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tomne de 1281, Mangou-Timour, autre frère d'Abaka, passa l'Euphrate avec une armée considérable de Mongols, renforcée d'un grand nombre d'Arméniens et de Géorgiens. On livra une grande bataille entre les villes d'Émesse et de Hamah, le 30 octobre 1281. Les Tartares, qui y avoient d'abord eu l'avantage, furent ensuite vaincus par les Arabes Thaalébites, qui fondirent sur eux pendant qu'ils étoient occupés à poursuivre les fuyards. Il n'y eut que l'aile droite, composée de Mongols de la nation des Ouïrat, de cinq mille Géorgiens, et des troupes Arméniennes conduites le roi Léon III, qui chassa par les ennemis jusqu'aux portes d'Émesse et revint chargée d'un immense butin. C'est sans doute dans cette campagne que Darsaïdj Orpélian eut occasion de déployer son courage, et il étoit sans doute dans le corps dont nous venons de parler. Cependant les Tartares, affoiblis par cet échec, ne purent poursuivre leurs conquêtes en Syrie, et ils repassèrent l'Euphrate.

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(48) Abou❜lfaradj fait mention (Chronique Syriaque, p. 556, et Chronique Arabe, p. 550) des services que les Géorgiens rendirent aux Mongols, en combattant pour eux dans l'Asie mineure contre Bondokdar, sultan des Mamelouks d'Égypte, qui y avoit fait une invasion. Le 16 avril 1277, les Tartares perdirent une bataille dans laquelle leurs généraux Toukou et Toudan furent tués. Trois mille Géorgiens qui étoient dans l'armée Mongole firent des prodiges de valeur pour repousser les Égyptiens. Deux mille d'entre eux trouvèrent la mort dans cette action, et le reste fut obligé de se retirer avec les Tartares. Cette bataille se livra dans le pays d'Ablasdan ou d'Ablestan, selon Raschid-eddin (fol. 312 recto).

(49) Dans l'arménien, zu Supшgzny, contre les peuples de Mesr, ou l'Egypte.

(50) Il s'agit sans doute ici des guerres qu'Abaka eut à soutenir contre Mankou-Timour, souverain du Kaptchak, du côté du défilé de Derbend. Pour distinguer ce défilé de plusieurs autres qui portent le même nom, Raschid-eddin l'appelle souvent Derbend de Kaptchak, las, et Derbend des Khazars, (fol. 204 recto,

209 verso et 297 recto). Le même auteur dit aussi que ce lieu étoit appelé par les Mongols aël Tamour kahalkah ( en mongol Living Ways Tamour khagalga), ce qui, comme Demir-kapou en turk, signifie porte de fer.

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(51) Le mot de balisch, qui est d'origine Mongole, est passé dans la langue Persane. Voici comment Castel l'explique dans son Dictionnaire Persan: Mogolica voce. 1. Talentum 500 läs pondere : et pecuniæ summa ibidem valens 75 denarios aureos. 2. Cervical, pulvinar, log. pec. lecticarium, cui innituntur considentes aut discumbentes. Si in orbem seu quatuor cubiculi latera disposita sunt ejusmodi pulvinaria vocant. 3. Linteum, quo obligantur vulnera, taniæve iis imposita. Je pense que, dans l'origine, ce mot désignoit une sorte de tablette en or, en argent ou d'un autre métal, que les souverains donnoient comme récompense et comme témoignage de leur satisfaction. Le double sens que ce mot a maintenant dans le persan me feroit croire cependant qu'un balisch n'étoit pas toujours d'une substance métallique, mais que ce pouvoit être quelquefois une pièce d'étoffe de la même forme, ornée sans doute de dessins et de broderies. La description que l'historien des Orpélians donne de celui que Darsaïdj reçut pour récompense de ses exploits, nous prouve que c'étoit une tablette d'or ornée de dessins.

(52) On lit dans le texte ; mais je n'ai pas balancé à y substituer Spuuhh. Nous avons déjà fait voir que Sempad étoit mort long-temps avant l'an 1272. D'ailleurs on voit clairement que tout, dans la phrase, se rapporte à Darsaïdj.

(53) C'est ici la première fois que la chronologie Géorgienne s'accorde avec celle des Arméniens, et sans doute avec la vérité. M. de Klaproth (Reife in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 187) place, comme l'historien des Orpélians, la mort de David Soslan et l'avénement de son fils Démétrius en l'an 1272.

CHAPITRE IX.

