NOTICE SUR GRESSET. GRESSET ET ( Jean-Baptiste-Louis) naquit à Amiens en 1709, d'une famille distinguée dans la bourgeoisie. Il fit ses études chez les jésuites et entra de bonne heure comme novice dans cet ordre. Il avoit près de vingt-quatre ans, et professoit à Paris au collège de Louis-le-Grand, lorsqu'il composa le petit poëme de Ver-Vert, qui courut d'abord manuscrit, et parut sans son aveu. La publication de cet élégant et ingénieux badinage produisit une sensation extraordinaire, et fonda aussitôt la réputation de l'auteur. La grace et l'éclat du style, le talent de relever par les détails le fond le plus léger, une délicatesse de goût et un ton de bonne plaisanterie qui annonçoient plutôt les habitudes de la haute société que l'austère simplicité du collége, étonnèrent et charmèrent à-la-fois les gens de lettres et les gens du monde. Le contraste de l'habit du jeune poëte et de quelques plaisanteries de l'ouvrage en rendoit encore l'effet plus piquant; mais ce grand succès lui attira quelques désagréments. On a prétendu que ses supérieurs, blâment l'emploi de son talent sur un sujet si frivole, et le ridicule qu'il jetoit sur des religieuses, le punirent en le reléguant en province. Il paroît que cette espèce d'exil n'eut lieu qu'à la demande de la sœur d'un ministre, supérieure d'un couvent de visitandines, et mécontente de la célébrité nouvelle que Ver-Vert donnoit à son ordre. Gresset avoit composé, étant encore à Paris, la plupart de ses autres poésies légères, où se montrent le même éclat, la même facilité que dans Ver-Vert; mais aussi plus de diffusion et de négligence. La Chartreuse et l'Épître à ma Sœur respirent une douce philosophie, une sensibilité vraie, qu'il n'avoit pu développer dans son épopée comique; et ces deux piéces, selon le jugement d'habiles critiques, offrent plus de véritable poésie. Pendant son séjour en province, Gresset essaya |