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[1261 et 1262 de J. C.], la guerre commença entre les deux princes. Berkeh envoya son général Bouka, qui passa avec trente mille hommes le défilé de Derbend, et pénétra dans le Schirwan Houlagou fit partir aussitôt d'Alatagh, le 2 de schewal 660 [20 août 1262], le général Schiramoun-nouïan, avec le corps appelé Mankalay, pour aller à sa rencontre, tandis que Schamaghou-nouïan se portoit sur Schamakhy. Les deux armées en vinrent bientôt aux mains, et Schiramoun fut complétement défait, par la trahison des troupes de Kouly et de Boukan, qui prirent la fuite. Au mois de dhou'lhedjah suivant [novembre 1262], le général Abatay- nouïan vainquit à son tour l'armée du Kaptchak, qui fut obligée de battre en retraite; et Houlagou vint en personne à Schamakhy, le 3 de mouharram de l'an 661 [17 novembre 1262], où il donna rendez-vous à toutes ses troupes, pour s'avancer dans le Kaptchak. Le 23 du même mois [7 décembre 1262], au lever du soleil, on se mit en marche du côté de Derbend; Bouka y fut encore vaincu, et l'armée d'Houlagou s'avança jusqu'aux bords du fleuve Térek. Berkeh rassembla alors une autre armée, et vint en personne pour repousser celle d'Houlagou. Une bataille se livra au nord du Térek, le 1. de reby 1."[13 janvier 1263 ], les troupes d'Houlagou y furent mises dans une déroute complète, et le Térek, qui étoit alors glacé, favorisa leur retraite. Il est probable que c'est dans cette bataille que le prince Orpélian Pouirthel fut tué. L'archevêque de Siounie se trompe en plaçant cet événement en l'an 1261, car il est certain qu'à cette époque la guerre n'étoit pas encore commencée. Abaga, fils d'Houlagou, qui étoit en arrière avec un corps de troupes, vint à Schabran pour arrêter la marche des vainqueurs, et Berkeh passa le défilé de Derbend pour entrer dans le Schirwan. Le 11 de djoumadi dernier [22 avril 1263], Houlagou rentra vaincu dans Tébriz, où il s'occupa de lever une autre armée, pour empêcher d'avancer Bouka, qui se maintenoit à Derbend. La guerre en resta là pendant la fin de son règne; elle ne recommença que sous celui d'Abaka. Bouka fit un vement en avant de Derbend, en l'an 663 [ 1264 et 1265 de J. C.], et Yaschmout, frère d'Abaka, passa le Kour pour le repousser; la bataille se livra dans le Schirwan, auprès de la rivière de Tchaghan-mouran le ou d'Aksoul (ce qui signifie eau blanche en mongol et en turk). Bouka fut blessé à l'œil; son armée prit alors la fuite et il se retira à Scherwan. Abaka, après la victoire de son frère, passa

er

mou

le Kour en personne, tandis que Berkeh s'avançoit d'un autre côté avec trois cent mille cavaliers, ce qui força Abaka de repasser le Kour et de faire rompre tous les ponts. Berkeh resta quatorze jours sur la rive opposée, et il se préparoit à tenter le passage du côté de Téflis, quand il fut attaqué de la maladie dont il mourut; ce quí mit un terme à la guerre. Elle se renouvela cependant sous le règne de Mangou-Temour, successeur de Berkeh, mais sans amener de part ni d'autre aucun succès décisif.

(15) Je lis qkuu, fleuve, que le sens exige, au lieu de qkınıju, qui n'est point Arménien.

(16) Ce fleuve, appelé en arménien rp Therk'h, est nommé par les Persans et les Turks Terek. Les Géorgiens l'appellent

მეკი

ერგი Thergi et ɑmzo Thergi et Üm-Igzo Lomeki. Comme sa source se

trouve au milieu du défilé Caucasien, à-peu-près vers les lieux d'où l'Aragvi tire sa source, on lui donne aussi le même nom, (Klaproth, Reise in den Kaukasus und nach Georgien, tom. I.", pag. 627.) On les nomme les deux Aragvi; le premier descend vers le midi et se jette dans le Kour, un peu au nord de Téflis, tandis que le second coule vers le nord, puis, se détournant vers l'orient, marche parallèlement à la chaîne du Caucase, pour aller se jeter dans la mer Caspienne.