(1) Ce prince, que plusieurs orientalistes et même plusieurs écrivains Persans ont appelé par erreur Nikoudar, ce qui vient de la confusion des points diacritiques, s'appeloit réellement, Takoudar, comme

nous l'apprennent Raschid-eddin et Abou❜lfaradj. Il n'étoit pas neveu d'Abaka, comme le disent l'historien des Orpélians et quelques autres auteurs; il étoit son frère, et le septième des fils d'Houlagou. Il prit le nom

d'Ahmed quand il eut embrassé le musulmanisme. Sa mère étoit ou Koutyou Koutouy-khatoun, issue du sang des rois de la tribu de Kounkerat. Takoudar monta sur le trône le 13 de reby 1." de l'an 681 de l'hégire, le 21 de haziran de l'an 1593 des Séleucides [21 juin 1282], deux mois et vingt-un jours après la mort de son frère. Il fut détrôné le 11 de djoumadi-alawel de l'an 683 [26 juillet 1284], selon Raschid-eddin (fol. 324 verso), et tué le 26 du même mois [10 août] par les enfans de son frère Kounkourtay, qu'il avoit fait périr.

(2) Ghongherthay, qui est nommé par Raschid-eddingögö Kounkourtaï, étoit le neuvième fils d'Houlagou; sa mère étoit une concubine Chinoise nommée Atchoutcheh - Abakatchi. Takoudar le fit périr peu de temps avant la fin de son règne; c'est pour cela que l'historien des Orpélians dit que ce fut dans la troisième année, car il n'occupa le trône que deux ans, un mois et quelques jours, à compter de son inauguration, ou bien deux ans et environ quatre mois depuis la mort d'Abaka.

(3) La Croze, dans ses Extraits de l'histoire des Orpélians, a traduit les mots quz jumuiriu Lanning zesouldann Horhomots, qui signifient sultan de Roum, ou de l'Asie mineure, par sultan d'Hormuz. Il paroît ensuite que son manuscrit étoit corrompu ou mal écrit ; car, au lieu de Khiatin ou Ghaïath-eddin, il a lu Chaphadin. Le prince dont il s'agit étoit Ghaïath-eddin-Kaïkhosrou-Kilidj-Arslan, fils du sultan Rokn-eddin. Selon Raschid-eddin (fol. 265 recto), il fut martyrisé dans la ville d'Arzendjan. Abou'lfaradj met cet événement (Chronique Syriaque, pag. 574) en l'an 683 de l'hégire [ 1284 et 1285 de J. C. ].

(4) On trouve dans Raschid-eddin (fol. 321 recto-325 recto) un récit très-détaillé de cette révolution. Arghoun-khan étoit fils d'Abaka et de Katmisch-Khatoun; son règne, comme nous l'avons déjà dit, commença le 11 de djoumadi 1." 683 de l'hégire [ 26 juillet 1284]; il mourut à Baghtcheh-Arran, le 7 de reby-alawel 690 [10 mars 1291]. Son frère Kantchatou lui succéda.

(5) Après que Takoudar eut été détrôné, Khodjah-Schems-eddinSahib-diwan se sauva dans le Louristan, pour échapper à la colère d'Arghoun, qui le regardoit comme l'auteur de la mort de son père. L'atabek Yousouf-Schah, qui possédoit le Louristan, l'arrêta et le

livra à Arghoun, qui le fit mourir par un long et cruel supplice, le 5 de schaaban de l'an 683 de l'hégire [ 17 octobre 1284 de J. C. ]. C'est ainsi que périt ce ministre, qui, pendant plus de vingt ans, avoit gouverné la Perse, et dont le doigt seul, pour me servir de l'expression d'Abou❜lfaradj, régissoit tout l'empire Mongol.

(6) Il s'agit ici sans doute du pays possédé par la famille de Vahram, prince de Schamkor, qui est souvent qualifié par les historiens Arméniens et Arabes du titre de prince de Gag ou Kak et de Schamkor.

