Telle qu'une beauté touchante
Qui plaît sous tout habillement;
Tout lui sied bien, rien ne l'efface;
Pour elle une nouvelle grace
Naît d'un nouvel ajustement.
Viens sur les Tyrcis de Mantoue Réformer ceux de ce séjour;
Rends-nous ce goût qu'Euterpe avoue :... Guidé par toi, l'enfant Amour
Ne viendra plus dans nos montagnes. Parler aux nymphes des campagnes Comme il parle aux nymphes de cour.
Affranchis l'eglogue captive, Tire-la des chaînes de l'art; Qu'elle soit tendre, mais naïve, Belle sans soin, vive sans fard; Que dans des routes naturelles Elle cueille des fleurs nouvelles, Sans les chercher trop à l'écart.
En industrieuse bergere Qu'elle dépeigne les forêts, Mais sur une toile légere,
Sans des coloris indiscrets,
Et que jamais le trop d'étude N'y contraigne aucune attitude, Ni ne charge trop les portraits.
La nature sur chaque image Doit guider les traits du pinceau; Tout doit y peindre un paysage, Des jeux, des fêtes sous l'ormeau: L'œil est choqué s'il voit reluire Les palais, l'or, et le porphyre, Où l'on ne doit voir qu'un hameau.
Il veut des grottes, des fontaines, Des pampres, des sillons dorés, Des prés fleuris, de vertes plaines, Des bois, des lointains azurés; Sur ce mélange de spectacles
Ses regards volent sans obstacles, Agréablement égarés.
Là, dans leur course fugitive, Des ruisseaux lui semblent plus beaux Que ces ondes que l'art captive Dans un dédale de canaux,
Et qu'avec faste et violence
Une sirene au ciel élance,
Et fait retomber en berceaux,
Sur cette scene tout inculte,
Mais par-là plus charmante aux yeux, On aime à voir, loin du tumulte,
Un peuple de bergers heureux;
sur l'aile de l'Idylle, Porté loin du bruit de la ville, Vient être berger avec eux.
Là, ses passions en silence Laissent parler la vérité; A la suite de l'innocence, Là, voltige la liberté ; Là, rapproché de la nature, Il voit briller la vertu pure Sous l'habit de la volupté.
Oui, la vertu vit solitaire Chez les bergers, ses favoris; Fuyant le faste et l'art austere, Elle y badine avec les ris. Farouche vertu du Portique, De ton mérite sophistique
Pourrions-nous être encore épris?
Aux vrais biens, par un doux mensonge, L'Eglogue rend ainsi les cœurs ; La raison sait que c'est un songe, Mais elle en saisit les douceurs; Elle a besoin de ces fantômes : Presque tous les plaisirs des hommes Ne sont que de douces erreurs.
FIN DE LA PREMIERE PARTIE.
Contenues dans la premiere partie.
Ode adressée à Gresset par Frédéric II, roi de
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