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devriez bien en faire un petit brin ma cour à M. de Maurepas; je vous tiens quitte des autres. Je vous félicite de la bonne compagnie qui vous arrive: je vous permets bien à présent de m'oublier; mais auparavant vous me devez assurément une lettre.

J'attends à tous les instants le marquis d'Antin. S'il faisoit beau, vous devriez mener votre compagnie à Belombre; M. Pène a les clefs d'en-bas.

Adieu, Monsieur: j'ai bien encore des choses à vous dire, mais vous n'avez pas le temps de les entendre.

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Monsieur l'intendant veut-il bien me donner un petit moment d'audience? sans quoi plus de monstres, plus de boîtes, plus de greffes, et ma disgrace par-dessus le marché: or, écoutez donc, s'il vous plaît. Ce Belombre me tient en cervelle cruellement, et le silence profond de M. Pène me désespère; il n'y a que vous, Monsieur, qui puissiez redonner un peu de mouvement à son esprit, à ses doigts, et à sa langue. Vous savez ou vous ne savez pas, et vous le saurez quand il vous plaira, qu'il y a de grands projets de bâtiments pour le Belombre, bâtiments si absolument nécessaires à ma vie, à ma vie, remarquez bien à ma vie, que s'ils ne se font

point, il faut renoncer à la campagne cette année. J'ai prié, crié, supplié que l'on commençât cet ouvrage, afin qu'il pût être sec, et en état d'en pouvoir jouir. Un maçon malade; ceci, cela; en un mot, je n'entends parler de rien. Pour l'amour de Dieu, envoyez quérir notre cher Pène, et ayez la bonté de mettre un peu toute cette besogne en train; mais ne l'oubliez pas, et faites-moi un quart de réponse. Je ne parle plus de chemin, c'est l'affaire de madame la première présidente, et si elle ne s'en tire pas bien, elle aura affaire à moi. Je vous prie de lui dire de ma part que tout languit ici en son absence, jusqu'à moi qui n'en jouis point, mais qui l'aime et la respecte de tout mon cœur, et monsieur le premier président aussi; pour lui, je vous assure que Madame est bien heureuse de ma caducité. Monsieur d'Antin arriva à midi avec le déluge; il ne sortit point de l'arche, il dîna et soupa bien, joua avec les poupées de Pouponne; et hier à six heures du matin, onze chevaux de poste lui portèrent le rameau d'olive qui le fit partir, mais je le crois actuellement dans quelque bourbier. Vous avez des fêtes, vous avez des bals; vous avez des plaisirs, et vous avez mon très fidèle attachement, Monsieur.

Gabriel Blancard est sur votre liste pour être infirmier. On dit qu'il y a des places vacantes: s'il est digne d'eu remplir une, je vous la demande, Monsieur.

59.

Au même.

Du 12 février 1735.

Mon Dieu! Monsieur, que j'ai été inquiète de madame de Bonneval! Sa maladie a été annoncée ici d'une façon terrible. Je suis charmée que vous en ayez été quitte pour la peur: elle est grosse apparemment; il faut bien ménager les premières grossesses; je lui fais cent mille compliments avec votre permission. Me voilà inquiète de vous à présent, vous n'êtes point fait pour être garde-malade; votre délicatesse ne doit point suivre les mouvements de votre bon cœur: conservez-vous, au nom de Dieu, car, malgré toutes mes fureurs, je vous aime tendrement: cela ne vous fait pas grand bien, dont je suis bien fâchée.

Je souhaite de tout mon cœur que vos affaires s'arrangent de façon à ne partir que quand vos parents seront arrivés. Si nous gagnons le mois de mai, je vais me planter chez vous pour quinze bons jours, pour aller tous les matins en donner un aux lilas de Belombre. Je m'en fais un grand plaisir; mais vous m'échapperez, et alors je renonce aux lilas.

Adieu, Monsieur. Boismortier est comblé de vos bontés, et moi aussi. Je ferai usage de votre réponse pour mes deux requêtes, c'est tout ce que j'en veux.

60.

Au même.

Du 21 février 1735.

Ne faites faute, Monsieur, cette lettre reçue, de donner une place d'écrivain du roi à celui dont voilà le mémoire. Le nom est effacé, mais cela n'y fait rien: ne laissez pas d'accorder la demande : c'est pour le plus joli garçon du monde. Je ne l'ai jamais ni vu, ni connu; il m'est recommandé par une personne que je n'ai jamais ni vue, ni connue, et le tout m'a été donné par l'abbé de Saint-Andiola, mon cousin germain; et à cause du cousinage, je vous prie de m'écrire en sérieux que ce que je vous demande est impossible, afin que je puisse montrer et lui lire votre lettre. Ce n'est pas tout, Monsieur, voilà le chevalier de Castellane qui vous prie de le faire archer de la marine; il s'acquittera fort bien de cet emploi, ou, si vous voulez, il en fera exercer les fonctions par un de ses amis, nommé Musel, grand, beau, bien fait, qui a servi dans la maréchaussée. M. Dumont, qui vous rendra ceci, est, comme vous savez, rempli de talents et de mérite, il veut que je vous le recommande; mais je l'assure qu'il est tout recommandé

"Il étoit fils de Marguerite Adhemar de Grignan, sœur de M. de Grignan. Elle avoit épousé Laurent de Varadier, marquis de SaintAndiol.

auprès de vous, qui l'honorez de votre estime et de votre amitié : continuez-lui donc vos bontés.

Pourquoi ne voulez-vous point me répondre sur deux articles considérables; l'un qui regardoit vos affaires, et ce qu'il falloit que je répondisse; l'autre sur la prière que je vous avois faite de voir un peu ce pauvre Castellane Adhémar, et de vous faire instruire de sa triste situation; et pourquoi elle étoit telle qu'il me l'a dépeinte? Enfin, je ne puis pas tirer un mot de vous, Monsieur, sur tout cela; je suis en colère un petit brin. Est-ce que vous ne m'aimez plus? est-ce que je ne suis plus de vos secrets la grande dépositaire? je suis toujours pourtant bien à vous.

61.

Au même.

Du 23 février 1735.

Le pauvre Boismortier, surchargé de sa respectueuse reconnoissance envers vous, Monsieur, desire que je lui aide à vous la témoigner, et je le fais de tout mon cœur, et d'autant plus volontiers que je m'intéresse réellement à la fortune de ce garçon. Il a du mérite tout plein et est très habile. Madame de Vencea en sait des nouvel

Sophie de Simiane, femme de M. de Villeneuve, marquis de

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