(7) Ce personnage est fort peu connu dans l'histoire d'Arménie, quoiqu'il paroisse avoir tenu un rang distingué dans son pays. Le P. Tchamtchéan n'en dit pas un mot dans son Histoire d'Arménie. Une inscription copiée par Jean Ouosk❜herdjan (voyez Mémoire de Jean Ouosk❜herdjan, page 62) nous prouve qu'il vivoit en l'an 722 de l'ère Arménienne [ 1273 de J. C. ], et qu'il étoit alors maître de la partie de la Géorgie méridionale où se trouvoit le monastère d'Haghpad, pays qui avoit été possédé antérieurement par la famille d'Avak. Je pense que Sadoun, ou Satoun, étoit atabek du roi David Soslan. On l'appelle, dans l'inscription que nous avons citée, Uzush մը Սպասալար պարոն Սադուն Athapag Mer Sbasalar Baron Satoun. Nous avons déjà eu plusieurs fois occasion de parler des titres d'atabek et de sbasalar, le mot mer me paroît être une altération de l'arabe

amir, qui se trouve fréquemment employé dans l'arménien de cette époque. Zakharé et Ivané, prédécesseurs de Sadoun, prenoient le titre d'amir sbasalar. Le nom de baron, qui, dans l'usage ordinaire des Arméniens, signifie maintenant monsieur, est probablement le titre connu chez nous, que les croisades avoient répandu en Asie; si tant est, cependant, que l'usage n'en remonte pas à une époque plus ancienne. Raschid -eddin fait mention (folio 335 recto) d'un certain Koutloubouka, fils d'un Géorgien appelé Sadoun, qui est

قوتلبوقا پسر صادون sans doute le même que celui dont nous parlons

. Il vint trouver le sultan des Mongols, Kantchatou-khan, à la fin du mois de schaaban de l'an 692 de l'hégire [ août 1293].

(8) David V fut placé sur le trône de Géorgie, en 1294, par Kantchatou-khan, que les Géorgiens nomment, je ne sais pourquoi, Khoultho-khan, après qu'il eut ôté la couronne à Vakhthang II, fils de David Narin. (Voyez Klaproth, Reife in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, pag. 188.)

(9) Ce prince est Léon III, roi de la petite Arménie.

(10) C'est Constantin II, patriarche de Sis, dans la Cilicie. (11) Le genéral qui avoit placé Arghoun sur le trône, est ordinairement appelé Bouka par Raschid - eddin; Abou'lfaradj ( Chronique Syriaque, pag. 570) le nomme Bouka-Djizkara. Je suis assez porté à croire qu'au lieu de la leçon fzqushiu puur Poughatchin-k’hsan, que j'ai conservée dans le texte, il faut lire fintqm Qrupuur Pougha-Tchink'hsan, changement fort peu considérable. C'étoit sans doute le nom de Tchinkesang, qui étoit assez commun chez les Mongols, et qui n'est pas autre chose que le titre Chinois de tching-siang, c'est-à-dire, ministre. Pendant le commencement du règne d'Arghoun, Bouka fut le premier de l'état; tout le pouvoir étoit entre ses mains; il en abusa à un tel point, qu'il devint un objet d'exécration pour tous les grands, qui conspirèrent contre lui, l'accusèrent de trahison, et parvinrent à le faire périr. Il fut mis à mort le 21 de dhou'lhedjah de l'an 687 de l'hégire [ 16 janvier 1289], selon Raschid-eddin (fol. 328 recto), et le 14 de kanoun 1." de l'an 1600 des Séleucides [14 janvier 1289], selon le continuateur Syrien d'Abou'lfaradj ( Chronique Syriaque, pag. 581 ),

(12) Aroukh ÿ, étoit frère de Bonka, qui l'avoit fait gouverneur général de Baghdad, de l'Aderbaïdjan et de la Mésopotamie; il fut tué à Arbèle, avant d'avoir été informé du sort de son frere. Khazan ou Ghazanje étoit le fils aîné d'Aroukh, et Oudjan bi son écuyer, J. Aroukh et Oudjan furent tués le 29 de mouharram de l'an 688 de l'hégire [ 22 février 1 289.](Raschid-eddin, fol.328 recto.)

sur

(13) Nous avons déjà vu que, selon notre auteur et selon les Géorgiens, Démétrius, fils de David Soslan, étoit monté sur le trône en l'an 1272. Les Géorgiens sont encore d'accord avec nous l'époque de sa mort, qu'ils placent aussi en 1289. (Klaproth, Reife in den Kaukasus und nach Georgien, tom. II, p. 187. ) Les Géorgiens lui donnent le surnom de Thav-dadebouli, qui signifie qui se dévoue soi-même, parce que, disent-ils, dans le temps qu'Arghoun-khan se préparoit à entrer dans leur pays pour le dévaster, Démétrius, pour désarmer sa colère, se remit entre ses mains. Cette action héroïque ne toucha pas le sultan des Mongols, qui lui fit trancher la tête, et donna son royaume à Vakhthang II, fils de David Narin, qui régnoit sur l'Imireth. (14) Outre les deux fils de Libarid dont parle notre auteur, une

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