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DEUXIÈME PARTIE

LA DOCTRINE CLASSIQUE

LIVRE I

Les généralités de la doctrine classique.

I.

II.

Nul n'est écrivain s'il n'a reçu du ciel le don. (p. 160.)

Le but de l'œuvre littéraire est de plaire. (p. 161.)

III. Le moyen de plaire est l'imitation exacte de la « nature », de la «vérité ». La raison étant la faculté qui connaît de la vérité, tout, dans l'œuvre littéraire, doit tendre à la raison. Tout ce qui est dans la «< nature » est dans l'art. (p. 163.)

IV.

Il faut« imiter », dans la « nature », non les singularités et les exceptions, mais les choses communes. L'œuvre littéraire doit exprimer les sentiments et les idées universels. (p. 166.)

ས.

L'œuvre littéraire ayant pour matière les sentiments et les idées universels, « il n'y a que l'approbation de la postérité qui puisse établir le vrai

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mérite des ouvrages ». Les anciens, dans les œuvres desquels l'admiration de vingt siècles a reconnu une peinture exacte de la nature, sont les seuls modèles éprouvés que se puisse proposer l'écrivain. (p. 167.)

VI.

L'œuvre littéraire doit être utile et faire servir le plaisir à la « correction » des mœurs. (p. 169.)

VII.

- Le mérite de l'œuvre littéraire et la véritable invention résident moins dans la matière, qu'il est indifférent d'emprunter aux écrivains antérieurs, que dans la manière. Souci de la perfection du style. (p. 170).

TEXTES CITÉS

BOILEAU: Art poétique, 1674.

:

Epitre IX, 1673.

Dissertation sur Joconde. 1665, imprimée en 1669.
Réflexions sur Longin, 1694.

Préface pour l'édition de ses œuvres, 1701.

MOLIÈRE La Critique de « l'Ecole des femmes », 1663. LA FONTAINE Fables, épître dédicatoire au Dauphin, et préface du premier recueil 1668.

2e partie des Contes et Nouvelles, préface, 1666.
Lettre XI à M. de Maucroix, relation d'une
fête donnée à Vaux, 22 août 1661.

Préface de « Psyché », 1669.
Epitre à Huet, 1687.

RACINE Préface de « Bérénice », 1670.

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Préface d' « Iphigénie à Aulis », 1674.

LA BRUYÈRE: Les Caractères. Des ouvrages de l'esprit, 1688.

I.

Nul n'est écrivain s'il n'a reçu du ciel le don.

C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteur
Pense de l'art des vers atteindre la hauteur :

S'il ne sent point du ciel l'influence secrète,
Si son astre en naissant ne l'a formé poète,
Dans son génie étroit il est toujours captif :
Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif.

BOILEAU, Art poétique, ch. 1.

Il y a de certaines choses dont la médiocrité est insupportable : la poésie, la musique, la peinture, le discours public.

LA BRUYÈRE, Caractères, des Ouvrages de l'esprit.

Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent,
Ouvrier estimé dans un art nécessaire,
Qu'écrivain du commun, et poëte vulgaire.
Il est dans tout autre art des degrés différents :
On peut avec honneur remplir les seconds rangs;
Mais, dans l'art dangereux de rimer et d'écrire,
Il n'est point de degrés du médiocre au pire.

II.

--

BOILEAU, Art poétique, ch. IV.

- Le but de l'œuvre littéraire est de plaire.

N'offrez rien au lecteur que ce qui peut lui plaire.

BOILEAU, Art poétique, ch. 1.

Vous donc qui, d'un beau feu pour le théâtre épris,
Venez en vers pompeux y disputer le prix,
Voulez-vous sur la scène étaler des ouvrages
Où tout Paris en foule apporte ses suffrages,

Que dans tous vos discours la passion émue
Aille chercher le cœur, l'échauffe et le remue.
Si d'un beau mouvement l'agréable fureur
Souvent ne nous remplit d'une douce terreur,
Ou n'excite en notre âme une pitié charmante,
En vain vous étalez une scène savante.

Le secret est d'abord de plaire et de toucher :
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher.
BOILEAU, Art poétique, ch. III.

On ne considère en France que ce qui plaît: c'est la grande règle, et pour ainsi dire, la seule.

LA FONTAINE, Fables, Préface du premier recueil.

Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi le bon chemin. Veut-on que tout un public s'abuse sur ces sortes de choses, et que chacun n'y soit pas juge du plaisir qu'il y prend ?...

Car enfin, si les pièces qui sont selon les règles ne plaisent pas, et que celles qui plaisent ne soient pas selon les règles, il faudrait, de nécessité, que les règles eussent été mal faites...

Pour moi, quand je vois une comédie, je regarde seulement si les choses me touchent; et, lorsque je m'y suis bien divertie, je ne vais point demander si j'ai eu tort, et si les règles d'Aristote me défendaient de rire. MOLIÈRE, Critique de « l'Ecole des Femmes », Sc. VII.

Je dis... que le grand art est de plaire, et que cette comédie ayant plu à ceux pour qui elle est faite, je trouve que c'est assez pour elle, et qu'elle doit peu se soucier du reste.

MOLIÈRE, Critique de « l'Ecole des Femmes »,

Sc. vII.

Je les conjure d'avoir assez bonne opinion d'eux-mêmes pour ne pas croire qu'une pièce qui les touche, et qui leur donne du plaisir, puisse être absolument contre les règles. La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première.

RACINE, Bérénice, Préface.

III.

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Le moyen de plaire est l'imitation exacte de la « nature », de la « vérité ». La raison étant la faculté qui connaît de la vérité, tout, dans l'œuvre littéraire, doit tendre à la raison. Tout ce qui est dans la « nature » est dans l'art.

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Rien n'est beau que le vrai : le vrai seul est aimable;
Il doit régner partout, et même dans la fable :
De toute fiction l'adroite fausseté

Ne tend qu'à faire aux yeux briller la vérité.

BOILEAU, Epitre IX.

Sais-tu pourquoi mes vers sont lus dans les provinces, Sont recherchés du peuple, et reçus chez les princes? Ce n'est pas que leurs sons, agréables, nombreux, Soient toujours à l'oreille également heureux;

Mais c'est qu'en eux le vrai, du mensonge vainqueur, Partout se montre aux yeux, et va saisir le cœur.

BOILEAU, Epitre IX.

L'esprit lasse aisément, si le cœur n'est sincère.

BOILEAU, Epitre IX.

La simplicité plaît sans étude et sans art.

Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant;
Mais la nature est vraie, et d'abord on la sent :
C'est elle seule en tout qu'on admire et qu'on aime.
BOILEAU, Epitre IX.

Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime :

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