Tu releves l'éclat du tien.
Où sont ces rivaux indomtables Qui bravoient tes vœux équitables? Qu'ils paroissent à nos regards! Mais quoi! leurs cohortes craintives Ont déja déserté leurs rives, Et tu regnes sur leurs remparts.
Doutoient-ils donc que ce tonnerre Ne fût encor celui d'un roi Qui sut imposer à la terre Un silence rempli d'effroi? France, si long-temps assoupie, Va foudroyer leur ligue impie En souveraine des combats; Et compte encor sur leurs murailles Tes triomphes par tes batailles, Et tes héros par tes soldats.
Mânes françois, mânes illustres,
Vous vainquez dans vos nourrissons;
Dans un loisir de quatre lustres Vos faits ont été leurs leçons: Ils rentrent, héritiers fideles, Dans ces altieres citadelles Où la gloire porta vos lois; Au sein des palmes de nos peres De leurs fils les destins prosperes
Ont fait éclore les exploits.
Guidés par ces foudres rapides Que toujours Mars favorisa,
Ils marchent, vainqueurs intrépides, Aux yeux du héros d'Almanza.
Tributaire encor de la Seine, Superbe Rhin, calme ta peine, Console tes flots en courroux; De l'Éridan l'onde enchaînée Va partager ta destinée,
Et ne plus couler que pour nous.
Je vois Villars, c'est la victoire; Il fut héros, il l'est encor:
Un nouveau trait s'offre à l'histoire, Un Achille dans un Nestor: Sûr de remettre l'aigle en fuite, Fait à vaincre, il mene à sa suite Les Amours, devenus guerriers; de roses,
Et les Ris, en casques
Dans son second printemps écloses,
Portent sa foudre et ses lauriers.
A sa belliqueuse alégresse
Les vieux vainqueurs qu'il a formés Sentent renaître leur jeunesse Et leurs courages ranimés.
Sur leurs chars, en chiffres durables, Ils gravent les noms mémorables De Stolhoffen et de Denain; Déja, par un nouveau prodige, Ils ferment les bords de l'Adige. Aux secours tardifs du Germain.
Amants des vers, ô que de fêtes Vous promettent ces jours heureux! (0) De nos renaissantes conquêtes Renaîtront nos sons généreux:
Reprenons ces nobles guitares
Que touchoient nos derniers Pindares Pour le héros de l'univers;ll & dorst Fleurissez, guirlandes arides:TER Toujours les siecles des Alcides
Furent les siecles des beaux vers.
Grand roi, sur ce brillant modele ba
Dissipe le sommeil des arts:
Ranime leur burin fidele;
Par lui revivent les Césars. Connoît-on ces rois insensibles Dont les trônes inaccessibles Furent fermés aux doctes voix? Ils n'avoient point fait de Virgiles; La mort plongea leurs noms stériles Dans la populace des rois.
Fais naître de nouveaux Orphées; C'est le sort des héros parfaits: Ils assureront tes trophées
En éternisant tes bienfaits. De tes victoires personnelles Puissent leurs lyres immortelles Entretenir les nations,
Dès que dans nos vertes prairies Zéphyr sur ses ailes fleuries Ramenera les alcyons!
Alors les Muses unanimes Chanteront de nouveaux Condés: Déja par leurs faits magnanimes Les tiens ont été secondés; Les Graces briguent l'avantage De chanter seules le courage Du jeune héros✶ de leur cour; Le Rhin l'eût pris, à son audace, Pour le conquérant de la Thrace, S'il n'avoit les yeux de l'Amour.
*S. A. S. monseigneur le prince de Condé.
SUR L'AMOUR DE LA PATRIE.
DANS cet asile solitaire
Suis-moi, viens charmer ma langueur, Muse, unique dépositaire
Des ennuis secrets de mon cœur.
Aux ris, aux jeux, quand tout conspire, Pardonne si je prends ta lyre Pour n'exprimer que des regrets: Plus sensible que Philomele, Je viens soupirer avec elle Dans le silence des forêts.
En vain sur cette aimable rive La jeune Flore est de retour; *En vain Cérès, long-temps captive, Ouvre son sein au dieu du jour: Dans ma lente mélancolie, Ce Tempé, cette autre Idalie N'a pour moi rien de gracieux;
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