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INSTRUCTION

SUR LA LECTURE

DE L'ÉCRITURE SAINTE,

POUR LES RELIGIEUSES ET COMMUNAUTÉS DE filles DU DIOCÈSE DE MEAUX.

BOSSUET. V.

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SUR LA LECTURE

DE L'ÉCRITURE SAINTE.

Ce qu'on doit le plus recommander, c'est la lecture

du nouveau Testament, où il faut avoir une attention particulière aux quatre Evangiles, où sont la vie et la mort de notre Seigneur, qui fait notre exemple et notre salut, avec les propres paroles sorties de sa bouche; et ensuite aux Actes des Apôtres, où l'on voit les commencemens et la fondation de l'Eglise. Dans les Epîtres de saint Paul, on s'attachera principalement aux grandeurs de JésusChrist, et aux préceptes moraux. Les autres Epîtres canoniques sont toutes morales et pleines d'instructions, dont tous les fidèles doivent profiter. Les avertissemens moraux, et les sentimens de piété, d'adoration, d'actions de grâces envers Dieu et envers Jésus-Christ, sont admirables dans l'Apocalypse; c'est à quoi il se faut attacher, sans trop s'occuper l'esprit des mystères de ce divin livre.

Pour ce qui regarde l'ancien Testament, les livres dont tout le monde peut tirer le plus de profit, sont les Proverbes de Salomon, son Ecclésiaste, le livre de la Sagesse, et l'Ecclésiastique.

Pour profiter des Proverbes, et des autres livres de cette nature, où il y a beaucoup de sentences, il est bon de s'en mettre à chaque lecture une ou deux des plus touchantes dans l'esprit ; s'en faire

une nourriture, et la règle de ses pratiques pen

dant la journée.

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Il faut apprendre dans l'Ecclésiaste à mépriser tous les biens du monde et même à mépriser l'homme, selon ce qu'il a de corporel, où il n'est guère élevé au-dessus des bêtes; mais il se doit estimer beaucoup par le rapport qu'il a à Dieu, comme il paroît principalement au dernier chapitre.

On apprend, par la même raison, à mépriser aussi les belles qualités de l'esprit, qui ne se rap portent pas à cette fin; la science, la sagesse humaine, qui, sans la crainte de Dieu, n'est qu'erreur et qu'illusion, et ne produit à l'esprit qu'un vain travail. En un mot, ce livre est fait pour dégoûter l'homme de tout ce qui est sous le soleil; et par-là il est très-propre aux ames retirées du monde. C'est aussi pour cette raison que saint Jérôme le lisoit à sainte Blésille, pour lui en inspirer le mépris; et il en dédia la version, avec un excellent Commentaire, à sainte Paule et à sa fille sainte Eustoquie, si renommées dans toutes les Eglises pour avoir préféré Bethleem à Rome, et une humble retraite à toutes les grandeurs du monde.

Les histoires de Tobie, de Judith, d'Esther, de Job, et des Machabées, sont très-édifiantes. On peut voir, dans la personne de Judith, les avantages que produisent la chasteté et le jeûne; et dans celle d'Holoferne, les maux où l'on est plongé par l'intempérance.

Il y a des profondeurs dans de certains endroits du livre de Job, qu'il n'appartient pas à tout le monde de pénétrer; et il se faut contenter d'y observer, comme, au milieu des agitations que Dieu permet à l'esprit malin d'exciter dans cette sainte

ame, il revient toujours à Dieu et à sa bonté, où il met son espérance.

Celles qui sont plus versées dans les saintes Ecritures et dans la vraie piété, tireront beaucoup d'utilité de la Genèse, où se voit la toute-puissance de Dieu dans la création de l'univers; la chute de nos premiers parens, et la malédiction du genre humain; sa dépravation punie par le déluge; la vocation, la foi et l'obéissance d'Abraham; les promesses du Christ à venir, faites à lui et aux patriarches; la foi d'Isaac, celle de Jacob; l'histoire admirable de Joseph, et les témoignages de la providence paternelle de Dieu, et autres choses semblables. On re marquera principalement dans l'Exode, et dans le reste du Pentateuque, l'endurcissement de Pharaon; les bontés de Dieu envers son peuple, avec ses ingratitudes châtiées dans le désert, et les extrêmes rigueurs de la justice divine; les merveilles de Sinaï, lorsque la loi de Dieu y fut publiée, et les autres qui sont racontées dans ces divins livres ; avec la sagesse, l'autorité et la douceur de Moïse.

On passera plus légèrement sur les préceptes cé rémoniaux, qui ne regardoient que l'ancien peuple, et n'étoient que des figures et des ombres : et pour la même raison, on pourra se dispenser de la lecture du Lévitique; à la réserve du chapitre xxvi, capable de pénétrer des frayeurs de la justice de Dieu, les ames les plus indociles et les plus rebelles.

On remarquera, principalement dans le livre de Josué et des Juges, la prompte vengeance de Dieu, lorsque le peuple est infidèle; et le soudain retour de ses miséricordes, aussitôt qu'il revient à lui. Il faut observer, dans le livre des Rois la fidélité de Samuel, la punition des facilités et de l'excessive indulgence d'Héli, d'ailleurs très-saint pontife; la

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