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>> par la Perse, jusqu'à l'empire Romain, on partageroit » exactement le monde; et il est possible qu'ils aient raison, >> parce que ce pays s'avance beaucoup vers la gauche, de >> sorte que les charges de soie qui viennent en Perse par >> terre, à travers diverses nations, y arrivent en peu de » temps, tandis que, par mer, on est obligé d'aller à une » fort grande distance de la Perse...... Ainsi donc, celui » qui prend la route du Tzinitzas en Perse, diminue de » beaucoup son chemin. C'est pour cela aussi qu'on trouve toujours en Perse une grande quantité de soie. On ne » navigue pas au-delà du Tzinitzas, et personne n'y habite non >> plus (1). Ces deux fragmens importans nous apprennent que le commerce de la soie étoit le principal motif des relations qui unissoient la partie occidentale de l'Asie avec la partie orientale, et on a déjà fait sans doute une réflexion semblable. Ce motif a dû être le même dans tous les temps. On sait que, dans l'occident, on fit toujours un grand usage des vêtemens de soie, et qu'on ne pouvoit s'en procurer que

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plusieurs pays de l'Inde: « Enfin est le Tzinitzas, d'où vient la » soie; il n'y a pas d'autres pays au-delà, car l'Océan l'environne » du coté de l'orient. » Καὶ τὸ λοιπὸν ἡ Τζινίςα την μέταξιν βάλλουσα ἧς ἐνδότερῳ, ἐκ ἔσιν ἑτέρα χώρα· ὁ Ὠκεανὸς γδ αὐτὴν κυκλοῖ καὶ ἀναπλάς. Cosmas, lib. X1, p. 337.

(1) Καὶ φασὶν οἱ Ινδοί φιλόσοφοι οἱ καλέμενοι Βραχμάνες, ὅτι ἐὰν βάλης από Τζινίτζας απαρτίον, διελθεῖν διὰ Περσίδος ἕως Ρωμανίας, ἀπὸ κανόνος Το μεσαίτατον τ8 κόσμου δειν, ε τάχα ἀληθεύσαι. Πολύ η αριστερά στην ὡς δι ̓ ὀλίγου χρόνο βαςαγάς μεταξίου γίνεται εκ π ἐκεῖ, ἐκ διαδοχῆς ἑτέρων εθνῶν ἐν Περσίδι διὰ τῆς γῆς· διὰ δὲ τῆς θαλάσσης πάνυ πολλά δια σήματα απέχουσα ἀπὸ τῆς Περσίδος... διατέμνει εν πολλὰ διατήματα ὁ διὰ τῆς ὁδοῦ ἐρχόμενος ἀπὸ Τζινίτζας Ἐπὶ Περσίδα, ὅθεν καὶ πλῆθος μεταξία dei 67 TŴY IIepoida deionery. Cosmas, Topogr. Christ. lib. 11, p. 137 et 138.

dans la Chine. S'il étoit de notre objet d'entrer dans de plus grands détails sur ce point, nous ne doutons pas que nous y trouverions de nouvelles raisons en faveur de notre opinion; il nous suffit de l'indiquer. Tout ce que nous avons rapporté, prouve, à ce qu'il nous semble, que les Grecs et les Romains ont connu la Chine; et s'ils ne nous ont pas transmis des détails plus circonstanciés sur ce pays lointain, c'est qu'ils n'y alloient pas eux-mêmes, et qu'ils recevoient les marchandises qui en venoient, aux dernières stations établies du côté de la Perse. Menander Protector nous apprend qu'au vI. siècle, le commerce de la soie étoit entre les mains des Sogdiens, alors vassaux des Turks, après l'avoir été des Huns Hayathélites. Ils voulurent, dans ce même temps, obtenir du roi de Perse la permission de transporter leurs soies à travers ses états, pour les vendre aux Romains (1). Comme les sujets de ce prince faisoient le même commerce, et qu'ils tiroient cette marchandise de Chine, par mer, puisque les marchands Chinois venoient trafiquer dans le golfe Persique, il s'opposa au desir des Sogdiens, et ce fut la cause d'une guerre entre les Persans et les Turks.

Théophilacte Simocatta dit, en parlant des possessions des Turks dans l'intérieur de l'Asie, que leur principale ville étoit nommée Taugas (2), si les manuscrits ont été bien lus. Elle nous paroît être la même que Tankebasch, souvent mentionnée dans les auteurs Arabes et Persans. Cette ville étoit assez voisine d'une autre grande cité appelée Choubdan, X8Cv, où l'on trouvoit beaucoup d'éléphans, et dont les habitans avoient de fréquens rapports avec les In

(1) Menand. Protect. in excerpt. de legation. p. 106 et 107. (2) Theoph. Simocatt. lib. VII, cap. 7, 8 et 9.

diens (1). Il ne faut pas nous laisser abuser par cette expression, dont les Grecs et les Latins se sont servis d'une manière aussi erronée que nous l'avons fait quelquefois; il seroit fort possible que les Indiens de Simocatta ne fussent pas autres que les Chinois. On a pu déjà remarquer qu'on ne parvenoit chez eux qu'après avoir traversé l'Asie centrale. Cet auteur ajoute encore qu'ils habitoient vers le nord, qu'ils étoient blancs, et que c'étoit de chez eux que l'on tiroit les vers à soie, qui s'y trouvoient en grande quantité, et de diverses couleurs, et dont les barbares avoient un soin tout particulier (2). On verra bientôt que la Chine fut toujours classée, chez les occidentaux, parmi les pays du nord, à cause de la direction de la route qu'on tenoit pour y aller; et, d'ailleurs, si Simocatta avoit voulu parler des véritables Indiens, il n'auroit pas remarqué que ceux-ci étoient blancs, puisque le nom d'Indien étoit presque devenu, dans l'usage ordinaire, synonyme de la couleur noire. On a donc tout lieu de croire qu'il s'agit ici des Chinois. Chez les Chinois, la capitale se nomme King-tian [ résidence de la cour]: pourquoi la ville de Choubdan ne seroit-elle pas la capitale de la Chine, sous la dynastie des Thang? Cette ville est appelée [Koumdan], dans le monument relatif à la religion chrétienne, trouvé en Chine par les Jésuites, qui

