ÉPITRE A M. ORRY, CONTRÔLEUR-GÉNÉRAL. NOUVEL an, compliments nouveaux, Eternelle cérémonie, Inépuisables madrigaux, Vers dont on endort son héros, Aussi, bien moins pour satisfaire Que reconnoissant et sincere A lui porter mes premiers vœux, Si par Qui vient d'enrhumer tout Paris, D'un vieil empirique pendable, Je ne me fusse encor muni Des feux d'une fievre effroyable Qui, pour passer à l'autre hord, (Car que fait-on quand on est mort?) Je rappelois ma vie entiere, Et ne reprochois rien au sort. Que ce que m'avoient fait les dieux. Libre de toute servitude, Cherchant tour-à-tour et quittant Et le monde et la solitude, Vous, qui recevez mon hommage, D'un loisir qui fut votre ouvrage Ainsi, gravée en traits de flamme, Immortelle comme mon ame, Me suivra jusqu'au sombre bord. nikom ÉPITRE SUR UN MARIAGE. SUR un rivage solitaire Où, malgré tout l'ennui du temps, A l'étroite et lourde atmosphere Des paravents de la cité; Au milieu du sombre silence De la triste uniformité, Et de toute la violence D'un hiver qui sera cité, Et qui, soit dit sans vanité, Prête à nos champs de Picardie L'austere et sauvage beauté Des montagnes de Lapponie ; Un bon hermite confiné A son grand regret, détourné Du charme d'occuper sa vie Et de l'habitude chérie D'aller voir avec volupté Ses arbres, son champ, sa prairie, Parcouroit par oisiveté Une multitude infinie D'écrits nouveaux sans nouveauté, De phrases sans nécessité, Et de rimes sans poésie; Et dans la belle quantité Des œuvres dont nous gratifie Et je ne sais quelle manie Il admiroit l'éternité Des almanachs que le génie, Glacé, privé de tout rayon Qui colore, embellit, seconde |