AINSI les héros de Solime Respectoient le sang des humains; Ainsi, pour désarmer le crime, Ils n'armoient qu'à regret leurs mains: A l'ombre des sacrés portiques, Rois citoyens, rois pacifiques, Ils fuyoient les champs du trépas; L'ordre exprès du Dieu des batailles A de sanglantes funérailles
Pouvoit seul conduire leurs
Toujours l'ange de la victoire Précédoit leurs fiers bataillons,
Toujours les ailes de la gloire Reposoient sur leurs pavillons:
Tels sont les exploits et les fêtes Que l'aurore de tes conquêtes, Grand roi, présage en tes beaux jours; Des princes l'honneur de son temple Le ciel te voit suivre l'exemple,
Il te doit les mêmes secours.
Combattre et vaincre sans justice, De tous les rois être ennemi, C'est être héros par caprice,
C'est n'être héros qu'à demi: Loin de nous ces vainqueurs bizarres Qui, de leurs sujets, rois barbares, Méprisent les cris douloureux! Loin cette gloire trop funebre Qui, pour les jeux d'un fou célebre, Fait un peuple de malheureux!
La France, exempte de ces craintes, Souscrit aux vœux de ta vertu; Ses palmes ne seront point teintes D'un sang à regret répandu: Instruite que tu dois tes armes Au sort du monde, à ses alarmes, Aux égards d'un auguste amour, Sa fidélité s'intéresse
A cette héroïque tendresse
Qui forge ton glaive en ce jour.
Moins sensible aux conquêtes vastes Qu'à l'heureux sort de tes sujets, Tu faisois écrire tes fastes
Par la main seule de la Paix; Mais le Souverain des armées Veut que tes mains plus renommées De lauriers chargent ses autels. Prends la foudre, et montre à la terre Que ton cœur n'épargnoit la guerre Que pour épargner les mortels.
Quels plus équitables trophées Que ceux que va dresser ton bras Sur les discordes étouffées *, Sur un reste de cœurs ingrats! En vain l'envie, au pas oblique, D'une suprême république Vient tenter la fidélité,
Et lui porte d'indignes chaînes Sous les apparences trop vaines De secourir sa liberté:
Tu ne parois dans la carriere Que pour dissiper ces complots, Et lever l'injuste barriere
Qui ferme un trône à son héros :
Secondé par d'heureux ministres, Tu brises ces trames sinistres. Qu'il regne, ce roi vertueux!
Sa gloire étoit moins bien fondée, Et sa vertu moins décidée,
S'il n'avoit été malheureux.
Tel qu'après l'éclipse légere De son empire étincelant Du sein de l'ombre passagere L'astre du jour sort plus brillant; Tel, vers les régions de l'Ourse Stanislas reprenant sa course Eclate enfin dans tout son jour: Nos cœurs s'envolent à sa suite,
Et jusqu'aux chars errants du Scythe Portent la voix de notre amour.
Toi, que la Suede en vain desire Si quelque soin touche les morts, Ombre, que la Vistule admire, Que ne reviens-tu sur ses bords? Ton aspect domtant la furie Dans les antres de Sibérie Replongeroit leurs habitants: Mais tandis que je te rappelle,
Stanislas dans l'ombre éternelle A précipité ces Titans.
Il regne. Agile Renommée, J'entends ta triomphante voix; La Rebellion désarmée
Tombe, et se range sous ses lois. Que la brigue s'anéantisse! Dissipe, céleste Justice, Un fantôme de royauté; Assure à son unique maître, Au seul qui mérite de l'être, Un trône deux fois mérité.
Noble compagne des disgraces Et des splendeurs d'un tendre époux, Les cieux t'appellent sur ses traces, Va partager des jours plus doux: Ton goût, tes vertus révérées, Tes graces, paroient nos contrées; Tu vas emporter nos regrets. Heureux, en perdant ta présence, Que l'Esther qu'adore la France Te retrace dans ses attraits!'
Ainsi des rois ton nom suprême, Puissant Louis, est le soutien; En défendant leur diadême
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