (folio 239 recto et verso), parlent du dénombrement qui fut fait par l'ordre de Mangou, à l'imitation des empereurs Chinois. Cette opération se fit, selon les Arméniens, ou plutôt selon Étienne Orpélian seul, en l'an 1254; mais selon Abou❜lfaradj, elle auroit été faite en 1250, ce qui nous paroît plus probable, même d'après ce que dit l'archevêque de Siounie. Sempad, comme on le verra bientôt, fit deux voyages à la cour du grand khan, le premier en l'an 1251, et le second en 1256. Dans l'un de ces voyages, Sempad eut occasion de rendre, en présence de Mangou-khan, un grand service à Arghoun, gouverneur général de la Perse, qui étoit alors retenu prisonnier à Karakoroum, par suite d'accusations portées contre lui. Raschid-eddin nous apprend (folio 242 verso) qu'au mois de djoumadi 2.o, 649 de l'hégire [août 1251], il fut appelé pour rendre compte de sa conduite dans un kouriltay, et qu'il ne retourna dans son gouvernement que dans l'an 651 de l'hégire [1253 et 1254]. Je sais bien que l'archevêque de Siounie met tous ces événemens au second voyage de Sempad; mais il me semble que les dates précises données par Raschid-eddin doivent faire accorder la préférence à son récit: il avoit d'ailleurs tous les moyens de bien connoître la vérité; et, de l'aveu même d'Étienne Orpélian, le voyage que fit Sempad à l'époque de la citation d'Arghoun, ne se fit que par suite des désagrémens que lui avoit causés la famille d'Avak, peu après la mort de ce dernier,

qui étoit arrivée en 1249. Une autre circonstance rapportée par notre auteur sert à prouver qu'il s'agit ici du premier voyage. Il dit que Sempad et Arghoun revinrent ensemble: or, selon Raschid-eddin, Arghoun ne revint dans son gouvernement que vers l'an 1254; et l'on a pu déjà remarquer que Sempad fut forcé, à son premier voyage, de rester près de trois ans à la cour du grand khan; par conséquent il ne put revenir que vers la même époque. Tous ces rapprochemens prouvent, à ce qu'il nous semble, d'une manière évidente, que l'historien des Orpélians a appliqué mal à propos au second voyage de Sempad ce qui est arrivé au premier. Des tracasseries de la même nature que celles qui avoient déjà forcé Sempad d'aller à la cour en 1251, le forcèrent d'y retourner en 1256.

(5) Le premier de ces personnages, Sevindj-Bek, m'est inconnu : quant à Scherif-eddin, on le trouve plusieurs fois mentionné dans Raschid-eddin, sous le nom de Scherif-eddin Khowarezmy; il étoit naïb ou lieutenant d'Arghoun-aka (fol. 230 verso).

(6) Je lis ՚ի դիւանին au lieu de դիաս,

(7) Selon la Croze, en l'an 700 de l'ère Arménienne, qui répond à l'an 1251. La mère de Mangou-khan vivoit encore à l'époque du premier voyage de Sempad: : comme cette princesse mourut en l'an 1252, on ne peut le placer plus tard qu'en 1251.

(8) Selon la Croze, en l'an 705 de l'ère Arménienne, qui répond à l'an 1256 de notre ère.

(9) Dans le texte, qù qunuqui quiby. Je n'ai point, dans ma traduction, rendu le mot nu, qui n'est pas Arménien, et qui m'est entièrement inconnu. Je pense qu'il désigne un arbre d'un genre particulier, ou bien que la phrase entière désigne que Sempad fut chargé de choisir des bois de construction. Raschid-eddin parle aussi (fol. 297 verso) du goût qu'Houlagou avoit pour faire construire des bâtimens. Il en avoit fait élever un grand nombre, parmi lesquels on cite un palais dans la plaine d'Aladagh et un temple d'idole à Khoy. (10) C'est la plaine de Moughan, au midi de l'Araxes et du Kour, qui est en effet appelée très-souvent, dans Raschid-eddin et dans les écrivains Arabes et Persans, Alatagh Y ou Aladagh ¿.

(11) Le monastère de Saint-Thathoul étoit situé dans un lieu appelé quir&mhp Kazanadzagk'h [ les antrés des bêtes sauvages], auprès de Kaghzovan, dans le canton de Kapéghean, dépendant de la province d'Ararad.

(12) Dans l'arménien, qkqkyhwdwqpy, c'est-à-dire, belle fleur. (13) Dans l'arménien, pupkynju, qui signifie bonne plante, bon gerine,

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(14) Berkeha ou Berkay s étoit le quatrième fils de Tchoutchy, fils aîné de Djinghiz - khan. Après la mort de Batou, frère de Berkeh, qui arriva en l'an 650 de l'hégire [ 1252 et 1253], ses fils Sertak et Oulaghtchy se succédèrent à un court intervalle, et laissèrent bientôt le trône à leur oncle Berkeh, qui monta sur le trône du Kaptchak en l'an 652 de l'hégire [1254 et 1255 de J. C. ]. Ce prince mourut auprès du Térek, dans le temps qu'il faisoit la guerre à Abaka-khan, en l'an 664 de l'hégire [1265 et 1266 de J. C.], sans laisser d'enfans, et Mounkka-Timour ou Mangou - Timour, fils de Toutoukan, deuxième fils de Batou, lui succéda. (Raschid - eddin fol. 205 verso, 209 verso, 210 recto et 301 verso.) Voici, selon cet historien, la cause et les principaux événemens de la guerre entre Berkeh et Houlagou. Quand le grand khan Mangou envoya, son frère Houlagou dans l'occident pour faire la conquête de la Perse, il le fit accompagner par Kouly, fils aîné d'Ourdeh, frère de Batou, qui, avec un corps de dix mille hommes, s'avança du côté du Kharizme et du Dahistan. Batou fit aussi partir Balakan, fils de Scheïban, son frère, et Boukan, fils de Mankadar, fils de Poual, septième fils de Tchoutchy, pour le rejoindre en passant par le défilé de Derbend. En l'an 654 de l'hégire [ de J. C. 1256], Balakan machina quelque trahison, dont le bruit vint aux oreilles d'Houlagou. Comme ce général étoit proche parent de Berkeh, qu'on regardoit comme l'aîné des princes Mongols parce qu'il avoit succédé à Batou, on ne voulut pas le punir sans sa participation. Houlagou lui envoya donc l'émir Soundjak pour le prévenir de son crime: Berkeh le fit repartir aussitôt, en lui faisant dire que si Balakan étoit coupable, on n'avoit qu'à le punir selon les lois de Djinghiz khan. Les autres princes du sang de Batou qui se trouvoient en Perse furent compromis dans cette affaire, et partagèrent le sort de Balakan. Leur mort mit de la mésintelligence entre les deux souverains. Ce n'étoit cependant pas le seul sujet qui les animât l'un contre l'autre Berkeh prétendoit à une suprématie réelle sur les autres princes de son sang; et d'ailleurs secrétement porté pour le musulmanisme, il étoit mécontent des maux qu'Houlagou avoit faits aux Musulmans. En 660 de l'hégire

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