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ne peuvent être pris et tourmentés par les hommes, et il en seroit ainsi du Dieu créateur de toutes les créatures. Il est honteux pour nous et pour vous d'entendre des choses aussi indignes de croyance. Il ne vous reste que deux choses à faire : ou de faire une réponse, article par article, ou bien encore de la faire et de venir à la cour, pour que nous soyons en présence au milieu d'un grand tribunal.

NOTES

SUR L'ORDONNANCE DE MIHR-NERSÈH.

(1) JE me borne à donner ici la traduction de cette pièce et de la suivante, que je voulois d'abord publier avec leur texte original, J'espère avoir bientôt l'occasion de publier la première, avec la réponse des évêques et des princes de l'Arménie ( Élisée, Histoire des Vart. édit. de Constantinople, chap. 2, pag. 23—26 et pag. 26—39), que sa longueur m'a empêché de mettre ici. Quant à la lettre des princes de l'Arménie au pape, que nous donnons à la suite de cette pièce, elle n'est pas, dans sa totalité, d'une assez grande importance pour y joindre le texte.

(2) Dans l'édition de Constantinople, on lit, Larky Spofuium_ pkpure, et dans l'Histoire d'Arménie de Tchamtchéan (tom. II, p. 26 ), վզուրկ հրամանատարերան. Les noms de verig hramanadar ou vezourg hramandar, c'est-à-dire, grand donneur d'ordres, qui ont pris une forme Arménienne, me paroissent désigner la dignité qui existoit en Perse sous la dénomination de bouzourgfermandar, ce qui est à-peu-près la même chose qu'en arménien.

Ջարվան

(3) Le nom du dieu Zerwan, en arménien, Opfutu Zarvan, se trouve très-rarement dans les livres modernes des sectateurs de Zoroastre ; on ne le rencontre même qu'une seule fois dans ce qui nous reste des livres de ce législateur, sous la forme Zende de Zarouano. C'est le temps sans bornes, comme Saturne ou Chronus, auquel il répondoit assez parfaitement. Il ne paroît pas qu'il ait jamais été l'objet d'une grande vénération, puisqu'il n'eut même jamais de temple; ce que les évêques Arméniens remarquent, dans leur réponse à Mihr - Nersèh ( Hist. des Vart. chap. 2, p. 30). De même que le

nom de Zarouano étoit employé dans la langue Zende comme un mot ordinaire avec le sens de temps, je crois que celui de Zerwan ol fut autrefois usité dans le Persan avec le même sens; mais la domination Arabe le fit tomber en désuétude à cause de son sens théologique, et il fut alors remplacé par lej zeman, depuis longtemps commun à l'arabe et au persan, et qui se trouve aussi dans le zend sous la forme Zemo.

כל

(4) Les traditions mythologiques rapportées dans cet endroit, qui ne se retrouvent point dans ce que nous possédons des livres de Zoroastre et des Parsis, et qui pourroient donner lieu à des considérations importantes sur leur origine, se retrouvoient dans un livre composé, dans le v. siècle, par Théodore de Mopsueste, dont il ne reste plus qu'une très-courte notice dans la Bibliothèque de Photius: « J'ai lu, dit ce savant patriarche, le traité de Théodore de » la Magie Persane, et comment elle diffère de la piété, adressé à » Mastuvius, Arménien, et remplissant les fonctions de chorévêque. » (Je pense que ce personnage est le fameux Mesrob, que les Ar»méniens appellent souvent Maschdots, nom qui ne diffère pas beau>>coup de Mastuvius.) Dans le premier livre, il parle de l'infame » dogme des Persans, qu'ils ont reçu de Zasradès [Zoroastre], c'est» à-dire de ce qui concerne Zarouam, qu'ils font le principe de tout >> et qu'ils appellent la Fortune. Il parle ensuite du sacrifice qu'il >> offrit pour donner la naissance à Ormisdas, qu'il enfanta aussi bien » que Satan. » Ανεγνώπη βιβλιδάριον Θεοδώρου, περὶ δὲ ἐν Περσίδι μαγικῆς, καὶ τίς ἡ τῆς εὐσεβείας διαφορᾷ, ἐν λόγοις τρισὶ. Προσφωνεῖς δὲ αὐτοὺς πρὸς Μαζούβιον ἐξ Ἀρμενίας ὁρμώμενον, χωρεπίσκοπον δὲ τυ[χάνοντα· καὶ ἐν μὲν τῶ πρώτῳ λόγῳ ἐκτίθεται τὸ μικρὸν τῶν Περσῶν δόγμα, ὃ Ζασιάδης εισηγήσατο, ἤτοι περι τοῦ Ζαρουὰμ, ὃν ἀρχηγὸν παντῶν εἰσάγει, ὅν καὶ τύχην καλεῖ· καὶ ὅτι σπένδων, ἵνα τέκῃ τὸν Ορμίσδαν, ἔτεκεν ἐκεῖνον, καὶ τὸν Σατανᾶν, κ. τ. λ. Bib. Phot. cod. LXXXI, p. iis, édit. Hoesch.