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(1) Ἡ δὲ Χουβδάν, δύο μεγάλοις διείληπται ποταμούς.. . . ἐλέφαντες δὲ τῷ ἔθνε πολλοί. Τοῖς δὲ Ἰνδοῖς κατὰ τὰς εμπορείας συναναμίγνυνται. Theoph. Simocatt. lib. VII, cap. 9, p. 177.

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(2) Τούπες » φασι πει τα βόρεια τεβαμμένες Ινδούς, και λευκές πεφυκέναι. Οἱ δὲ σκώλικες, ἐξ ὧν τὰ σηρώων καθέτηκε νάματα, πάνυ παρὰ τῷ τοιύτῳ ἔθνε πολλοὶ ἐναλλάξ, καὶ ποικίλω τὴν χροιάν κεκτημένοι, τὴν τε περί Τα τοιαντα ζώα φιλοτεχνίαν φιλοτίμως ἀσκῖσιν οἱ βαρβάροι. Theoph. Simocatt. lib. VII, cap. 9, p. 177.

date de l'an 782 de J. C. (1), un peu plus d'un siècle après Simocatta (2). On retrouve ce même nom dans les Arabes, pour la capitale de la Chine. Les voyageurs Arabes, publiés par Renaudot (3), Masoudy (4), et d'autres auteurs, l'appellent la Khoumdan. S'il en est ainsi, c'est une preuve sans réplique que les Romains savoient, au commencement du VII.° siècle, qu'on pouvoit aller par terre, à travers l'Asie, jusqu'au pays de la soie, à l'extrémité orientale de cette partie du monde.

Avant cette époque, ou, comme s'expriment les écrivains Chinois, au temps des trois royaumes, c'est-à-dire, dans le III. siècle, les Asi, ou les Asiens, qui habitoient le territoire de la ville actuelle de Bokhara, et qui sont les mêmes que les Sogdiens, faisoient le commerce exclusif de la soie. Ils cachoient aux Romains la véritable route de la Chine, et ils empêchoient, de tout leur pouvoir, l'établissement des communications que ceux-ci vouloient ouvrir avec les Chinois: ce fut là même, selon ces derniers, le motif qui obligea Marc-Aurèle à envoyer son ambassade par les mers du midi. Tous les faits que nous avons rapportés prouvent donc,

(1) Ce monument a été trouvé à Si-'an-fou, ville de la province de Chen-si, située à l'extrémité N. O. de la Chine. Elle fut longtemps la résidence des empereurs de la dynastie des Thang, et je crois que c'est d'elle-même qu'il est question dans le monument, sous le nom de Choumdan.

(2) Anciennes relations des Indes et de la Chine, traduites de l'arabe par l'abbé Renaudot, p. 237. — Assemani, Biblioth. orient. tom. III, pars 11, p. ss0.

(3) Anciennes relations des Indes et de la Chine, par Renaudot, p. 64, 181 et 182.

(4) Moroudj-eddheheb, ms. de Constantinople, tom. I.er, fol. 61 recta et 62 verso.

à ce qu'il nous semble, que, depuis le commencement de l'ère chrétienne au moins, les Chinois ont été connus des anciens sous le nom de Sina, et qu'ils l'ont toujours été, depuis cette époque, sous des dénominations à-peu-près pareilles, et évidemment d'une même origine. Si nous ne craignions d'être entraînés trop loin de notre sujet, nous pourrions encore ajouter d'autres preuves à l'appui de notre opinion. Nous croyons en avoir assez dit pour qu'elle soit hors de doute. Nous nous bornerons maintenant à parler de ce qui peut jeter quelque jour sur l'origine de la race des Orpélians: nous nous occuperons pour cela de l'origine même du nom de la Chine, et nous trouverons encore, en discutant ce point, les moyens de reporter jusqu'au III. siècle avant J. C., l'époque où ce pays fut connu pour la première fois dans l'occident.

L'historien des Orpélians ne s'exprime pas avec assez de clarté, pour que nous puissions, d'après son récit, déterminer d'une manière précise l'époque de l'établissement de cette famille en Géorgie. On y voit seulement que les princes de cette race vinrent dans ce pays, sous le règne de Kékaous, l'un des anciens rois de Perse, de la dynastie que les Orientaux appellent des Kéans, ou des Kaïanides; ce qui donne lieu de croire, pour tout renseignement historique, que cet événement arriva avant la conquête de la Perse par Alexandre. Un autre ouvrage nous fournira quelques éclaircissemens sur ce même fait; c'est l'Histoire de Géorgie, composée en géorgien, au commencement du XVIII. siècle, par Vakhtang V, roi de K'harthel (1), dont

(1) Ce prince étoit fils du roi Léon, fils de Vakhtang IV; il succéda en 1703 à Kaïkhosrou, fils de George XII, frère de Vakh

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