Ta vaillance commande au destin des conquêtes, Et ton goût aux plaisirs. O ciel! quel changement! Nymphe immortelle, arrête! Aux acclamations des fêtes renaissantes Quelque fléau subit frappe-t-il la patrie? Une foible lueur a percé les ténebres : Quel spectacle! quel deuil, citoyens et guerriers! Quel sombre égarement! où court ce peuple en larmes? Ciel! peux-tu l'ordonner! eh! quels sont donc les crimes Occupé de Louis plus que du diadême, De l'empire des lis tutélaire génie, Viens, suspends tes lauriers, fruit d'un temps plus serein: Tu veillois sur ses jours quand son ardeur guerriere O bonheur! quelle aurore a dissipé les ombres? Le plus beau jour succede aux voiles les plus sombres: Respirez, renaissez, provinces alarmées, Employez vos clairons, triomphantes armées, Pour chanter l'heureux jour qui ranime la France De Pindare ou d'Horace il ne faut point la voix; Le cri d'un peuple heureux est la seule éloquence Qui sait parler des rois. S'il falloit, ô Destin! cette épreuve cruelle Pour peindre tout l'amour dans nos cœurs imprimé, Réduits au froid bonheur de l'austere puissance, Les maîtres des humains, au sommet des grandeurs, Ignorent trop souvent quel rang on leur dispense Dans le secret des cœurs. S'ils savent être aimés, suivis de la Contrainte, Ainsi, toujours glacés, toujours inaccessibles Au bonheur d'être aimé. A peine quelques pleurs honorent leur poussiere ; Qui ne trompe jamais. Vous jouissez, grand roi, d'un plus heureux partage; Un bonheur tout nouveau va vous suivre sans cesse, Don plus satisfaisant, plus cher que la grandeur, Pour un roi qui connoît le charme et la tendresse Des sentiments du cœur. Vous saviez que dans vous tout respectoit le maître, Que par-tout le héros alloit être admiré: Goûtez ce bien plus doux, ce bonheur de connoître Que l'homme est adoré. X. SUR LA MÉDIOCRITÉ. SOUVERAINE de mes pensées, Tes lois sont-elles éffacées ? Toi, qui seule régnois sur les premiers mortels, Sur cette terre déplorable, De mille erreurs vils tributaires, Les cœurs, esclaves volontaires, Immolent ta douceur à l'espoir des faux biens: Là d'indignes, là de sacrées; Par-tout je vois des fers et de tristes liens. N'est-il plus un cœur vraiment libre Qui, gardant un juste équilibre, Vive maître de soi, sans asservir ses jours? 1 |