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venir au goût des anciens et reprendre enfin le simple et le naturel !

VI.

LA BRUYÈRE, Les Caractères : Des Ouvrages de l'Esprit.

L'oeuvre littéraire doit être utile et faire servir le plaisir à la « correction » des mœurs.

Qu'en savantes leçons votre muse fertile
Partout joigne au plaisant le solide et l'utile.
Un lecteur sage fuit un vain amusement,

Et veut mettre à profit son divertissement.

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Aimez donc la vertu, nourrissez-en votre âme :
En vain l'esprit est plein d'une noble vigueur;
Le vers se sent toujours des bassesses du cœur.

:

BOILEAU, Art poét., ch. IV.

On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l'instruction et s'il arrive que l'on plaise, il ne faut pas néanmoins s'en repentir, si cela sert à insinuer et à faire recevoir les vérités qui doivent instruire.

LA BRUYÈRE, préface des Caractères.

Je ne doute point... que vous ne regardiez favorablement des inventions si utiles et tout ensemble si agréables car que peut-on souhaiter davantage que ces deux points? Ce sont eux qui ont introduit les sciences parmi les hommes. Esope a trouvé un art singulier de les joindre l'un avec l'autre la lecture de son ouvrage répand insensiblement dans une âme les semences de la vertu, et lui apprend à se connaître sans qu'elle s'aperçoive de cette étude, et tandis qu'elle croit faire tout autre chose.

LA FONTAINE, Fables, premier livre. Eptire dédicatoire au Dauphin.

VII.

Le mérite de l'œuvre littéraire, et la véritable invention résident moins dans la matière, qu'il est indifférent d'emprunter aux écrivains antérieurs, que dans la manière. Souci de la perfection du style.

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Surtout qu'en vos écrits la langue révérée

Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux :
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Sans la langue en un mot, l'auteur le plus divin,
Est toujours, quoi qu'il fasse, un mauvais écrivain.
BOILEAU, Art. poét., ch. 1.

Après avoir supposé, comme vous le supposez très solidement, et comme il n'y a personne qui n'en convienne avec vous, que les grandes choses sont grandes en elles-mêmes et par elles-mêmes, et qu'elles se font admirer indépendamment de l'art oratoire; tout d'un coup, prenant le change, vous soutenez que, pour être mises en œuvre dans un discours, elles n'ont besoin d'aucun génie ni d'aucune adresse; et qu'un homme, quelque ignorant et quelque grossier qu'il soit (ce sont vos termes), s'il rapporte une grande chose sans en rien dérober à la connaissance de l'auditeur, pourra avec justice être estimé éloquent et sublime...

Il s'ensuit de votre raisonnement que, pour être bon historien... il ne faut point d'autre talent que celui que Démétrius Phaléréus attribue au peintre Nicias, qui était de choisir toujours de grands sujets. Cependant ne paraît-il pas, au contraire, que pour bien raconter une grande chose il faut beaucoup plus d'esprit et de talent que pour en raconter une médiocre? En effet... de quelque bonne foi que soit votre homme ignorant et grossier,

trouvera-t'il pour cela aisément des paroles dignes de son sujet ? Saura-t'il même les construire? Je dis construire, car cela n'est pas si aisé qu'on s'imagine.

Cet homme enfin, fût-il bon grammairien, saura-t'il, pour cela, racontant un fait merveilleux, jeter dans son discours toute la netteté, la délicatesse, la majesté et, ce qui est encore plus considérable, toute la simplicité nécessaire à une bonne narration?... En un mot saurat'il... dire tout ce qu'il faut, et ne rien dire que ce qu'il faut ?

BOILEAU, Dixième Réflexion sur Longin.

Toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien.

RACINE, Bérénice, préface.

Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une qui soit la bonne; on ne la rencontre pas toûjours en parlant ou en écrivant. Il est vray néanmoins qu'elle existe, que tout ce qui ne l'est point est foible et ne satisfait point un homme d'esprit qui veut se faire entendre.

LA BRUYÈRE, Caractères, Des Ouvrages de l'esprit.

Horace ou Despréaux l'a dit avant vous, je le crois sur vôtre parole; mais je l'ay dit comme mien, ne puis-je pas penser après eux une chose vraye et que d'autres encore penseront après moy?

LA BRUYÈRE, Caractères, Des Ouvrages de l'esprit.

Quelques imitateurs, sot bétail, je l'avoue,
Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue:
J'en use d'autre sorte; et, me laissant guider,
Souvent à marcher seul j'ose me hasarder.
On me verra toujours pratiquer cet usage;
Mon imitation n'est point un esclavage:
Je ne prends que l'idée et les tours et les lois,

Que nos maîtres suivoient eux-mêmes autrefois.

Si d'ailleurs quelque endroit plein chez eux d'excellence
Peut entrer dans mes vers sans nulle violence,
Je l'y transporte, et veux qu'il n'ait rien d'affecté,
Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité.

Je vois avec douleur ces routes méprisées.

LA FONTAINE, Epître à Daniel Huet.

La manière de conter est de moi, et les circonstances, et ce que disent les personnages. Enfin ce que j'ai pris de mon auteur est la conduite et la fable... Avec cela j'y ai changé quantité d'endroits, selon la liberté ordinaire que je me donne.

LA FONTAINE, Préface de « Psyché ».

Il retranche, il amplifie, il change les incidents et les circonstances, quelquefois le principal événement et la suite enfin ce n'est pas la même chose, c'est proprement une nouvelle Nouvelle, et celui qui l'a inventée aurait bien de la peine à reconnaître son propre ouvrage.

LA FONTAINE, 2e partie des Contes
et Nouvelles, préface.

1. La Fontaine parle de lui-même à la troisième personne.

LIVRE II

Les principaux genres.

I.

II.

CHAPITRE PREMIER

LA COMÉDIE DE MOLIÈRE

« L'emploi de la comédie » est de corriger les vices des hommes par le moyen du ridicule. (p. 174.)

Elle ne peut être utile qu'à la condition de plaire; dédain des règles. (p. 174.)

III.

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Pour plaire, il faut peindre l'homme avec vérité. (p. 175.)

IV. Ce n'est pas les individus, mais l'homme général que peint Molière. (p. 176.)

V. Le comique (et même le comique des mots) doit être pris dans la vérité. (p. 177.)

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Il faut de la vérité dans le jeu des acteurs.

(p. 178.)

TEXTES CITÉS

MOLIÈRE: Préface des « Précieuses ridicules », 1659.
Avertissement des « Fâcheux », 1661.

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