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tait plus haut dans la famille, jusqu'à Louis XIII, comme il dit, et que par conséquent Molière y était né. Voltaire reprit pour son compte l'assertion de Grimarest : << Jean-Baptiste Poquelin naquit dans une maison qui subsiste encore sous les piliers des Halles ». Et toute la tradition du XVIIe siècle se fonda sur cette erreur.

Quand Cailhava, Lenoir et Delaporte voulurent, après la Révolution, rendre un juste hommage à Molière en désignant et décorant sa maison natale, c'est cette maison qu'ils cherchèrent, la maison sous les piliers des Halles. Ils crurent la trouver, non pas elle précisément, mais celle qui avait pris sa place dans la rue de la Tonnellerie; et leur choix ne fut pas sans doute déterminé par le hasard. La maison sur laquelle ce choix se fixa avait été bâtie sur l'emplacement ou non loin de l'emplacement occupé par celle d'André Boudet, le beau-frère de Molière, tapissier comme les Poquelin, et qui demeurait, comme il résulte de plusieurs des actes authentiques publiés par M. Soulié, sous les piliers de la Tonnellerie ». Ils devaient prendre le change d'autant plus facilement que Grimarest et Voltaire donnent par erreur le nom d'Anne Boudet ou Boutet à la mère de Molière.

On voit distinctement l'origine du buste et de la plaque de marbre blanc; ils sont l'expression d'une tradition manifestement égarée et erronée, et, comme tels, il y aurait tout intérêt à les faire disparaître. Quant à l'inscription du no 96 de la rue Saint-Honoré, il nous semble qu'on peut considérer le fait qu'elle constate comme provisoirement acquis. Il est absolument certain que c'était là que Jean-Baptiste Poquelin (le futur Molière) habitait chez ses parents en 1636; il est très probable et il est permis de croire, jusqu'à découverte de documents prouvant le contraire, qu'il y était né. Nous convenons toutefois qu'il eut été plus prudent de n'affirmer absolument le séjour de Molière en cet endroit que pour les années 1636 et suivantes.

Les plaques et inscriptions mortuaires donnent lieu à une difficulté analogue. Si vous suivez la rue Richelieu en allant du Théâtre-Français au boulevard, vous pouvez lire sur la maison no 34 cette inscription: « Molière est

mort dans cette maison le 17 février 1673 à l'âge de cinquante et un ans. » Un peu plus loin, sur la maison no 40, vous lisez : « Ici s'élevait la maison où Molière, né à Paris le 15 janvier 1622, est mort le 17 février 1673. ›

Les deux inscriptions sont récentes. La première est du même temps que le monument qui est en face et eut pour but de justifier l'emplacement de ce monument; c'est en faisant valoir cette circonstance que la maison mortuaire de Molière se trouvait en face du terrain où l'on construisait alors une fontaine publique que M. Régnier demanda, au nom de la Comédie-Française, qu'on fît de cette fontaine un monument en l'honneur de Molière. L'inscription de la maison no 40 est d'hier; elle a été placée après la publication de M. A. Vitu: « la Maison mortuaire de Molière, Paris, Alphonse Lemerre, 1882. » Cet ouvrage tranchait la question de l'emplacement de la maison mortuaire par des preuves décisives.

Ici encore une simplification serait désirable, et l'inscription du no 34 devrait être supprimée. « Voilà de belles vétilles! diront quelques-uns; pourvu qu'on sache que Molière est né dans le quartier des Halles et qu'il est mort rue Richelieu, quel intérêt y a-t-il à connaître l'endroit exact? » Sans doute il n'y a point là un intérêt de premier ordre. Mais du moment où l'on pose dans nos rues des plaques chargées d'inscriptions, encore faut-il s'efforcer de leur faire exprimer une vérité, et ne pas tromper le passant.

Il faut ajouter, pour compléter l'épigraphie parisienne relative à Molière, la plaque d'Auteuil dont il est parlé ci-dessus, page 283, et celle concernant le théâtre du Palais-Royal dont il est question à la page 345. L'histoire de la sépulture de Molière depuis les obsèques jusqu'à nos jours se trouve dans notre seconde édition des Euvres completes de Molière, tome 1, pages 313-385.

TABLE DES MATIÈRES

PREFACE

Molière, l'auteur comique par excellence.
Apprécié par ses contemporains. . .
Moins goûté en France pendant le xvme siècle
Centenaire de 1773. . .

Concours académique.
Admiration de l'Europe.
Molière en Angleterre.
en Allemagne.
en Italie.

en Espagne.

en Hollande, Danemark, Suède..

en Pologne, en Russie.

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Leçons du philosophe Gassendi.

Louis XIII en 1642?.

Molière fit-il le voyage de Narbonne à la suite de

Devint-il l'élève des charlatans du Pont-Neuf?.

CHAPITRE II

31

33

34

35

36

Débuts à Paris, l'Illustre Théâtre.

J.-B. Poquelin adopte le nom de Molière.

Traditions relatives à l'opposition de la famille. L'am-
bassadeur séduit et entraîné.

Renonciation à la survivance de la charge de tapissier
valet de chambre du roi . .

-

Fondation de l'Illustre Théâtre. Contrat du 30 juin 1643.
Denis Beys Germain Clerin - Joseph Béjart — Made-
leine Béjart Geneviève Béjart — Nicolas Bonnenfant
Georges Pinel -
Madeleine Malingre

-

Desurlis André Mareschal

-

Catherine

39

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Retour à Paris à la fin de décembre 1643.

45

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Part faite à ses acteurs dans la distribution de la garde-

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Départ. Les comédiens de M. le duc d'Épernon..
Madeleine Béjart et quelques-uns des acteurs de l'Illustre
Théâtre enrôlés par le duc d'Épernon

Si Molière a fait une Thebaide à Bordeaux.

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