Muse, à ce prix je suis encor tes lois; Que l'Hélicon n'est plus qu'un vain tombeau, Ces jours brillants nés sous le doux auspice Et pour le Styx les lauriers sont-ils faits? N'accusons pas Qu'au mont sacré de nouveaux habitants, La vie aux mœurs, la noblesse aux talents; Pour toi, pendant que de nouveaux Orphées, Moins pour l'honneur d'enlever les suffrages, ÉPITRE IV. A M. LE COMTE DE TRESSAN. Je suis persuadé, monsieur, que vous ne pas de l'empressement que j'ai de « répondre à votre lettre charmante: >> << doutez MAIS Comment écrire à Paris? Toujours le dieu des vers aima la solitude: Où trouver le silence, où fuir la multitude? Pour cueillir les lauriers et les fruits de l'étude Je veux dès son coucher me livrer au sommeil : Dix fois je me le suis promis; Au badinage heureux d'une muse féconde: On croit que les vers sont des jeux, Et qu'on parle en courant le langage des dieux Par les Graces, dit-on, si vos jours sont remplis, Des yeux fermés trop tard par le pesant Morphée Sont-ils si promptement ouverts? De l'antre du Sommeil passe-t-on chez Orphée, Et du néant de l'ame à l'essor des beaux vers? N'importe: cependant, malgré l'ombre profonde Qui couvre mes yeux obscurcis, Dès que je me réveille, à peine encore au monde, Je m'arrange, je m'établis; Dans le silence et le mystere, Au coin d'un foyer solitaire Je me vois librement assis. Le ciel s'ouvre: volons, Muse, oublions la terre: Je vais puiser au sein de l'immortalité . Ces vers faits par l'amour, ces présents du génie, Et dignes d'enchanter par leur douce harmonie Les dieux de l'univers, l'esprit, et la beauté. Enflammé d'une ardeur nouvelle, Déja je me crois dans les cieux; Déja: mais quel profane à l'instant me rappelle Quel insecte mortel vient m'arracher la rime? Viennent en même temps de différents endroits. Bientôt il faut sortir : l'heure est évanouie; Dans l'histoire d'un jour voilà toute la vie. Jusqu'en nos changements tout est monotonie, Prononcez, jugez si je puis Devenir diligent ou rester solitaire : |