(17) De même qu'aux pages 112 et 257, j'ai lu pkphu formunuy, le fort de Porodn, au lieu de php funny, le fort de Port, je lis ici L 'b, et dans le canton de Porodn, au lieu de 'pub, et dans le canton de Pord, parce que je ne connois point de canton appelé Pord ou Port, et que la forteresse de Porodn avec son territoire appartenoit aux princes Orpélians, et qu'elle étoit dans le voisinage de Dathev.

(18) Comme, par la protection des Mongols, la religion Chrétienne étoit professée publiquement, Darsaïdj, dans cette donation, prévoit le cas dans lequel, par un retour de la fortune, le musulmanisme redeviendroit puissant; ce qui arriva effectivement quand les Mongols eurent changé de religion.

(19) On trouve dans le texte le mot

upp'heghampar, qui peïgham

n'est point Arménien; c'est une altération du persan

ber, qui signifie celui qui porte un ordre. Le même mot s'exprime en

arménien par quinquasupkp badkamaper. On trouve un peu avant ce mot la conjonction L, qui n'est point usitée dans l'arménien littéral, et qui est empruntée de l'arabe et du persan.

(20) Je lis dans le texte bhup, qui signifie qui est privé de force, au lieu de que, qui est dans l'édition de Madras et qui n'est pas Arménien.

(21) C'est une sorte d'imprécation en usage chez les Arabes. On a même fait passer dans l'arménien les expressions dont on se sert en arabe: Jhalal signifie ce qui est permis, pur, et est l'opposé , ce qui est illicite, ce qui est impur.

حرام de

(22) Le mot Su, que je traduis par anathème, n'est point Arménien; je pense que c'est une faute et qu'on devroit lire, ce qui seroit alors le mot Arabe A, qui signifie malédiction. Les autres mots Arabes qu'on trouve dans cet acte rendent notre conjecture sur ce dernier assez probable.

(23) Je suis porté à croire que cette pièce étoit datée, dans l'original, d'après l'ère Arménienne et avec un mois Arménien.

(24) Cette formule d'imprécation est prise de l'excommunication d'Arius, qui fut anathématisé par les trois cent dix-huit pères assemblés au concile de Nicée. Il paroît qu'elle étoit fort en usage chez les Arméniens, car on la retrouve dans une autre pièce de la même nature qui contient une donation faite à l'église d'Haritchaï, dans la province de Schirag, en l'an 650 de l'ère Arménienne [1201 de J. C.], par le connétable de Géorgie Ivané. (Voyez la Relation de J. Ouosk❜herdjan, traduite par M. Klaproth, p. 54.) Elle est aussi employée dans un autre acte beaucoup plus ancien qui contient une donation faite par le célèbre Grégoire Magistros, en l'an 500 de l'ère Arménienne [105 1 de J. C.], et dont nous avons trouvé dans les archives de la Propagande une traduction Italienne, que nous allons donner ici au défaut de l'original. L'anno 500, in tempo di Costantino Monaco (lisez Monomaco), re d'Armenia (l'empereur de Constantinople étoit alors maître de l'Arménie), e del duca di Vaspuracano, nella provincia di Zachunuc [ DunYung anp, Dzaghgnouts-dsor ], io Gregorio Magistro, figlio di Vasacha, pigliando il privilegio e licenza dal sopradetto re, ho fondato e costrutto una chiesa in luogo detto Checcianer, nella provincia sopradetta di Zachunuc, e questo oratorio, e ho dedicato questo tempio e chiesa al nostro illuminatore S. Gregorio, e l'ho ornato di paramenti d'ar

genti, ori, libri, e d'altre cose necessarie che spettavano al detto tempio, e di più ho donato alla detta chiesa due ville e una vigna. Noi, per Dio gratia vescovi Picinense, Vanacan e Hamavar, habbiamo decretato e costituito per la sopradetta chiesa possessioni per entrata venticinque ville e una città, le quali sono queste, Puschan, Schoeaten, &c.; habbiamo confermato il nostro decreto di nostra propria mano e nostri sigilli. Se alcun uomo pel l'avvenire, tanto ecclesiastico quanto secolare, averà l'ardire di distruere il nostro decreto, riceva la maledittione dal nostro S. illuminatore Gregorio e da trecento diciotto vescovi del concilio Nicense, e sia fatto partecipe e compagno con Giuda traditore e delli crucifissori del Nostro Signore Giesu Christo. Chi poi servarà il detto nostro decreto, sia benedetto dal Nostro Signore Iddio.

