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Quelques jours après il envoie sa démission au ministre; M.de Rigny lui répondit par le commandement d'un vaisseau.

Ce qu'il fit alors, vous le savez, il surprit la ville d'Ancône et y planta le drapeau national. Cet acte de sa vie militaire bien défini, a pesé d'un immense poids dans la balance politique des intérêts de la France. Lui seul s'en révéla la gravité et l'importance. Ce jour-là il fut l'homme du destin, et la preuve éclata d'une façon pompeuse de tous les cabinets de l'Europe, qui n'osèrent appeler d'un nom provocateur l'occupation d'Ancône, mais qui consentirent à en subir les conséquences, pourvu que l'Italie, vassale de l'étranger, ne se ranimât pas plus long-temps au soleil des trois journées; Les rois apprirent un moment, ce qu'ils s'étaient efforcés d'oublier, ils se ressouvinrent qu'un homme avec un drapeau, sur lequel était inscrit France et liberté, pouvait encore ébranler le monde. Ancône a été la tête de Méduse entre les mains de la révolution. Après l'historique coup de main d'Ancône, le commandant Gallois fut le seul Français en Italie dont on négociât le départ; il reparut à Toulon, et son attitude réservée, son silence diplomatique prouvèrent à ses plus intimes amis qu'il gardait dans son cœur un secret et une espérance. C'est aussi de ce moment que le germe de mort qui couvait en lui se nanifesta, de loin en loin, par des symptômes bizarres et insidieux. Son caractère jadis égal, expansif, familier même, avait tourné à l'aigre; il souffrait visiblement au physique et au moral; son esprit se torturait à la poursuite des problèmes ardus de la diplomatie européenne; il y avait en lui un rêve d'ambition auquel il eut le malheur de croire, et qui l'emporta bien loin des joies communes qu'il avait tant aimées. Un jour une voix familière lui disait : « Pour être un peu moins «malheureux, il faut ressembler au commun des hommes. » Sa réponse fut un quasi-divorce avec un ami de vingt ans. Depuis Ancône, fe commandant Gallois vivait d'une vie d'émotions dévorantes, et le grade de contre-amiral, qu'il

méritait à tant de titres, asséna un dernier coup à cette Ame forte, logée dans un corps démoli et que dévastaient trois passions, véritables furies de l'homme sur terre.

L'amiral Gallois, nommé major-général de la marine à Toulon, ne garda pas long-temps ce poste; il fut investi du commandement de nos forces navales dans les mers du Levant. Il partit plein d'ardeur, mais visiblement malade; je le vois encore, au jour de son départ, atteindre avec peine son canot, presque affaissé sous le bras de son aide-de-camp. Cette campagne a ressemblé à toutes les autres du même genre, elle eut cela d'extraordinaire, que l'amiral, presque toujours souffrant et amaigri par une diète forcée, galvanisait à volonté son cadavre pour marcher et agir, lorsque des circonstances impérieuses exigeaient sa présence sur le pont de son vaisseau ou ailleurs. Une fois il se conduisit en rusé diplomate: ayant reçu l'ordre de suivre, comme son ombre l'escadre du capitan-pacha, qu'on soupçonnait chargé de révolutionner la régence de Tunis, il le fit avec un raffinement de prudence et de discrétion qu'on était loin de soupçonner en lui. Le capitan-pacha consentit à se laisser suivre par la division française, sous le vain prétexte de comparer la marche respective des vaisseaux des deux nations. L'amiral Gallois attaché sans relâche à sa proie, imita toutes ses manœuvres, mouillant et larguant ses voiles. même sous les murs de Constantinople. Ce manége ne cessa que par le désarmement de la flotte ottomane. Il fut remplacé dans son commandement et rappelé en France. C'était alors le commencement de sa fin et, comme pour la hâter, il se confina dans une maison de campagne où il ne voyait presque personné, tout entier livré à ses préoccupations de fortune et d'ambition. Son âme, inaccessible à la peur, l'était encore moins à l'idée de la mort; elle recommençait l'espérance de vivre, parce qu'elle avait soif de gloire et de dangers. Le canon de Saint-Jean d'Ulloa l'empêcha souvent de dormir, la noble envie d'un aussi beau trophée,

le fit rêver et de puissance et d'illustration. C'était trop tard, l'âme était encore jeune et ardente, mais le corps corps était fini. Une fois il s'en aperçut, il voulut en appeler au juge ment d'une haute.célébrité médicale, il se rendit à Montpellier comme à un tribunal sans appel, et quelques jours après tout fut dit.

Tel a été l'amiral Gallois. Sa vie militaire sera une étude difficile à comprendre et surtout à imiter; il fut un modèle trop divers et surtout trop fataliste. Comme tous les hommes de sa trempe, la réflexion l'accablait plutôt de son poids, qu'elle ne le déterminait à agir. Il ne se révélait ce qu'il devait faire, qu'au moment où il touchait du doigt sa position; ces hommes sont d'une espèce rare et privilégiée.

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No 32.

VOYAGE rapide et lucratif autour du monde du navire baleinier le Dunkerquois

Le navire baleinier le Dunkerquois, capitaine Lecozanner, vient d'accomplir un voyage qui présente un exemple remarquable de bonheur et d'activité.

Parti du Havre le 30 mai 1839, ce navire, faisant route à l'est, a doublé le cap de Bonne-Espérance, et s'est rendu sur les côte de la Nouvelle-Hollande, où, en moins de cinq mois, il réussit à effectuer sa pêche et son entier chargement. De là, au lieu de revenir sur ses pas et de gagner la double prime, il a continué sa route à l'est et opéré son retour par le grand Océan et le cap Horn. Le 8 juin 1840, il est entré dans le port du Havre.

Ainsi, en un an et huit jours, le Dunkerquois a trouvé lẹ temps de faire sa pêche et d'accomplir un voyage de circumnavigation. Un an et un jour lui ont suffi pour amasser deux mille barils d'huile, tout en faisant le tour du monde.

No 33.

PROGRES de la navigation à vapeur comparée à la navigation à voile.

Les tableaux suivants montrent, sous diverses formes, pour la France, pour le royaume-uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et pour les États-Unis, comment les batiments à vapeur employés à la mer ou sur les fleuves s'accroissent · et se développent plus rapidement que les autres navires, et, pour les deux premiers de ces états, comment la navigation maritime, tant à l'égard du cabotage que du commerce étranger, suit une progression beaucoup plus rapide que la navigation à voile, et empiète sur celle-ci.

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() La distinction des navires à voile et des bateaux à vapeur n'est faite dans les relevés officiels que depuis 1836.

Navigation maritime à vapeur de la France, de 1830 à 1839 inclusivement (navires chargés).

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