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tion de l'Autriche vis-à-vis de lui, ce qu'il avait manifesté en ne s'opposant point à l'offre de la médiation autrichienne, il n'en était pas moins convenable et nécessaire que la situation respective des deux puissances fût définie d'une manière précise. La question qu'il y avait à résoudre à cet égard avait des rapports essentiels avec le grand objet de la paix. Il était donc indispensable de s'entendre d'abord sur l'existence du traité de Paris, et sur les parties de ce traité que les circonstances pourraient mettre dans le cas de tenir en suspens. M. le comte de Bubna s'étant chargé de prendre à cet égard les ordres de sa cour, il était prié de s'expliquer sur ce point. »>

M. le comte de Bubna répondit « que sa cour n'avait cessé de manifester l'intention de ne rien préjuger sur les bases de l'alliance avec la France. Qu'elle avait à la vérité pensé que les rapports militaires qui en résultaient étaient susceptibles de quelques restrictions; mais qu'il n'avait pas pu être dans son intention de les obtenir autrement que d'un commun accord; qu'en consé– quence il était autorisé à assurer que la cour de Vienne était disposée à passer un acte qui, en reconnaissant que le traité de Paris n'avait pas cessé de lier les deux puissances, renfermerait une réserve sur les stipulations qui ne seraient pas d'accord avec les circonstances. >>

Le duc de Bassano, « acceptant ces assurances

comme la base de l'arrangement qui devait en être la suite, engagea M. de Bubna à en faire l'objet d'une négociation immédiate, et, à cet effet, à entrer dans les explications qu'il aurait été autorisé à donner par sa cour sur les réserves qu'elle jugeait nécessitées par les circonstances. Si ces réserves, qui devaient confirmer les bases de l'alliance, devaient porter sur les articles secrets, en ce qu'ils auraient d'incompatible avec la conjoncture actuelle, on ne pouvaity suppléer que par une convention nouvelle. M. le comte de Bubna ne se trouva pas muni d'instructions suffisantes pour s'expliquer et de pouvoirs pour négocier.

Un autre objet sur lequel on s'attendait qu'il serait en mesure était relatif à l'acceptation de la médiation. Plusieurs points devaient nécessai-rement être réglés. Le duc de Bassano en fit l'énumération, et représenta qu'il était contre l'usage des cabinets et notamment contre celui du cabinet de France, d'accepter une médiation autrement que par une convention discutée et librement consentie. Cette formalité à laquelle l'Autriche n'avait aucune raison de s'opposer, la dignité de la France exigeait qu'elle fût remplie.

M. de Bubna admit ces considérations dans toute leur force, et en protestant du sentiment avec lequel sa cour avait accueilli l'exposé fidèle qu'il lui avait fait des dispositions de l'empereur

TOME I.

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Napoléon et de la confiance de ce prince dans les intentions de son beau-père, il assura que l'Autriche n'avait jamais eu la pensée de procéder différemment. On se trouvait donc parfaitement d'accord sur ces préliminaires; mais M. le comte de Bubna n'avait pas plus de pouvoirs pour entrer en négociations réglées sur ce second objet que sur le premier.

Le duc de Bassano, après avoir garanti de nouveau la persévérance de l'empereur Napoléon dans la confiance que lui inspiraient les dispositions de son allié, tant sur les rapports politiques existans entre eux, que sur les vues qui avaient porté l'Autriche à offrir sa médiation, engagea le comte de Bubna à transmettre à Vienne ces nouvelles assurances, et à aller lui-même, s'il le jugeait convenable, presser sa cour de donner enfin des pouvoirs qu'on verrait avec plaisir entre les mains de M. le comte de Bubna. Il lui représenta que si, comme il y avait tout lieu de le penser, on devait aux instances de l'Autriche auprès de la Russie et de la Prusse la prompte acceptation de l'ouverture d'un congrés, il n'y avait pas un moment à perdre pour conclure un arrangement qui en était un préliminaire indispensable. On verra comment M. de Metternich parvint à retarder pendant un mois entier ces négociations, sur lesquelles de part et d'autre il

paraissait facile de s'entendre, et qui furent à Dresde l'affaire d'un moment.

M. le comte de Bubna repartit pour Vienne après cette conférence, et donna l'assurance qu'il serait bientôt de retour avec les pouvoirs nécessaires.

CHAPITRE XXII.

Sur l'armistice.

LE 18 mai, le vainqueur de Lutzen entré triomphant à Dresde avait cru devoir par une démarche directe proposer aux alliés une suspension d'armes dans le but de faire la paix. Cette proposition avait été éconduite par un subterfuge de cabinet. Son ennemi avait interprété cette démarche toute nouvelle de la part de Napoléon, comme un aveu de sa faiblesse, et l'avait condamné à vaincre deux jours de suite à Bautzen et à Wurschen. Il avait espéré en triompher avec les vieilles bandes russes et prussiennes, que le traité de Breslau avait réunies sur le champ de bataille, et ce calcul eût peut-être été vraisemblable, si l'armée française, toute neuve pour la guerre, n'eût pas été commandée par Napoléon. Trois fois vaincus par la conscription, les alliés, sans renoncer au lien politique, au cri de mort qui venait de les unir contre Napoléon, convinrent d'accepter l'armistice qui leur était favorable, et non la paix qui était le seul but de leur ennemi. Napoléon, échappé de Moscou, ne sentit point que ce n'était pas après trois victoires, dont aucune n'était décisive, qu'il

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