(25) Tchamtchéan rapporte (tom. III, p. 225), d'après Malak❜hia, Giragos et Vartan, que quand Avak mourut, en l'an 1249, il ne laissa qu'une fille appelée Khoschak❜h, et un fils naturel dont sa sœur eut le plus grand soin : les Tartares donnèrent alors sa souveraineté à Zak’haria, fils aîné de Schahanschah, cousin d'Avak; mais peu de temps après ils la lui ôtèrent pour la donner à Vartoïsch-Kontsa, sa veuve. Le passage de notre auteur qui a donné lieu à cette note, nous feroit croire qu'Avak, qui appréhendoit peut-être l'ambition de ses parens, auroit laissé, en mourant, à Sempad, le soin de protéger ses enfans et que, par suite seulement de cette protection, sa veuve auroit été mise en possession de ses états. Mais comme, ainsi qu'on a déjà pu le voir, cette femme étoit d'un caractère très-remuant, elle se brouilla avec Sempad, qui la fit périr, et s'empara de la principauté d'Avak, sans doute à cause de la jeunesse de sa fille; et usant des droits de tuteur, il la donna en mariage au premier ministre d'Houlagou. Tchamtchéan place (tom. III, p. 259) cet événement en l'an 1260.

(26) Dans l'arménien, Khodcha Sahib-tivan. Ce sont les mots a lal, qui signifient en persan le seigneur président du conseil, qu'on appeloit souvent ainsi par son titre, plutôt que par son nom

propre. Abou'lfarad; l'appelle aussi très-fréquemment

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Tsaheb-diwan. Ce personnage étoit Schams-eddin Mohammed Djouïny, qui fut successivement principal ministre d'Houlagou, d'Abaga et d'Ahmed. Il étoit frère d'Ala-eddin Atha-melik, gouverneur de Baghdad, qui a écrit en persan une histoire fort estimée des premiers princes de la race de Djinghiz-khan.

(27) Abaka-khan, qui est appelé en persanbul, est nommé en arménien qui Abaghan, ce qui provient, à ce que nous pensons, d'une sorte de contraction fort en usage dans la langue Mongole, et dont nous avons déjà parlé plusieurs fois.

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(28) Le mot de touman signifie effectivement, en langue Mongole, dix mille, et a maintenant le même sens dans la langue Persane. Il désigne dans l'usage ordinaire de la Perse, comme les livres sterling en Angleterre, une sorte de monnoie de compte dont la valeur a souvent varié. Il y a dans le texte, înшiu, Fhp, un touman, est une myriade. Nous avons traduit par dix mille pièces d'or, parce qu'ordinairement on entend par un touman dix mille pièces d'or ou dinars.

(29) Notre auteur se trompe; nous avons déjà vu qu'Houlagou étoit mort au mois de février de l'an 1265: cette erreur n'a sans doute pas été commise par l'auteur de l'Histoire des Orpélians, car la Croze dit dans sa traduction qu'Houlagou mourut en l'an 714 de l'ère Arménienne, qui répond à l'an 1265; mais dans son évaluation il s'est aussi trompé, car il dit qu'elle correspond à l'an 1264. (30) Doukouz-khatoun étoit issue de la race royale des Kerait, et fille d'Aïkou, fils de Wang-khan. Elle étoit l'une des principales femmes de Touly, père d'Houlagou, et, selon l'usage des Mongols, elle épousa après sa mort un de ses fils, qui étoit né d'une autre princesse. Mangou la donna à Houlagou quand il l'envoya gouverner la Perse, et elle tint le premier rang entre ses femmes. Cette princesse étoit Chrétienne, et, pendant le règne d'Houlagou, elle protégea les Chrétiens de tout son pouvoir. (Raschid-eddin, fol. 273 verso.) Doukouz-khatoun mourut le 1.er de ramadan de l'an 663 de l'hégire [17 juin 1265], quatre mois et onze jours après la mort d'Houlagou. (Ibid. fol. 298 verso.) Abou❜lfaradj, dans sa Chronique Syriaque (p. 543), place sa mort dans l'été de l'an 1576 de l'ère des Séleucides, ce qui revient au même. Il ajoute que cet événement fut le sujet d'un grand deuil pour les Chrétiens, et qu'il leur causa beaucoup de mal.

(31) Dans l'arménien, Sahib-khoḍcha. On ne trouve dans aucun autre historien l'accusation du crime que notre auteur attribue au ministre d'Houlagou; il est probable qu'il ne le lui a imputé qu'en haine du musulmanisme, que professoit Schems-eddin Sahib-diwan. (32) Dans la Croze, en l'an 731 de l'ère Arménienne. Selon RasTome II.

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