Dévoile la brillante image De ce trône que vous parez. Dans tous les climats honorés De l'éclat de votre apanage, En vain, grand roi, vous desirez Échapper au public hommage; En vain sous un nom emprunté L'ineffaçable majesté
Veut se voiler et disparoître; L'auguste et tendre humanité, Les graces, l'affabilité,
Vous font aisément reconnoître, Et d'un peuple toujours vanté Nomment l'ornement et le maître. Vers de nombreuses régions, Guidé par les heureux rayons Du sentiment qui vous inspire, Au vrai livre des nations
Votre génie a voulu lire
Ces traits premiers, sûrs, et profonds, Que tant de dissertations
N'ont pu que foiblement décrire.
Malgré les beaux raisonnements De tant de rêveurs à systême Qui prônent en longs arguments Que l'homme par-tout est le même, Tous les peuples sont différents; Chaque climat a ses nuances:
Vos regards sûrs et pénétrants En saisissent les différences.
Il n'est qu'un point dans ce moment Qui les égale et les rallie;
Oui, ces contrastes de génie, Et d'opinions, et de goûts, Prince aimable, s'éclipsent tous Quand on vous voit paroître et plaire; Et par-tout, ainsi que chez nous, Tous les peuples n'auront pour vous Qu'un suffrage et qu'un caractere.
Du trône et des plaisirs voler à la victoire, Par soi-même asservir des peuples belliqueux; Au sein de la puissance, au faîte de la gloire, Penser en homme vertueux;
Aux arts anéantis donner un nouvel être, Les protéger en roi, les embellir en maître; Éclairer les mortels, et faire des heureux; Aux jours de gloire et de génie Des Césars et des Antonins
C'étoit l'ouvrage de la vie,
Et les destins divers de divers souverains: Mais le héros nouveau de l'Europe étonnée Sait faire des vertus, des talents, des travaux De tant de différents héros,
L'histoire d'un seul homme, et celle d'une année.
A M. LE CHEVALIER DE CHAUVELIN, alors à l'armée de Westphalie,
SUR L'ÉLECTION D'UN MOINE ABBÉ.
Facit indignatio versum. Juv.
D'UNE taverne monacale,
Où tout fermente en ce moment
Pour la patente abbatiale
Et le premier bât du couvent, Très indifférent que l'on nomme Don Luc, don Priape, ou don Côme, Rempli d'un plus cher souvenir, Dans la longue mélancolie De ta fangeuse Westphalie, Ami, je viens t'entretenir; Et, malgré les ennuis extrêmes Où tes beaux jours sont arrêtés, Mon amitié dans ces lieux mêmes
Voit le plaisir à tes côtés.
Tandis que de l'urne fatale Va sortir le destin brillant De l'automate révérend Que prétend mitrer sa cabale Pour s'enivrer impunément Sous sa crapule pastorale; Échappé de la pesanteur Des moines au ton flagorneur, Aux maussades cérémonies, Et délivré de la longueur De leurs assommantes orgies, Je parcours ces bois, ces prairies, Dont on va nommer le seigneur. Oh! qu'ici de l'erreur commune Mon cœur moins que jamais épris, Des miseres de la fortune Conçoit aisément le mépris! Quoi! ces vergers, ces belles plaines, Ces ruisseaux, ces prés, ces étangs, Ces forêts de l'âge des temps, Ces riches et vastes domaines, Tout sera dans quelques instants, A qui?... Charmante solitude, Séjour fait pour n'être habité, Que par l'heureuse liberté, L'amitié, l'amour, et l'étude, La sagesse, et la volupté,
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