(5) Le mot ju ïaschd ou haschd, qui en arménien signifie sacrifice, est un mot qui existe dans tous les dialectes Parsis, et qu'Anquetil-Duperron a conservé dans sa traduction des livres de Zoroastre, où il a toujours le sens de prière : c'est pour cette raison que je l'ai rendu de cette façon. Il est certain qu'il vient du mot Zend žesno, prier, qui se retrouve dans le mot composé Mazdeiesnan, qui signifie, les adorateurs d'Ormuzd, et dont les Arméniens ont fait

Umqkquing Maztézants. Quoi qu'il en soit, je crois qu'il faut entendre par un iaschd ou iascht une sorte de sacrifice qui consiste à brûler certaines plantes consacrées, dans telle ou telle circonstance, comme cela se pratique chez les Persans, chez les Indiens, et comme on en voit même des exemples parmi quelques sectaires chez les anciens Grecs.

(6) Les expressions du texte m'ont paru valoir la peine d'être conservées pour leur tournure originale et vraiment expressive: u yuшyın առնելոյ, եւ միւսն ՚ի թերեւսն ասելը, ’un pour faire le sacrifice, et l'autre pour dire peut-être, c'est-à-dire, l'un, pour s'acquitter religieu

de ses devoirs, l'autre, pour répandre des doutes sur la divinité, ou, en un mot, pour donner naissance à l'incrédulité.

(7) Dans le texte, opkykp, les Nasoretsiens. Les Arabes appellent de même très-fréquemment les chrétiens a Nosara, c'està-dire, Nazaréens.

(8) Je pense qu'il y a ici une allusion au culte du Destin ou de la Fortune, nommé en persan Bakht, en arménien fufun Pakhd, qui, quoiqu'il n'en soit pas question dans les livres que nous avons sur la religion Persane, semble avoir occupé dans cette religion le rang que le Destin occupoit dans l'ancienne mythologie Grecque, où il étoit supérieur à tous les dieux. Ces considérations me feroient croire que Photius, dans le passage que nous avons rapporté au sujet de Théodore de Mopsueste, n'a pas bien compris son auteur en lui faisant confondre Zarouam, ou le Temps sans bornes, avec la Fortune, Tú.

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LETTRE

DES

PRINCES DE L'ARMÉNIE ORIENTALE,

AU PAPE (1).

Au vicaire de J. C., saint pontife, grand et digne héritier du siége de S. Pierre et de S. Paul, souverain chef de la foi orthodoxe, ainsi que des ecclésiastiques et des religieux Romains.

Nous les princes et les melik'h (2) de la grande Arménie, pécheurs indignes, nous nous jetons avec ardeur aux pieds de votre sainteté, et nous baisons votre main droite en répandant des larmes et en gémissant comme l'enfant prodigue. Saint père, nous avons péché contre le ciel et contre vous, saint pontife du Christ. De même que toutes les paroles qui sortent de votre bouche sont agréables devant le Dieu créateur, père tout-puissant, de même nous accepterons vos ordres. De même que les paroles des vingt-quatre prophètes choisis plurent dès l'origine au verbe divin, de même vos paroles nous sont agréables. Ainsi que les prédications des douze apôtres étoient nécessaires au Christ incarné, de même les conseils de votre sainteté nous sont nécessaires. Ainsi que le fils et l'image du Dieu invisible prit une forme visible

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